« Pour permettre à cette concertation d’aboutir dans les meilleurs délais, la ministre d’État a décidé un moratoire sur les suppressions de décharge d’enseignement prévues à la rentrée 2025 » déclare le ministère mardi 18 mars 2025. La Cour des comptes avait recommandé de de ne plus prendre en charge les coûts de ce dispositif. Fin février, la ministre de l’Éducation nationale Elisabeth Borne annonçait une concertation avec l’académie de Paris et le rectorat de Paris sur le régime dérogatoire parisien des décharges des directions d’école. La décision de sa suppression fait l’objet d’un moratoire désormais. C’est un immense soulagement dans les écoles parisiennes.
Un moratoire bien accueilli dans un contexte de suppressions massives de moyens à Paris
L’association des directeurs d’école de Paris (ADEP) se réjouit de la décision du ministère. « Ce moratoire est avant tout le résultat d’une mobilisation large et déterminée » juge l’ADEP 75. L’association rappelle le contexte parisien, avec « un maillage dense favorisant les petites écoles, une forte concurrence avec le privé, une diversité unique du public » mais aussi « les missions essentielles, le pilotage pédagogique, la relation avec les familles et les partenaires », « dans l’intérêt des élèves ».
« Ça laisse du temps pour s’organiser. Maintenant, il faut que notre avis soit pris en compte. Aucun directeur n’est entendu par le ministère, on ne peut pas réfléchir à une convention, sans représentant de la profession » nous dit une directrice. Les résultats des concertations seront connus fin avril. Beaucoup de directions d’école étaient entrées en « période de rébellion », selon l’une d’elle. De nombreuses directions d’école ont exprimé leur vive inquiétude et une fatigue face à un système de casse de l’école publique à Paris. Depuis 40 ans, les directions d’école ont un régime dérogatoire de décharge dans la capitale. Paris est une des académies les plus touchées par les suppressions de postes dans le public.
« On se sent très seuls »
A ce sujet, une directrice évoque « les injustices au niveau des fermetures ». Sur la question des décharges, elle s’agace, comme tous ses collègues : « Aujourd’hui, on nous dit qu’on peut retourner en classe comme si depuis plus de 40 ans les directeurs ne faisaient rien dans leur bureau ! » ajoute cette directrice référente de l’ADE75, une association qui rassemble près des 2/3 de la profession. Cette directrice d’école poursuit « on a l’impression depuis le mois de janvier que l’on ne nous donne pas la parole ». « On se sent très seuls » lâche-t-elle, « on a aussi envie finalement de se rebeller ». Elle parle de ses collègues inquiets et « d’un mal être dans la profession avec l’impression d’être dépréciés par notre hiérarchie ». Une impression qui ne fait pas exception dans l’Éducation nationale.
D’autres sujets de tension dans l’académie, la mobilisation continue
La FCPE Paris souligne dans un communiqué de presse mardi 18 mars saluant la mise en place du moratoire que la mobilisation doit continuer pour obtenir l’annulation des suppressions de postes et des fermetures de classe. Elle rappelle également que les moyens pour les dispositifs UPE2A et ULIS doivent être maintenus et renforcés, et non supprimés. Elle dénonce la baisse continue des DHG qui « met en péril l’encadrement pédagogique, augmente les effectifs par classe et réduit l’offre de formations et d’options dans les collèges et lycées« .
Les suppressions de moyens dans l’école publique fragilisent le service public d’éducation au profit du privé dans une académie fortement ségréguée où la concurrence du privé est très forte.
Djéhanne Gani
Dans le Café pédagogique
Fin de la décharge de direction d’école à Paris
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