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Un univers virtuel pour un monde pédagogique plus grand

Jean-Paul Moiraud, enseignant en gestion au lycée lyonnais la Martinière-Diderot, est une figure remarquée de la galaxie des enseignants innovants. Présent au forum 2011 pour présenter son projet des mondes virtuels, il est reparti avec le Grand Prix numérique, une juste reconnaissance pour un défricheur de nouveaux espaces pédagogiques.

 

Jean-Paul enseigne en filière arts appliqués modes et textiles auprès de BTS et de postulants au DSAA (Diplôme Supérieur des Arts Appliqués). Ses élèves sont destinés notamment à devenir stylistes, chefs de produit, à exercer dans le secteur de la mode, du design, des bureaux d’études. Pour eux, la gestion, pourtant essentielle dans le monde professionnel, est souvent une matière accessoire. Alors afin de les convaincre que la discipline n’est pas une matière à part, Jean-Paul convoque les mondes virtuels pour enrichir ses contenus en présentiel. Comment prouver que le marketing fait partie du métier ? En invitant des professionnels reconnus à témoigner sur leurs propres pratiques et pour faciliter leur intervention, ils sont conviés pour des conférences virtuelles. Une fois par mois, les élèves de Jean-Paul assistent ainsi à des conférences distantes et synchrones.

 

L’enseignant a choisi un monde virtuel plutôt que la visioconférence pour des raisons cognitives et techniques. En visio-conférence, il est difficile de percevoir qui participe à la réunion. Là, les participants sont dans un univers en 3D où chacun peut voir les autres ou du moins leur avatar. Le monde virtuel se construit par  la déconstruction du réél, une modalité favorable aux changements de représentations. La déconstruction a toutefois ses limites comme l’a constaté Jean-Paul puisqu’on ne peut s’empêcher d’amener dans le monde virtuel sa vie et ses habitudes. Dans le virtuel, les étudiants placent préférentiellement leur avatar en fond d’amphithéâtre, par exemple.      Pour bâtir son monde virtuel, l’enseignant préféré l’outil Assemblive aux Sim’s ou à Second Life, trop complexes par rapport à ses besoins et au contexte d’utilisation.

Des designers, des chefs d’entreprise, des responsables de bureaux d’études ont déjà participé aux conférences virtuelles, des intervenants variés et d’une grande qualité que les étudiants n’auraient pu cotôyer en aussi grand nombre dans le monde réel. Les conférences concernent aussi des aspects méthodologiques. François Jourde est le dernier invité en date. Enseignant en philosophie à Bruxelles, il a expliqué comment concevoir un diaporama pertinent et percutant. Des classes de Metz et de Bourg en Bresse ont également assisté à la présentation. Les conférences virtuelles ont aussi l’avantage d’accueillir dans le même endroit virtuel et en même temps des personnes présentes dans des lieux réels différents.

 

Pour Jean-Paul, les digital natives ne sont pas un concept abstrait. Ses élèves fréquentent les jeux vidéos et les mondes virtuels depuis leur enfance, les visiter sur leur versant sérieux ne leur pose pas de difficultés. Au contraire, des apprentissages utiles pour leur futur métier et développés de façon informelle se voient ainsi valorisés. Fortement mondialisés,  les métiers de la mode usent des modes synchrones et asynchrones entre la conception dans les pays du Nord et la production dans des pays distants. Dans les mondes virtuels, les élèves se familiarisent avec des modalités de travail synchrones et à distance.

 

Jean-Paul Moiraud a plus l’impression d’être dans la réflexion que dans l’innovation en adaptant ses méthodes et ses pratiques aux évolutions constatées dans son contexte d’enseignement : changement des métiers, changement des élèves, changement des technologies. Pour lui, un bon prof est un enseignant capable d’agencer ses cours en fonction des objectifs et des contenus. Lorsque le frontal ne se justifie plus, le recours au jeu sérieux, à la stratégie de collaboration offre une possibilité de cassure propice à de nouveaux apprentissages. Le cours classique ne disparait pas pour autant. Il s’agit plutôt d’ouvrir les possibilités pédagogiques. Cette ouverture implique aussi une évolution du métier d’enseignant et beaucoup d’interrogations sur ses nouvelles fonctions : producteur de contenus il exerce dans un temps qui s’étend à la sphère personnelle sans que ces deux éléments soient pris en compte par l’institution. Pour Jean-Paul, la notion de temps interroge. Elle est déterminante pour permettre au numérique de poursuivre sa percée à l’école. Nous sommes dit-il à une période charnière où les réalités et les dimensions du métier d’enseignant doivent être réexplorées.

 

Pour l’aider à poser ses réflexions, à concrétiser ses idées, Jean-Paul Moiraud utilise des légos, une façon de faire le point sur ses propres avancées, de nourrir ses initiatives et de partager sur son blog. Puisqu’il ne se reconnait pas dans le qualificatif d’enseignant innovant, disons que Jean-Paul est un enseignant en mouvement qui met en musique avec bonheur la réflexion et l’action et la mutualise.

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