Comment mobiliser ses connaissances en SVT pour créer une histoire ? Valérie Rambaud, enseignante de SVT au lycée Claude de France de Romorantin (41) propose à ses lycéens de concevoir un magazine intégrant des histoires. Cette année, l’enseignante fait utiliser différentes IA. Elle en profite pour en montrer les biais et le coût écologique. Valérie Rambaud présentera son projet au Forum du Café pédagogique les 22 et 23 mars prochains à Paris.
Ce projet consiste à raconter une histoire en SVT et utiliser les notions du cours de SVT sur le fonctionnement des cellules sous la forme d’une histoire en utilisant l’IA. L’idée est « d’obliger » les élèves à réviser les notions de SVT essentielles de l’année de seconde en s’en servant pour raconter une histoire; d’amener un coté ludique à la révision tout en travaillant les qualités de rédaction ; de leur faire comprendre que même en sciences (ou surtout en sciences) savoir rédiger correctement est une compétence indispensable.
J’ai sélectionné deux IA sans inscription (Yihao et Duck.ai) afin que les élèves n’aient pas à créer de compte personnel.
Il y a eu 3 temps de travail (le 4° est à venir).
1° temps : les élèves choisissent leur personnage principal (une cellule ou une molécule), son nom, le style littéraire à utiliser et une trame rapide de l’histoire.
2° temps : les élèves choisissent les personnages annexes, les lieux et les notions de SVT nécessaires.
3° temps : les élèves demandent à une des IA de créer une histoire avec les indications précédentes (possibilité de comparer les réponses des deux IA).
Le 4° temps de travail sera un retour sur leur expérience avec l’IA (temps déjà commencé avec un sondage qui se poursuivra avec la publication du magazine de la classe).
Je fais cet exercice de raconter une histoire en SVT depuis près de 10 ans, et l’année dernière j’ai commencé à avoir des élèves qui avaient manifestement utilisé une IA pour faire le travail. Plutôt que d’essayer de lutter contre l’utilisation d’une IA par les élèves, je préfère l’accompagner afin de mettre en évidence avec eux les biais de l’IA ainsi que le coût écologique. L’idée est de leur montrer que la majorité du travail d’invention a été réalisée par leur cerveau et que l’IA n’a fait que développer leurs idées. Toutefois vu les réponses au sondage que j’ai fait avec eux, beaucoup d’entre eux pensent que l’IA est réellement intelligente au sens d’inventer « quelque chose » par elle même …
Depuis déjà plusieurs années j’avais arrêté de donner des exercices à faire à la maison notés (après qu’un élève m’ait recopié une correction d’un sujet de bac que j’avais moi-même rédigé et publié sur un site d’aide aux élèves …) donc l’arrivée de l’IA n’a pas changé radicalement mes pratiques, par contre je suis de plus en plus vigilante en classe lors des devoirs, car les élèves ont très vite fait de faire une recherche afin d’avoir un plan tout prêt.
Bien que justement sur des sujets de type bac, les différents essais que j’ai pu faire ne se soienr pas avérés très concluants à chaque fois. Avec des plans très bien faits par moments et à d’autres moments des parties totalement hors sujet. Dans ce cas je le montre à mes élèves de terminale afin qu’ils corrigent le plan fourni par l’IA.
Les lycéens travaillent sur des demandes complexes. Ceci les oblige à devoir compiler des données issues de plusieurs sources à la fois sur les notions de SVT mais aussi sur le style littéraire tout en respectant les consignes données par les élèves.
Ma principale motivation est de rencontrer des collègues, discuter de différentes pratiques pédagogiques. Au bout de 30 ans de carrière j’ai encore des choses à apprendre et à expérimenter !
Propos recueillis par Julien Cabioch
Dans le Café
Valérie Rambaud : un projet pour améliorer le climat scolaire
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