Jeudi 23 janvier, la ministre Borne a accordé un entretien sur France Inter. Elle a passé en revue différents sujets : des résultats scolaires et réformes en cours, à la formation des enseignants et à la rentrée des 117 000 élèves prévue lundi prochain à Mayotte. Alors, quoi de neuf ? Rien, elle a confirmé les annonces de la semaine dernière, l’annulation des 4000 suppressions de postes, mais aussi relancé le sujet de la formation, le maintien des groupes de besoin en 6 et 5e. Manque de moyens, salaires, problème de l’attractivité du métier… sont autant de sujets laissés en suspens. Flotte l’impression d’éviter le pire, mais que cela n’est pas suffisant et pas à la hauteur des urgences du moment.
Annulation de suppression de postes mais fermetures de classes dans le 1er degré qui continuent
La ministre Borne a confirmé l’annulation de la suppression de 4000 postes, rappelé la création des 2000 postes d’AESH. Or, le statut de ces dernières est précaire, les salaires bas, la formation insuffisante, les temps partiels de mise : l’ambition de l’école inclusive vue à travers ce prisme montre bien des limites sur l’ensemble du territoire, pour les équipes pédagogiques comme les familles. Le statut ne devrait pas endiguer la pénurie ni les besoins exprimés par les professeurs ou les familles.
Guislaine David : « Le premier degré n’a pas l’air d’être sa priorité »
L’annulation des suppressions de postes ne va pas sans les suppressions de postes dans le Premier degré précise Guislaine David, Secrétaire général du FSU-SNUIPP : « Elisabeth Borne oublie de dire qu’il y avait 470 suppressions de postes dans le Premier degré pour la rentrée 2025. » Elle rappelle qu’il va y avoir des fermetures de classes sur tout le territoire : « le Premier degré n’a pas l’air d’être sa priorité » lance-t-elle. La baisse démographique devrait permettre à la France de rattraper son retard et de baisser les effectifs de classe, plaide le syndicat. Dans certaines académies, les fermetures de classes dans le 1er degré sont nombreuses comme à Paris.
Exigence du brevet et stress de Parcoursup
La ministre Borne confirme que le brevet ne sera pas obligatoire, tout en reprenant l’exigence et la formule de ses prédécesseurs « élever le niveau ». A cette fin, elle confirme la suppression des correctifs académiques et le changement du poids respectif du contrôle continu et de l’examen (40% et 60%). Sur Parcoursup, elle botte en touche, reconnaissant le « stress des familles, des élèves sur l’accès à l’enseignement supérieur ».
Maintien des groupes de besoin en 6 et 5e et 500 postes pour des heures d’accompagnement
La ministre a confirmé lors de la matinale sur France inter jeudi 23 janvier que les groupes de besoin sont maintenus à la rentrée 2025. En classes de 4e et 3e, elle rejoint la formule de sa prédécesseure sur des heures de soutien, laissées à la liberté des équipes pédagogiques et donc avec les moyens des établissements. Alors que les DHG vont arriver dans les établissements, la question des moyens va se poser de manière très concrète. La ministre prévoit 500 postes : à la vue du nombre de classes, cela semble bien dérisoire pour accompagner un dispositif à moyens quasi constants…
L’ensemble des points évoqués ressemble à un « oui mais… »: la ministre Borne semble adoucir les réformes qui avaient été brutales mais elle ne les remet pas en question. Elle maintient le cap, comme le confirment ses propos sur la réforme de la formation qu’elle veut reprendre.
La ministre se plait à invoquer la « liberté laissée aux équipes pour organiser selon les modalités qui leur semblent adaptées » cet accompagnement. Elle loue et appelle à la capacité d’innovation, d’initiative des professeurs. La liberté dans un cadre de pénurie d’heures relève davantage du bricolage et du pis-aller. Et elle épuise. L’absence de personnel médico-social pour les élèves – et de médecine du travail pour les personnels – est une difficulté majeure. La liberté et la capacité d’initiative ne pourront pas remplacer des conditions de travail et un salaire à la hauteur.
Djéhanne Gani