Le score français en culture scientifique diminue de 6 points en 4 ans. Avec un score à 487, la France se classe juste au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE. L’enquête PISA 2022 montre surtout que les écarts se creusent davantage entre les bons élèves et les moins performants. S’il fallait des preuves, le rapport souligne que l’usage du téléphone portable perturbe particulièrement les apprentissages en France.
Une baisse plus importante que les autres pays
Les épreuves de PISA ont concerné 6 770 élèves représentatifs des 781 300 élèves de 15 ans en France. « Les épreuves comportent des questions à choix multiples et des questions nécessitant que les élèves formulent leurs propres réponses. Les élèves ont également répondu à un questionnaire de 35 minutes portant sur eux-mêmes, leur vécu et leurs attitudes, leurs dispositions et leurs croyances, leur milieu familial, leur école et leurs expériences d’apprentissage », précise le rapport.
Avec un score qui baisse de 493 pour PISA 2018 à 487 pour PISA 2022 en culture scientifique, la France se classe juste au-dessus de la moyenne de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui est de 485. « Les pays de l’OCDE les plus performants en sciences sont le Japon, la Corée, l’Estonie, le Canada et la Finlande qui affichent un score moyen supérieur à 510 points », peut-on lire dans la publication de décembre 2023. La Corée et le Japon étaient déjà en tête du classement de l’enquête Timss publiée en 2020 sur les sciences en 4ème. Les élèves japonais progressent d’ailleurs encore en 2022 en passant de 527 en 2018 à désormais 546 points.
En France, un aspect positif concernent les élèves les plus performants. Leur taux passe de 6,6% à 7,7 % en 4 ans. « Ces élèves ont atteint le niveau 5 ou 6. Ces élèves peuvent appliquer de façon créative et autonome leurs connaissances des sciences à une grande variété de situations, y compris celles qui leur sont inconnues ». Par contre, la performance des élèves les moins performants en France a baissé de 14 points. « Au minimum, ces élèves peuvent reconnaître l’explication correcte de phénomènes scientifiques familiers et utiliser leurs connaissances pour identifier, dans des cas simples, si une conclusion est valable sur la base des données fournies ». Les conseils donnés par l’enquête PISA en 2015 ont-ils été appliqués ? . La France est toujours l’un des pays participants au PISA où les élèves déclarent percevoir le moins de soutien de la part de leurs enseignants.
La baisse du niveau est de 6 points contre une baisse de 2 points pour la moyenne des pays. « La légère baisse observée en sciences n’est pas statistiquement significative », indique toutefois le rapport. Ouf !
Le grand écart chez les garçons
D’autres informations transpirent du désormais célèbre et attendu rapport. En France, garçons et filles ont obtenu des résultats très similaires en sciences. « S’il n’y a pas d’écart de performance en moyenne entre filles et garçons, il en est tout autrement aux extrémités de l’échelle socio-économique : les filles des milieux les plus défavorisés obtiennent des résultats de 15 points supérieurs à ceux des garçons des mêmes milieux (écart moyen dans les pays de l’OCDE : 11 points), et les garçons des milieux les plus favorisés obtiennent 14 points de plus que les filles des mêmes milieux (écart moyen OCDE : 11 points) ».
3 formes de connaissances mesurées
« La compétence scientifique est la capacité à aborder des questions liées à la science et les idées de la science en tant que citoyen réfléchi », peut-on lire dans le volume 1 des résultats 2022. Une personne « scientifique compétente » peut s’engager dans discours raisonné sur la science et la technologie.(…)La performance en science requiert trois formes de connaissances : la connaissance du contenu, la connaissance des procédures méthodologiques standard utilisées en science et la connaissance des raisons et des idées utilisées par scientifiques pour justifier leurs affirmations ».
Les individus qui possèdent des connaissances scientifiques comprennent les principaux concepts et idées qui constituent le fondement de la pensée scientifique et technologique
Les auteurs indiquent aussi la nécessité de prendre en compte d’élément affectif dans la compétence d’un élève comme les attitudes ou dispositions des élèves à l’égard des sciences peuvent influencer leur niveau d’intérêt et soutenir leur engagement et les motiver à agir.
Le téléphone perturbe les apprentissages
On retiendra aussi du rapport que « les apprentissages en France sont également perturbés par l’utilisation des appareils numériques pendant les cours. En France, 30 % des élèves de 15 ans déclarent être distraits par l’utilisation d’appareils numériques. Ces chiffres sont bien supérieurs à ceux du Japon (5 % d’élèves distraits par l’utilisation d’appareils numériques) ».
Enfin, le manque de matériel pédagogique (par ex. manuels scolaires, équipement informatique, matériel de bibliothèque ou de laboratoire) touche 15 % des élèves en France (moyenne OCDE : 24 %), un chiffre stable en France par rapport à 2018. C’est un décalage avec le rapport Timss qui évoquait que seulement 75% des collégiens français interrogés ont des cours sciences dans un laboratoire spécifique.
Julien Cabioch
Dans le Café
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