Jessica Poillion : Donner une conscience écologique aux lycéens
Comment mêler réflexion et action dans une démarche d’éco-labellisation ? Jessica Poillion, enseignante de SVT au lycée Albert Châtelet de Saint-Pol-sur-Ternoise (62) donne à ses élèves « des clés pour prendre conscience des grands enjeux que le développement durable impose ». A travers 6 protocoles scientifiques proposés par Vigie Nature, l’enseignante « trouve des points d’ancrage dans le programme de SVT en seconde ». Entre la mise en place d’une mare, de ruches, des abris à chauves-souris, pas moins de 330 mètres de haies sont plantés au lycée. L’enseignante évoque aussi le travail des éco délégués sur le « manger durable ».
Quelle démarche avez vous mise en place dans votre établissement ?
Depuis 2015, le lycée s’inscrit dans une démarche d’éco-labellisation qui vise à donner à nos élèves la conscience écologique qu’appellent les défis du 21eme siècle. Ce projet initié par M. Boulanger, enseignant de S.V.T est conduit localement par un comité de suivi auquel participent des personnels du lycée et de nombreux partenaires extérieurs.
Ils explorent chaque année un grand thème du développement durable, avec diagnostic préalable et évaluation des actions mises en place. Après la biodiversité, l’alimentation, les déchets, l’eau, nous allons nous pencher cette année sur la thématique des solidarités. La variété des partenaires, le grand nombre de classes impliquées sont des critères décisifs pour la labellisation.
Quelles réalisations concrètes sont mises en place dans le lycée ?
Elles sont nombreuses. L’objectif est de lutter contre la fragmentation du territoire et d’instaurer des continuités écologiques entre des milieux riches en terme de biodiversité.
Nous ne formons pas nos élèves à l’écologie. Nous tentons de les éduquer à l’environnement et au développement durable. En effet, l’objectif principal est de former les élèves à devenir des citoyens responsables acteurs du développement durable au quotidien. Ils deviendront, nous l’espérons eux aussi des éducateurs. Ainsi pas de discours moralisateurs et négatifs mais des clés pour prendre conscience des grands enjeux que le développement durable impose.
En 2015, nous avons planté 330 mètres de haies. Les élèves ont réalisé et installé des mangeoires, des nichoirs pour les oiseaux, des abris à chauve-souris et des hôtels à insectes. Des prairies fleuries ont été semées et nous pouvons observer des espèces remarquables, comme l’orchidée Ophrys- abeille.
Un travail en partenariat avec la LPO a permis le retour d’une colonie d’hirondelles. En effet elles ne construisaient plus de nid faute de substrat (mélange de boue et de débris végétaux). Des nids artificiels ont été installés et les hirondelles ont de nouveau bâti des nids naturels. La colonie se porte bien et nous observons chaque année les jeunes.
Plus récemment, une mare a été creusée avec les élèves et deux ruches ont pris place près des prairies fleuries.
Pourquoi un tel chantier ?
La mare s’inscrit pleinement dans la poursuite du projet sur la biodiversité. Nous souhaitions aller plus loin dans la démarche en réalisant une mare. En effet, Les zones humides sont indispensables pour la préservation de la biodiversité et constituent des réservoirs et/ou des corridors écologiques.
Les réservoirs de biodiversité sont des espaces dans lesquels la biodiversité est la plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou une partie de leur cycle de vie.
De plus ce milieu est un formidable outil pédagogique et permet d’appréhender ce concept de « biodiversité » d’après l’observation et l’étude des espèces sur le terrain. Enfin, elle constitue également un réservoir d’eau douce pour nos abeilles qui en consomment beaucoup lors des miellées.
Comment êtes-vous impliqués dans la démarche Vigie Nature ? Pour quels effets sur les lycéens ?
Différents protocoles sont réalisés au lycée dont :
– le protocole de l’opération escargots : nous avons installés des planches en bois et nous pouvons déterminer et observer en classe de nombreuses espèces.
– le protocole du Spipoll
– le protocole Sauvages de ma rue
– le protocole Oiseaux des jardins. Nous nourrissons les oiseaux pendant la mauvaise saison grâce à la réalisation de mangeoires par les agents techniques du lycée. Les élèves peuvent ainsi observer les nombreuses espèces qui s’alimentent et rentrer les données en temps réel dans l’application smartphone Birdlab : 5 minutes d’intenses déterminations pour appréhender la notion d’espèce et la hiérarchisation autour des mangeoires.
– le protocole des placettes à vers de terre
– le protocole Vigie-Chiro
Ces différents protocoles trouvent des points d’ancrage dans le programme de SVT en classe de seconde. Ainsi, ils nous permettent d’expliquer les différentes échelles de la biodiversité lors de visite sur site avec les classes.
Qu’ont proposé vos éco-délégués sur le thème de l’alimentation ?
Les éco délégués ont travaillé sur le « manger durable » en partenariat avec le CPIE du Val d’Authie. Ils ont pu bénéficier de séances d’animations par des techniciens et de visites de producteurs locaux. Les lycéens sont les principaux convives qui fréquentent le restaurant. A ce titre, il semblait important de solliciter leur point de vue concernant le restaurant scolaire, de recueillir l’image qu’ils se font d’une alimentation durable mais également de leur permettre d’être acteurs de l’évolution de leur restaurant collectif vers une alimentation durable.
Ils ont réalisé un documentaire vidéo qui sera prochainement mis en ligne sur l’ENT du lycée et un questionnaire « diagnostic » à destination de l’ensemble des lycéens. Ainsi ils pourront cette année travailler à partir des représentations initiales de leurs camarades. La part de produits locaux au lycée atteint déjà presque les 10 %.
Le projet est reconduit cette année, nous souhaitons travailler sur l’information et la communication. L’idée d’un journal numérique accessible par flash code à différents endroits stratégiques du lycée dont la file d’attente a émergé.
Quel regard portez-vous sur les différentes labellisations suggérées aux établissements concernant le développement durable ?
Le plus important est d’impliquer les équipes pédagogiques et les personnels de l’établissement, d’œuvrer ensemble au tour d’un projet concret de fédérer l’engouement auprès de nos élèves. Certains labels proposent en parallèle des outils et des méthodes pour se lancer. Il faut savoir que la démarche de projet demande un investissement intense. En effet même si l’éducation au développement durable s’avère une nécessité, une urgence, il est parfois compliqué de trouver des financements et donc des partenaires extérieurs. Or il est indispensable de faire appel à ces partenaires qui permettent de diversifier les apprentissages à partir du concret et de s’ouvrir au monde extérieur. Ils permettent aussi à nos élèves d’édifier des passerelles avec le monde professionnel, d’enrichir leurs connaissances sur le fonctionnement des différents acteurs d’un territoire par exemple.
Beaucoup d’efforts depuis une vingtaine d’année ont été réalisés dans l’accompagnement des projets. L’obtention d’un label participe ainsi au rayonnement d’un établissement et nous permet de communiquer plus facilement sur les différents projets. C’est également une forme de reconnaissance pour le travail accompli.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café
Des lycéens éco-responsable au lycée Blaise Pascal d’Orsay (91)
Ryem Boudjemaï : Un rucher sur le toit du lycée
Léonard Ponteri : Un poulailler pédagogique au collège
Sylvie Turcan : Des abeilles pour fédérer les sciences au lycée
Quand les lycéens étudient un « coin nature »
Jessica Poillion : Donner une conscience écologique aux lycéens
Comment mêler réflexion et action dans une démarche d’éco-labellisation ? Jessica Poillion, enseignante de SVT au lycée Albert Châtelet de Saint-Pol-sur-Ternoise (62) donne à ses élèves « des clés pour prendre conscience des grands enjeux que le développement durable impose ». A travers 6 protocoles scientifiques proposés par Vigie Nature, l’enseignante « trouve des points d’ancrage dans le programme de SVT en seconde ». Entre la mise en place d’une mare, de ruches, des abris à chauves-souris, pas moins de 330 mètres de haies sont plantés au lycée. L’enseignante évoque aussi le travail des éco délégués sur le « manger durable ».
Quelle démarche avez vous mise en place dans votre établissement ?
Depuis 2015, le lycée s’inscrit dans une démarche d’éco-labellisation qui vise à donner à nos élèves la conscience écologique qu’appellent les défis du 21eme siècle. Ce projet initié par M. Boulanger, enseignant de S.V.T est conduit localement par un comité de suivi auquel participent des personnels du lycée et de nombreux partenaires extérieurs.
Ils explorent chaque année un grand thème du développement durable, avec diagnostic préalable et évaluation des actions mises en place. Après la biodiversité, l’alimentation, les déchets, l’eau, nous allons nous pencher cette année sur la thématique des solidarités. La variété des partenaires, le grand nombre de classes impliquées sont des critères décisifs pour la labellisation.
Quelles réalisations concrètes sont mises en place dans le lycée ?
Elles sont nombreuses. L’objectif est de lutter contre la fragmentation du territoire et d’instaurer des continuités écologiques entre des milieux riches en terme de biodiversité.
Nous ne formons pas nos élèves à l’écologie. Nous tentons de les éduquer à l’environnement et au développement durable. En effet, l’objectif principal est de former les élèves à devenir des citoyens responsables acteurs du développement durable au quotidien. Ils deviendront, nous l’espérons eux aussi des éducateurs. Ainsi pas de discours moralisateurs et négatifs mais des clés pour prendre conscience des grands enjeux que le développement durable impose.
En 2015, nous avons planté 330 mètres de haies. Les élèves ont réalisé et installé des mangeoires, des nichoirs pour les oiseaux, des abris à chauve-souris et des hôtels à insectes. Des prairies fleuries ont été semées et nous pouvons observer des espèces remarquables, comme l’orchidée Ophrys- abeille.
Un travail en partenariat avec la LPO a permis le retour d’une colonie d’hirondelles. En effet elles ne construisaient plus de nid faute de substrat (mélange de boue et de débris végétaux). Des nids artificiels ont été installés et les hirondelles ont de nouveau bâti des nids naturels. La colonie se porte bien et nous observons chaque année les jeunes.
Plus récemment, une mare a été creusée avec les élèves et deux ruches ont pris place près des prairies fleuries.
Pourquoi un tel chantier ?
La mare s’inscrit pleinement dans la poursuite du projet sur la biodiversité. Nous souhaitions aller plus loin dans la démarche en réalisant une mare. En effet, Les zones humides sont indispensables pour la préservation de la biodiversité et constituent des réservoirs et/ou des corridors écologiques.
Les réservoirs de biodiversité sont des espaces dans lesquels la biodiversité est la plus riche ou la mieux représentée, où les espèces peuvent effectuer tout ou une partie de leur cycle de vie.
De plus ce milieu est un formidable outil pédagogique et permet d’appréhender ce concept de « biodiversité » d’après l’observation et l’étude des espèces sur le terrain. Enfin, elle constitue également un réservoir d’eau douce pour nos abeilles qui en consomment beaucoup lors des miellées.
Comment êtes-vous impliqués dans la démarche Vigie Nature ? Pour quels effets sur les lycéens ?
Différents protocoles sont réalisés au lycée dont :
– le protocole de l’opération escargots : nous avons installés des planches en bois et nous pouvons déterminer et observer en classe de nombreuses espèces.
– le protocole du Spipoll
– le protocole Sauvages de ma rue
– le protocole Oiseaux des jardins. Nous nourrissons les oiseaux pendant la mauvaise saison grâce à la réalisation de mangeoires par les agents techniques du lycée. Les élèves peuvent ainsi observer les nombreuses espèces qui s’alimentent et rentrer les données en temps réel dans l’application smartphone Birdlab : 5 minutes d’intenses déterminations pour appréhender la notion d’espèce et la hiérarchisation autour des mangeoires.
– le protocole des placettes à vers de terre
– le protocole Vigie-Chiro
Ces différents protocoles trouvent des points d’ancrage dans le programme de SVT en classe de seconde. Ainsi, ils nous permettent d’expliquer les différentes échelles de la biodiversité lors de visite sur site avec les classes.
Qu’ont proposé vos éco-délégués sur le thème de l’alimentation ?
Les éco délégués ont travaillé sur le « manger durable » en partenariat avec le CPIE du Val d’Authie. Ils ont pu bénéficier de séances d’animations par des techniciens et de visites de producteurs locaux. Les lycéens sont les principaux convives qui fréquentent le restaurant. A ce titre, il semblait important de solliciter leur point de vue concernant le restaurant scolaire, de recueillir l’image qu’ils se font d’une alimentation durable mais également de leur permettre d’être acteurs de l’évolution de leur restaurant collectif vers une alimentation durable.
Ils ont réalisé un documentaire vidéo qui sera prochainement mis en ligne sur l’ENT du lycée et un questionnaire « diagnostic » à destination de l’ensemble des lycéens. Ainsi ils pourront cette année travailler à partir des représentations initiales de leurs camarades. La part de produits locaux au lycée atteint déjà presque les 10 %.
Le projet est reconduit cette année, nous souhaitons travailler sur l’information et la communication. L’idée d’un journal numérique accessible par flash code à différents endroits stratégiques du lycée dont la file d’attente a émergé.
Quel regard portez-vous sur les différentes labellisations suggérées aux établissements concernant le développement durable ?
Le plus important est d’impliquer les équipes pédagogiques et les personnels de l’établissement, d’œuvrer ensemble au tour d’un projet concret de fédérer l’engouement auprès de nos élèves. Certains labels proposent en parallèle des outils et des méthodes pour se lancer. Il faut savoir que la démarche de projet demande un investissement intense. En effet même si l’éducation au développement durable s’avère une nécessité, une urgence, il est parfois compliqué de trouver des financements et donc des partenaires extérieurs. Or il est indispensable de faire appel à ces partenaires qui permettent de diversifier les apprentissages à partir du concret et de s’ouvrir au monde extérieur. Ils permettent aussi à nos élèves d’édifier des passerelles avec le monde professionnel, d’enrichir leurs connaissances sur le fonctionnement des différents acteurs d’un territoire par exemple.
Beaucoup d’efforts depuis une vingtaine d’année ont été réalisés dans l’accompagnement des projets. L’obtention d’un label participe ainsi au rayonnement d’un établissement et nous permet de communiquer plus facilement sur les différents projets. C’est également une forme de reconnaissance pour le travail accompli.
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café
Des lycéens éco-responsable au lycée Blaise Pascal d’Orsay (91)
Ryem Boudjemaï : Un rucher sur le toit du lycée
Léonard Ponteri : Un poulailler pédagogique au collège
Sylvie Turcan : Des abeilles pour fédérer les sciences au lycée
Quand les lycéens étudient un « coin nature »