« Il aura donc fallu 6 ministres de l’Éducation Nationale pour que ce programme soit enfin présenté au CSE. Six ministres, des mois d’attentes et plusieurs versions d’un texte qui se trouve de fait appauvri. Et ce sont les propos réactionnaires et les attaques de groupuscules et de ministres qui auront mis à mal le consensus obtenu tout au long des concertations. Madame la Ministre, il est urgent de mettre en place de programme d’EVARS et de ne pas céder aux sirènes de cette opposition » a déclaré la FSU au CSE. Le Conseil Supérieur de l’Education s’est réuni mercredi 29 janvier et a commencé à examiner le projet de programme pour l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, de la maternelle au lycée. Tous les syndicats enseignants, le soutiennent, comme la FCPE, des associations de parents, des associations engagées sur la santé sexuelle, de nombreux élus. Elisabeth Borne a qualifié le programme d’ « indispensable ». Après de nombreuses polémiques, reports et annulations, dus au contexte politique, le programme devrait être mis en application dès la rentrée 2025. Quels changements a apportés la ministre Borne au texte ?
Des polémiques et des pressions
Le CSE est une instance consultative, le programme paraîtra au JO avant son application. Ce programme est pris dans un tourbillon médiatique et idéologique. Toutefois, la contestation n’est pas majoritaire et représentative de la société. D’après le dernier rapport du Haut Conseil à l’Egalite entre les femmes et les hommes, 9 Français sur 10 sont favorables à ce que cet enseignement trouve sa place à l’école, et 47 % des Français y sont très favorables. Pour autant, face à des critiques de la droite conservatrice et des réactionnaires, le ministère pourrait céder, comme le montrent des inflexions apportées dans la dernière version du texte.
Un programme adapté selon les âges : la version 2025 en deux parties
Pour la ministre Borne, ce programme est jugé « indispensable ». La ministre rappelle les objectifs qui visent à promouvoir « les valeurs de respect de l’autre » et « l’égalité entre les femmes et les hommes ». Elle justifie : « Les enquêtes montrent que le sexisme augmente, qu’un enfant fait l’objet d’une agression sexuelle toutes les trois minutes, et deux millions de mineurs sont exposés à des contenus pornographiques [chaque mois]. » Une version avait été présentée en novembre 2024, le gouvernement Barnier avait demandé des modifications. Alors, quels changements dans le texte présenté au CSE ?
Dans le premier degré : l’éducation à la vie affective et relationnelle
En maternelle et en élémentaire, « les questions liées à la sexualité ne sont pas abordées », explique le ministère dans sa feuille de route. Il s’agit pour les élèves du 1er degré d’apprendre à « connaître [leur] corps », à « vivre ensemble grâce au respect et à l’empathie » ou encore à « prévenir les violences sexistes et sexuelles ». la notion de consentement est présente avec des questions comme « Est-ce que je peux m’asseoir à côté de toi ? », « Est-ce que je peux te prendre la main ? » ou « Est-ce que je peux te prendre dans mes bras pour te consoler ? »
Dans le second degré, l’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité
Au collège, les élèves seront sensibilisés « aux dangers d’Internet, notamment l’exposition à des contenus inappropriés » et apprendront à « comprendre le consentement, le demander et l’exprimer, accepter et respecter un refus, par l’analyse de situations fictives », tandis qu’au lycée, ils travailleront sur les stéréotypes ou les questions d’égalité femmes-hommes et discussions sur l’orientation sexuelle. La prévention des IST, la contraception, la reproduction, les discriminations, les violences sexistes et sexuelles et le harcèlement seront des points traités dans le Second degré.
Une version allégée pour les syndicats
La version présentée par la ministre Borne précise que « l’éducation à la sexualité sera mise en œuvre sans se substituer au rôle des parents et des familles des élèves ». Cet ajout répond notamment aux réserves de l’enseignement catholique, du Syndicat de la famille (ex-manif pour tous). Les syndicats auraient déposé 150 amendements contre les édulcorations du ministère. Pour eux, le programme est une avancée pour protéger les enfants mais ils regrettent quelques reformulations jugées trop édulcorées. Une autre concession est que les familles devraient être informées des dates et des contenus des séances obligatoires. Ce point suscite la crainte d’absences d’élèves lors des trois séances annuelles obligatoires depuis 2001.
Le CSE se poursuit jeudi 30 janvier. A suivre.
Djéhanne Gani
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