Notre époque est confrontée à de multiples crises, sociales, politiques, environnementales … Mais faute de comprendre que celles-ci « découlent d’une idéologie commune que l’on peut décrire », le néolibéralisme, et non d’une « loi naturelle » sur laquelle on ne pourrait agir, nous laissons celle-ci « opérer de façon anonyme ». Tel est le postulat de départ de George Monbiot, journaliste britannique militant politique et environnemental, et éditorialiste du Guardian, et Peter Hutchison, auteur-réalisateur américain proche du linguiste Noam Chomsky, qui se proposent dans La Doctrine invisible, de nommer cette idéologie, d’en décrypter les mécanismes, et de la déconstruire…
Pour comprendre ce qu’est le néolibéralisme, d’où il vient et où il va, l’essai, déjà traduit en 8 langues, et publié en France ce 24 janvier, va en 25 courts chapitres mettre à jour son « histoire invisible », et chercher à comprendre comment il a réussi à « contrôler nos vies » jusqu’à nous en faire intérioriser les principes. Le livre chemine des origines du « Conte de fées du capitalisme » à « L’ère néolibérale » en passant par « L’essor de l’internationale libérale ». Il interroge la véritable part du « libéral dans le néolibéralisme », « Le mythe des microsolutions » ou de « La redistribution des richesses » et les conséquences de ce « capitalisme sans frein » : casse des services sociaux, crise de la démocratie, « augmentation du niveau de détresse », redirection de la colère vers des « ennemis imaginaires » … Il trace enfin des pistes possibles pour qu’émergent un nouveau récit et une véritable démocratie, participative et délibérative.
Une démarche didactique et résolument politique, qui repose à la fois sur des repères historiques et des études de cas concrets, essentiellement anglo-saxons, mais transférables. Et sur un sens de la formule particulièrement stimulant : « Désormais, nous sommes tous des néolibéraux », « L’homme qui a torpillé la candidature d’Hillary Clinton à la présidence de 2016 (…), c’est son propre mari », « La participation politique n’est pas un cadeau que nous devrions quémander. C’est notre droit »…, qu’on pourra à profit questionner avec des élèves.
Claire Berest
George Monbiot participera à une rencontre à l’Académie du Climat 2 place Baudoyer Paris 4e le 30 janvier de 19h à 21h. Réservation conseillée.