Témoignage de Stéphane Busuttil
Que sont les cartes heuristiques ?
Les cartes heuristiques, ou cartes mentales sont un outil précieux pour la prise de notes et la structuration des idées. Elle servent à représenter un ensemble d’éléments en les hiérarchisant. Ce sont des supports visuels beaucoup plus faciles à interpréter que des listes, des plans ou de la prose.
Comment les élèves peuvent-ils s’en servir ?
Pour les élèves, lorsqu’on les y a entraînés, elles représentent une manière facile et intuitive de prendre des notes rapidement (sur du vocabulaire ou sur le contenu sémantique d’un document), et peuvent également servir de base pour structurer et préparer une prise de parole sans passer par la rédaction.
Concrètement, pouvez-vous donner des exemples?
Une carte heuristique peut facilement représenter un champ lexical. Ces cartes peuvent aussi permettre aux élèves de représenter les différentes idées d’un document, et surtout, de matérialiser les liens existants entre ces idées.
Comment les utilisez-vous pour faire mémoriser le vocabulaire ?
On peut préparer et distribuer des cartes aux élèves, il me semble néanmoins que s’ils les construisent eux-mêmes avec leurs petites mains, leur logique et leurs crayons de couleur, ils s’approprieront mieux le contenu.
J’ai pour habitude de faire au tableau les premiers niveaux des cartes que je leur demande de faire, puis de les laisser compléter au fur et à mesure à partir de ce qui est dit. La consigne pour eux est de corriger et de compléter ensuite ces cartes, chez eux, avec un dictionnaire.
Un bon moment pour dessiner un champ lexical, c’est par exemple juste avant un travail sur un thème qui va beaucoup utiliser ce champ. J’aime beaucoup utiliser une série d’images qu’on décrit et commente ensemble pour balayer le champ lexical à partir de situations explicites.
Ainsi on réactive ce qu’ils connaissent déjà, et une carte construite collectivement permet de mettre en commun les connaissances de tous. C’est l’occasion de donner du vocabulaire supplémentaire, de faire également des bulles vides qui correspondent à une donnée identifiée comme nécessaire mais pour l’instant inconnue. La carte ainsi commencée sera complétée au fur et à mesure de la séquence en fonction des nouveaux mots rencontrés. Un autre des gros avantages par rapport aux listes ou aux tableaux, c’est qu’on peut facilement rajouter des éléments qu’on avait pas prévus au début sans sacrifier de lisibilité et sans devoir tout refaire.
Et pour la compréhension d’un document?
La prise de notes pendant les activités de compréhension, et notamment de compréhension orale, est un sujet épineux.
L’utilisation de cartes heuristiques peut permettre aux élèves de représenter les différentes idées d’un document, et surtout, de matérialiser les liens existants entre ces idées.
C’est donc un outil qui peut aider à dépasser le stade d’une compréhension complètement morcelée d’un document pour se rapprocher de son sens global en reconstruisant visuellement les liens logiques entre les éléments repérés.
Peuvent-elles aussi servir pour une prise de parole en continu ?
Oui, pour une prise de parole, la carte permet de bien structurer les idées, mais sans passer par la rédaction. Elle peut donc fournir une aide à l’élève pour produire une expression organisée tout en évitant l’écueil horripilant, soporifique et anti-spontanné du texte lu, et en lui proposant une alternative, plus intuitive, au plan en trois parties grands uns et petits bés.
Est-ce que vous l’utilisez aussi en entrainement ?
En effet, la restitution du contenu d’un document à partir de la carte construite pendant une activité de compréhension est un très bon entraînement.
En règle générale, chaque fois qu’une carte est utilisée (construite collectivement au tableau, ou pré-fabriquée et proposée aux élèves), il est important de prendre le temps de la lire avec eux, de formuler les liens entre les éléments tout en parcourant les branches, leur faire répéter les différents chemins pour les guider dans l’acquisition des outils langagiers nécessaires à exprimer les liens logiques.
Lorsque les automatismes de lecture sont un peu acquis (et en même temps, la maîtrise des outils langagiers nécessaires pour verbaliser les liens logiques entre les éléments), on peut demander aux élèves de créer eux mêmes des cartes, minimalistes au début, plus complexes ensuite, comme support d’une prise de parole en continu ou même d’un dialogue. Les cartes ainsi produites auront souvent une structure plus linéaire (chronologique), mais on y retrouvera la même logique d’interdépendance et de hiérarchisation.