Jouer avec les sons, mêler les images et les syllabes dans le plus savant désordre, c'est ce que propose Isabelle Courtade, professeur d'arts plastiques, à ses élèves de 5ème du collège Alfred de Vigny à Courbevoie. Sous le titre « Oulipo-oupeinpo-késaco? », elle les aide à dédramatiser les pièges et les dangers de la langue en les métamorphosant en autant de pièces d'un puzzle fantastique où tout s'invente et se construit à volonté.

A partir d'un cahier de suivi qui établit les règles et le programme de l'année, les élèves se lancent dans les exercices périlleux : tords langues (composition de termes fantaisies par combinaisons de syllabes), « papous dans la tête » qui joue sur les assonances et les répétitions, acrostiches (un élève en grande difficulté d'écriture en a composé des pages entières...). Avec ces créations linguistiques, le dessin, le collage et l'invention plastique se libèrent : animaux chimères, auto-portraits très travaillés, compositions de mots et végétaux, ribambelles de tickets de métro avec des composés de noms de stations. L'ensemble dégage une impression de jubilation et d'inventivité qui laissent imaginer le plaisir des jeunes auteurs.

Pour Isabelle Courtade, la méthode dédramatise l'écrit et le rend plus familier, mais elle permet aussi de se faire plus attentif à la construction des mots, à leur définition et à leurs distinctions. Une manière de s'approprier la riche complexité de la langue avant qu'elle ne devienne un territoire étranger.

Par Jeanne-Claire Fumet