A l’occasion de la journée du 28 septembre, journée internationale de droit à l’avortement, les organisations syndicales ont appelé à se mobiliser. Elles rappellent leur engagement pour la défense du droit à l’IVG et les enjeux, notamment présents dans l’Éducation nationale. Depuis la loi Veil de 1975, l’interruption de grossesse est autorisée. En mars 2024, ce droit a été constitutionnalisé : l’article 34 stipule que « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. »
Un droit, mais un droit menacé par un manque de moyens
Mais si le droit à l’IVG existe, il n’est pas effectif partout, notamment par un manque de moyens. Pour les syndicats, «il y a urgence à mettre en place des équipes pluridisciplinaires complètes dans tous les établissements scolaires. Il y a aussi urgence à renforcer le service public hospitalier pour que toutes les femmes puissent activer ce droit, donc accéder à l’avortement sur l’ensemble du territoire. »
Et par le danger des extrême droites et des conservateurs
Les organisations syndicales CFDT, FSU, UNSA, Sud, CGT rappellent les positions conservatrices du nouveau Premier ministre sur l’IVG. Elles soulignent dans leur communiqué de presse que « dans l’Éducation nationale, le jour de carence s’applique à un arrêt maladie pour IVG. Avorter signifie donc perdre un jour de salaire. Si l’IVG est autorisée et que la liberté d’y recourir est aujourd’hui inscrite dans la constitution, l’exercice plein et entier de ce droit n’est ni garanti, ni rendu accessible par l’État pour toutes les personnes. » Dans un contexte de montée des régimes conservateurs et autoritaires, elles continuent de militer pour rendre partout effectif le droit à l’avortement. Elles rappellent l’importance des lobbys anti-IVG et son interdiction dans certains pays européens comme en Pologne, à Malte, Andorre et Monaco mais aussi les menaces présentes en Italie et Hongrie. Pour Sud éducation « Macron appelait il y a quelques mois à un « réarmement démographique », enfermant ainsi les femmes dans une fonction procréatrice, quand le gouvernement Barnier marque un tournant réactionnaire ».
IVG et Ecole
Les moyens humains et matériels de la médecine scolaire sont insuffisants, les centres sont parfois aussi éloignés. Des équipes pluridisciplinaires formées aux enjeux de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle dans tous les établissements scolaires permettraient d’accompagner, d’informer les élèves. La prévention, la formation et l’information sont encore insuffisantes. Pour l’Unsa, « il est également urgent de renforcer l’éducation des élèves en termes d’éducation sexuelle ».
Le taux d’IVG chez les élèves est stable, mais non négligeable rappelle le SNES-FSU : « 3 % des IVG concernent des mineures. Elles ne sont désormais plus dans l’obligation d’obtenir l’accord du père ou de la mère pour avorter, mais elles doivent être accompagnées d’une personne majeure de leur choix ».
Les revendications
Les organisations syndicales affirment qu’une éducation aux sexualités doit être prodiguée à toutes et à tous. Elles demandent des équipes pluridisciplinaires complètes dans chaque établissement. Les syndicats revendiquent un accès aux soins pour toutes sur tout le territoire. que la clause de conscience spécifique des professionnelles de santé soit supprimée de la loi, que la loi de constitutionnalisation du droit à l’avortement le garantisse à toutes, que la production des pilules abortives soit garantie afin d’empêcher toute pénurie et garantir l’accès à l’IVG, que des moyens financiers doivent être donnés pour que les centres pratiquant l’avortement et les centres de planification soient accessibles sur tous les territoires, que des campagnes d’information tous publics sont nécessaires pour pouvoir en parler librement sans tabou ni jugement. Elles demandent que tous les moyens contraceptifs fassent l’objet d’un remboursement intégral, pour que toutes et tous puissent choisir celui qui leur convient.
Djéhanne Gani