La rentrée 2024 du 93 est une rentrée catastrophique, pire encore que l’année précédente. Jeudi 5 septembre 2024, l’intersyndicale du 93 – CGT, FSU, Sud, CNT – a organisé une conférence de presse à Bobigny. La mobilisation du 93 a rassemblé professeurs, familles et des élus pour réclamer un plan d’urgence pour l’école publique à travers un choc des moyens. Cette mobilisation s’est « soldée par une fin de non-recevoir » résume l’intersyndicale qui dévoile des chiffres de son enquête sur la rentrée. Pour elle, il s’agit d’ « une situation d’alerte qui nécessite un plan d’urgence et un choc des moyens. »
« Être un élève du 93, c’est avoir moins de chance qu’ailleurs »
La Seine-Saint-Denis est le département le plus pauvre de la France hexagonale. L’intersyndicale déplore les inégalités dont sont victimes les élèves de son département : « être un ou une élève du 93, c’est partir avec moins de chance qu’ailleurs, c’est 15 mois de scolarité volée en raison du non-remplacement des profs, ce n’est pas de visite médicale faute de médecin ou infirmière scolaire, pas d’AESH, c’est être dans une classe surchargée dans des établissements qui débordent et qui sont souvent délabrés ».
Une rentrée -annoncée- sous le signe de la pénurie
Le constat de l’intersyndicale 93 est sans appel : « Malgré les effets d’annonce du rectorat de Créteil qu’aucun enseignant ne manquera à l’appel à la rentrée, il manque des profs, des personnels médico-sociaux, des AESH et plus globalement des moyens pour l’école publique. » Et cela, avant la rentrée, l’intersyndicale 93 savait « que cette rentrée serait catastrophique » et que les moyens manquent pour l’école publique. Cela n’est pas une surprise dans une académie où n’ont été pourvus que 1050 postes sur les 2290 postes ouverts du concours du 1er degré, où des professeurs du Second degré étaient déjà non-remplacés et où les AESH sont en manque criant. Près d’un élève sur 2 qui le devrait est sans AESH, estimait la FCPE lors de sa conférence de presse de lundi 2 septembre. 56 postes d’ULIS sont non-pourvus : l’école du 93 n’a pas les moyens nécessaires pour répondre au besoin et à l’ambition de l’inclusion.
L’enquête – choc de la rentrée
En moins d’une semaine, un peu plus de la moitié des établissements du Second degré a répondu à une enquête sur la rentrée. Les résultats dévoilent « une situation d’alerte qui nécessite un plan d’urgence et un choc des moyens. »
Dans 78% des collèges et dans 82% des lycées qui ont répondu, il manque au moins un personnel non-enseignant. Il manque 1/3 des AED dans les collèges. Dans 65% des collèges qui ont répondu à l’enquête, au moins un professeur manque, quant au lycée, il s’agit de 71% des lycées où il manque au moins un professeur.
« Les classes explosent » dénoncent les syndicats : 68% des collèges comptent au moins 24 élèves par classe dès la rentrée, soit la jauge maximale en éducation prioritaire. De nombreuses classes de Seconde professionnelle ont 2-3 élèves au-dessus des seuils, toujours selon l’enquête menée par l’intersyndicale.
Le 93 exige la mise en œuvre du plan d’urgence 93
L’intersyndicale éducation exige la mise en œuvre du plan d’urgence 93 et un correctif budgétaire de 358 millions d’euros. Ce budget permettra selon elle de compenser les inégalités et les besoins dont le département a besoin pour financer 5000 enseignants, 2200 AESH, des centaines de personnels médico-sociaux, 175 CPE, 650 AED, un plan de rénovation du bâti scolaire.
Les objectifs des organisations syndicales sont des effectifs de classe de 20 élèves, des pôles médico-sociaux renforcés, des remplacements immédiats, des établissements en bon état et à taille humaine, des toutes petites sections dans toutes les maternelles, une inclusion dans de bonnes conditions.
Et l’abrogation des réformes : choc des savoirs etc.
L’intersyndicale demande l’abrogation des différentes réformes qu’elle qualifie de « libérales, réactionnaire ». Elle cite les différentes réformes, la généralisation des évaluations nationales standardisées, les réformes Blanquer, Parcoursup, la réforme du lycée professionnel, des réformes qui, pour les organisations syndicales du 93 « construisent une école du tri social » et « accroissent les pressions hiérarchiques et le management toxique ». Elle annonce la poursuite de la lutte pour exiger un « choc des moyens contre le choc des savoirs » et déclare « notre détermination reste intacte ».
Appel à la grève du 10 septembre : « l’incendie ne s’est pas éteint »
L’intersyndicale du 92 appelle à la grève mardi 10 septembre 2024 et « l’ensemble de la communauté éducative à se mobiliser contre la vision d’une école réactionnaire, ségrégative et excluante ».
Dans le 93, « l’incendie ne s’est pas éteint » conclut l’intersyndicale. Qui répondra Rue de Grenelle, un pyromane ou un pompier ?
Djéhanne Gani