Dans cette tribune pour le Café pédagogique, à la veille de la semaine de la Démocratie Lycéenne, l’ancien élu lycéen Nolan Dias-Tomaszower évoque le rôle essentiel de la démocratie, à l’École et dans le pays. Il rappelle l’opposition de la jeunesse à la politique menée par les gouvernements du président Macron. Il plaide pour que la voix des jeunes soit entendue et pour le « besoin d’élus lycéens de combat ». Il écrit : « Nous sommes les premiers affectés par ces changements au sein de l’Éducation Nationale, que ce soit au travers le choc des savoirs, la réforme de la voie professionnelle».
Souvent oubliée, la démocratie scolaire a pourtant un rôle essentiel dans la représentation des lycéens et dans la diffusion de leurs revendications. Comme chaque année, les directives du Ministre ont été publiées : du 7 au 12 octobre sera organisée la semaine de la Démocratie Lycéenne qui sera aussi le moment de l’élection des élus lycéens au sein des Conseils de la Vie Lycéenne. Ces élections auraient pu être similaires à celles des autres années. Comme chaque année elles auraient pu passer inaperçues. Mais il est inconcevable que ce soit à nouveau le cas cette année.
Depuis un an, l’Education Nationale souffre particulièrement. Les Ministres se succèdent, chacun apportant son lot de réformes, de stress et de tensions. Les promulgations de textes se poursuivent sans réelle étude de l’impact qu’ils pourraient avoir. Les discours de rentrée se suivent assurant que tout va bien et que la situation est sous contrôle. La réalité est bien loin de ces affirmations. Dans les classes, les moyens continuent à diminuer et les réformes sont toujours aussi incomprises. Croire une seule seconde que les élèves ne se rendent pas compte de ces problématiques serait une terrible erreur. Nous sommes les premiers affectés par ces changements au sein de l’Éducation Nationale, que ce soit à travers le choc des savoirs, la réforme de la voie professionnelle ou encore en voyant les hésitations concernant le baccalauréat. Nous sommes les premiers à manifester notre incompréhension, souvent sans avoir l’écoute qui serait nécessaire à la compréhension de nos revendications. Nous sommes les premiers à souhaiter que cela change.
Le 5 septembre, le Président de la République a décidé de nommer Michel Barnier au poste de Premier Ministre. On sait les positions du nouveau locataire de Matignon sur l’éducation : plus de liberté pour les chefs d’établissement, fin du collège unique, apprentissage dès 14 ans, comparaison avec l’École de la IIIème République… Les volontés de M. Barnier pour l’Ecole ne sont pas compatibles avec la vision émancipatrice et progressiste que porte une grande majorité des lycéens. Deux semaines plus tard, pour mettre en application ce programme, le nouveau Premier Ministre a nommé Anne Genetet au poste de Ministre de l’Education Nationale. La première décision de celle-ci, inconnue du monde de l’éducation il y a quelques jours, a été de recevoir un tik tokeur plutôt que des représentants de la communauté éducative ; un message assez singulier. La vision de certains observateurs du monde politique se confirme : les choix qui concernent l’Ecole ne sont plus tranchés rue de Grenelle mais bien à Matignon et à l’Élysée.
C’est dans ce contexte d’inquiétude et de flou que se dérouleront dans quelques semaines les élections lycéennes. Les lycéens qui s’intéressent ne serait-ce qu’un minimum au contexte politique le savent : ils ne peuvent rester sans rien faire. Les élections des élus lycéens dans les CVL apparaissent alors comme un moyen d’action concret. Moyen d’action d’abord car elles peuvent permettre d’affirmer sur le terrain, dans les établissements scolaires, l’opposition de la jeunesse aux potentielles réformes souhaitées par le Gouvernement Barnier. Moyen d’action aussi car elles revêtent cette année un caractère stratégique particulier. En effet, en cette année scolaire 2024-2025, comme tous les deux ans, les élus au sein des Conseils Académiques de la Vie Lycéenne, du Conseil National de la Vie Lycéenne et les élus lycéens au sein du Conseil Supérieur de l’Éducation sont renouvelés. L’enjeu de ces élections est alors essentiel pour les lycéens car ces institutions sont le seul lieu où ils peuvent s’exprimer et dialoguer avec les administrations. Pour pouvoir affirmer l’opposition de la jeunesse aux potentielles réformes du Gouvernement Barnier, il est nécessaire pour les élèves d’investir l’ensemble de ces institutions : face à une Éducation Nationale en danger, nous avons besoin d’élus lycéens de combat, capables de porter haut et fort les revendications des jeunes de France.
Plus globalement, ces élus lycéens de combat ont aussi un rôle à jouer dans l’opposition face aux réformes et ce en lien avec les autres organisations, que ce soit des syndicats d’enseignants, des syndicats de personnels administratifs ou encore des associations de parents d’élèves. Pour faire front commun tant au niveau local, dans les lycées, les académies qu’au niveau national, il est nécessaire que des élus lycéens portant des revendications claires se présentent lors de ces élections. Cette tribune s’adresse ainsi autant aux lycéens qu’au reste de la communauté éducative. Il est essentiel que des candidatures d’élèves engagés et motivés, ces potentiels élus lycéens de combat, apparaissent dans les lycées et que celles-ci soient soutenues par les autres membres de la communauté éducative.
Pour toutes ces raisons, au vu du contexte politique actuel et alors que les taux de participation aux élections lycéennes sont faibles voire très faibles depuis plusieurs années, il est nécessaire d’appeler à la mobilisation générale des élèves lors des élections des Conseils de la Vie Lycéenne du 7 au 12 octobre puis lors des élections des instances supérieures. Il en va de la vision que la jeunesse donnera de ses revendications et de ses volontés.
Nolan Dias-Tomaszower
Ex-élu lycéen au Conseil Supérieur de l’Éducation