Michel Barnier (LR) succède donc à Gabriel Attal ce jeudi 5 septembre 2024 après 51 jours d’attente. Le nouveau locataire de Matignon reprendra-t-il ses chevaux de bataille pour l’école tels « l’apprentissage dès 14 ans » ou la « mise en place du récit national » ? Gabriel Attal avait lancé sa réforme controversée du choc des savoirs qui est mise en œuvre à cette rentrée. Lors de son discours de passation, Gabriel Attal a qualifié l’école de « mère des batailles ». Oui, mais laquelle justement ? Le député Attal a demandé à son successeur de « faire de l’école une priorité ». Qu’attendre de Michel Barnier pour l’École ?
Les priorités de l’École
Les priorités de l’École et les besoins exprimés par les syndicats à cette rentrée ont déjà été présentés : une réelle revalorisation des rémunérations et des métiers, une amélioration des conditions de travail et d’apprentissage des élèves avec une baisse des effectifs, un besoin de considération pour des personnels qui s’estiment souvent malmenés par des réformes successives descendantes. Les réformes non concertées ne suscitent pas l’adhésion des professeurs et (leur) posent la question aigüe de leur sens comme de celui de leur métier. L’école subit une grave crise du recrutement qui mine son fonctionnement.
La ministre démissionnaire Nicole Belloubet a évoqué le besoin d’un budget « a minima sanctuarisé » pour répondre aux besoins de l’École. Les rapports parlementaires, le rapport de la Cour des comptes, les enquêtes de Mediapart ou de France Info convergent et soulignent le financement des écoles privées sous contrat par l’argent public, système qui accroit la ségrégation sociale et scolaire.
Michel Barnier et l’éducation
En 2021, Michel Barnier évoquait dans une tribune « le devoir de transmission du savoir », « l’accent sur les acquis fondamentaux », le recrutement des enseignants par le chef d’établissement et l’orientation vers l’apprentissage dès 14 ans. Ces éléments s’inscrivent dans la continuité de la politique éducative menée depuis 2017. La mise en place de la réforme des savoirs -dont l’abrogation est demandée par les organisations syndicales, la FCPE, le NFP – s’inscrit dans la volonté de réforme du collège et d’une orientation précoce.
Le système scolaire français se distingue par le poids des origines sociales sur les trajectoires scolaires et la reproduction des inégalités. Or, l’orientation précoce accentue ces inégalités. Ces différentes positions de Michel Barnier sont non seulement compatibles avec la politique macroniste mais aussi avec celles de Marine Le Pen comme le souligne l’historien de l’éducation Claude Lelièvre dans une tribune quelques heures après l’annonce de la nomination de Michel Barnier à Matignon.
Qu’attendre de Michel Barnier pour l’École ? a priori aucun changement, dans la continuité de la nomination de la DGESCO nommée cet été. D’ailleurs, il est vrai que depuis 2017 et particulièrement depuis le deuxième quinquennat, si les Ministres de la Rue de Grenelle changent, la politique éducative demeure. A droite toute.
Djéhanne Gani
Michel Barnier : Les faux remèdes de la droite pour l’Ecole