Par François Jarraud
Nouveaux programmes, nouvelle organisation des enseignements, nouveau prof, nouveau bac, nouvelle pédagogie : la rapport Apparu propose une refonte d’ensemble du système éducatif. Travail de la mission d’information parlementaire sur la réforme du lycée, dont le rapporteur est Benoist Apparu, le rapport n’a pas été adopté par les députés socialistes de la mission.
Un nouveau système. Estimant le découpage actuel « dépassé », inquiet du taux d’échec et de redoublement, B Apparu propose un nouveau découpage de l’Ecole avec une grande école fondamentale regroupant l’école et le collège sur le socle commun, suivie par 100% des jeunes, un cycle lycée – licence et enfin un cycle supérieur long (master doctorat). Du coup le lycée est perçu comme le début du supérieur et devrait permettre d’atteindre les objectifs euroépens : 50% des jeunes diplômés du supérieur.
Une seconde de détermination. B Apparu souhaite faire passer la seconde du « tri sélectif » à une véritable année de détermination. Pour cela, les enseignements y sont divisés en trois parties : un tronc commun (francais, maths, histoire-géo, sciences expérimentales, langues et eps, pour 21h , soit 70% du temps. S’ajouteraient 2 modules de spécialisation et 2 modules de découverte : sciences économiques et sociales et disciplines technologiques (gestion etc.), le tout représentant 20% du temps d’enseignement soit 6 heures. « La seconde doit permettre de sortir des cours magistraux » et donc elle comprendrait 10% du temps, soit 3heures en accompagnement. Le temps de présence au lycée comprendrait aussi 5 heures de travail personnel au lycée.
Suivie d’un cycle terminal de spécialisation. La première et la terminale seraient graduellement spécialisées. Le rapport prévoit une première générale et une première technologique dans lesquelles des enseignements d’approfondissement représenteraient 40% du temps scolaire. En terminale ils pèseraient 50%. « La formule de spécialisation progressive permettrait des réorientations à mi-chemin de première ou en fin de première.
La réforme du bac, mise en œuvre dès 2012, verrait le nombre d’épreuves diminuer : français, histoire-géo, philosophie, et deux épreuves de spécialisation seulement auxquelles s’ajouterait une épreuve sur projet personnalisé défendue devant un jury. Tous les autres enseignements seraient évalués en cours de formation.
Une autre pédagogie. Le rapport prévoit de consacrer 10% du temps scolaire à l’accompagnement des élèves. « Ces enseignements d’accompagnement doivent se présenter sous la forme d’un menu, offrant à chaque élève un droit de tirage sur différents modes de prise en charge pédagogique, en particulier : des enseignements de méthodologie ou des modules de préparation à l’enseignement supérieur ; une aide individualisée (aide aux devoirs, à la rédaction, au raisonnement, un exercice ou un devoir étant repris et décortiqué) ; des activités pluridisciplinaires ; une aide à l’orientation ; des travaux de recherche encadrés, notamment au centre de documentation et d’information ». Le rapport demande aussi aux enseignants de changer detype d’évaluation. Il prévoit aussi que chaque lycéen disposera d’un professeur référent.
Un autre lycéen. Le lycéen verra son temps scolaire ne pas dépasser 35 heures hebdomadaires soit en seconde 21 h de cours de trinc commun, 6 h de spécialisation et 3 h d’accompagnement. Pourront s’y ajouter 5 heures d’études. L’accompagnement devrait donner de la souplesse au corps. Un autre élément de souplesse sont les sas d’orientation l’été qui permettront de changer de filière ou d’éviter le redoublement.
La réforme de l’orientation. B Apparu souhaite ramener les copsys dans les établissements scolaires. Il envisage d’informer davantage les familles et le sélèves sur les possibilités d’orientation.
Un nouveau prof. Le rapport prévoit que l’accompagnement soit inclus dans le temps de service et les missions des enseignants qui feraient moins de cours.
Sur bien des points (modules, spécialisation tardive, accompagnement etc.), le rapport renoue avec les propositions Gaudemar. Sans supprimer les filières, il cherche à ajouter de la mobilité dans le lycée.
Le dossier de presse
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsjoints/[…]
Lycée : réforme impossible ?
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/99_Lycee_sommaire.aspx
Apparu : bien sous tout rapport ?
Le rapport Apparu est-il audible ? On ferait plutôt le pari contraire tant il est recouvert, dès sa publication, de condamnations. Si proposer une réforme ,n’a jamais été facile dans l’éducation, c’est particulièrement difficile dans le climat actuel qui n’est pas particulièrement riche de confiance…
Et certaines critiques portées sur le rapport Apparu sont recevables. Il est vrai qu’il sauve les filières. Il est exact qu’il véhicule une conception très conservatrice de l’orientation. Il est non moins exact qu’il faut l’impasse sur les TIC comme si ce n’etait pas un élément )à prendre en compte pour imaginer le lycée de demain.
Malgré tout le rapport nous semble une base de débats particulièrement riche. On pourra souligner l’importance accordée à un travail final du style TPE. Ou encore le souci bien réel des inégalités sociales dans l’organisation du lycée. Ou encore la réelle modernisation du métier d’enseignant avec la prise en compte de l’accompagnement des étudiants. La lutte contre le redoublement. La volonté d’évaluer autrement…
La meilleure offre ? Avec ses maladresses, le rapport Apparu permet de lancer dès maintenant le nécessaire débat sur la réforme du lycée en bénéficiant d’un texte qui pose de façon très perspicace certaines questions. Peut-on louper cette opportunité et refuser l’opportunité de construire le lycée du XXIme siècle
Apparu : Un rapport accueilli avec scepticisme
Avant même la publication du rapport, plusieurs syndicats, dont le Snes et le Snalc, avaient pris position contre les expérimentations et la réforme. D’autres syndicats, plus favorables à une réforme, se sont regroupés en un groupe de réflexion. Ils accueillent avec réserve le projet Apparu.
Pour le Sgen-Cfdt, « Benoist Apparu reprend un certain nombre de propositions que le Sgen-CFDT partage avec le groupe « De l’ambition pour la réforme des lycées » : la classe de seconde qui doit être une année de détermination et non pas de tri, l’organisation des enseignements en trois pôles (tronc commun, exploration/approfondissement, accompagnement), l’inscription de l’accompagnement dans l’horaire élève et dans le service des enseignants, le professeur référent, la réduction de l’horaire de cours et la prise en compte sur le temps du lycée du travail individuel des élèves, la nécessité de supprimer les redoublements et d’offrir aux élèves la possibilité de revenir sur leurs choix, le recours à des formes variées d’évaluation et la réforme du baccalauréat ». Mais le syndicat juge que « ces propositions sont contredites par le maintien d’un système de voies et séries inévitablement hiérarchisées… Une certaine frilosité empêche de prendre en compte la semestrialisation et conduit à proposer la remédiation en dehors du temps scolaire (stages d’été) comme seule alternative au redoublement… Se dessine un projet de réforme manquant de cohérence, d’autant plus qu’au-delà des propositions de modifications de structures, il manque l’affirmation des objectifs éducatifs et pédagogiques propres au lycée ». Le Se-Unsa retrouve dans le rapport nombre de ses propositions mais le syndicat s’interroge sur les moyens. » A quelques jours de la publication des « recommandations » de Richard Descoings, le SE-UNSA s’interroge : qui s’en saisira, et avec quels moyens ? »
Premiers intéressés, les lycéens de l’UNL dénoncent « de nombreuses propositions potentiellement porteuses d’inégalités territoriales et sociales telles que la modularité des enseignements ou le contrôle continu au Bac… Aussi, l’UNL dénonce l’absence de propositions sur la vie et la démocratie lycéenne, ainsi que sur l’accès à la culture et le statut du lycéen. Cette absence est révélatrice d’un projet éducatif qui n’accorde pas au lycéen sa place d’acteur de l’école et de la société ».
Le Snes manifeste son hostilité au rapport. « Les 30 propositions sur le lycée de la mission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale…. Concentrent tout ce que les personnels combattent » annonce un communiqué du Snes. Le syndicat cite en exemple « le transfert de l’orientation… aux régions, la réduction du nombre d’épreuves terminales au baccaluaréat.., une redéfinition du métier d’enseignant ». A la veille de la publication du rapport Apparu, le Snes avait signé avec le Snalc et d’autres organisations un communiqué hostile à a réforme du lycée.
Pour le principal syndicat de chefs d’établissement, le Snpden, le rapport Apparu sur le lycée développe « des pistes intéressantes qui recroisent de nombreuses attentes du Snpden ». Le syndicat cite une seconde de détermination, la cohérence cycle terminal – enseignement supérieur, le triptyque enseignement général – approfondissement / exploration et accompagnement, l’affirmation de la voie technologique, l’allègement du bac.
Le Snpden est plus réservé sur d’autres propositions comme « le passage suspensif », les formules retenues pour l’évaluation des établissements.
Communiqué se-Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1684
Communiqué UNL
http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=407
Communiqué Snes