Alors que le Cnesco clôture sa conférence sur le bien-être à l’école, le Café pédagogique propose à ses lecteurs et lectrices de découvrir un projet sur le bien-être porté par toute la communauté éducative du collège Saint-Exupéry de Saint-Laurent du Var. Mourad Ighzernali, principal adjoint, présente les différentes actions de son établissement.
À l’origine du projet « bien-être pour bien apprendre, bien-être pour bien enseigner » du collège Saint-Exupéry à Saint-Laurent du Var, dans l’académie de Nice, la recherche d’une réponse pédagogique adaptée aux élèves à besoins éducatifs particuliers. « Il y a cinq ans, nous avons lancé un partenariat avec le Centre de Référence des Troubles des Apprentissages – CERTA – des hôpitaux pédiatriques Lenval de Nice a permis de former les professeurs afin qu’ils sachent ajuster leurs gestes pédagogiques et répondre efficacement aux troubles des apprentissages des élèves concernés » explique Mourad Ighzernali, principal adjoint par ailleurs membre de l’Observatoire du Bien-Être à l’École et du Conseil Scientifique de l’Education Nationale au sein du groupe du travail sur « Bien-être à l’école ».
De ces formations est née une volonté d’harmonisation des pratiques des enseignants et des enseignantes « dans le but d’instaurer un cadre éducatif structurant, lisible et cohérent pour tous les élèves ». À cette fin, les espaces et les temps scolaires ont fait l’objet d’une réflexion collective et concertée raconte Mourad Ighzernali. « Il en est ressorti une volonté de porter une attention aux besoins de chacun en considérant tous les types de « situation de vulnérabilité » – physique, psychologique, cognitive, économique, sociale, etc…- comme l’évoque Christophe Marsollier que nous avons eu l’honneur de recevoir au sein de notre établissement. Concrètement, ce cadre repose sur une série de rituels orientés vers le même objectif : établir une éthique relationnelle de qualité et un environnement propice au développement des compétences psychosociales ».
Plusieurs rituels ont ainsi permis d’instaurer un cadre bienveillant, « pour une approche à la fois empathique et exigeante » : faire du passage au tableau un moment de partage et de coopération, rendre les copies des élèves dans un esprit de respect et de conseil, dédramatiser les évaluations par des exercices de respirations synchronisées, mettre en œuvre une météo des émotions pour mieux accompagner les élèves de façon individualisée, savoir observer un élève et identifier les indicateurs d’engagement dans les apprentissages…
Des grands frères et des grandes soeurs pour améliorer le bien-être des élèves.
Pour faciliter l’entrée au collège des 6e, l’établissement a mis en place un accueil spécifique – tapis rouge, musique, repas avec les parents, lecture des rituels … – dès le premier jour de la rentrée « afin de créer une véritable culture de l’accueil lors de cette transition importante entre le premier et le second degré ». Les élèves sont accueillis sur le parvis par les élèves de 3e qui sont identifiés comme « les grands frères et grandes sœurs du collège » qui prononcent un discours d’accueil.
Les élèves peuvent aussi pratiquer le yoga avec un professeur d’EPS disposant de la certification. « Il s’agit ici d’accompagner les élèves à prendre conscience que de simples exercices de respiration peuvent leur permettre de mieux identifier et réguler leurs émotions » détaille Mourad Ighzernali.
Il existe aussi un espace de parole, « la salle Indigo » au sein de l’établissement. « Cet espace flexible est un lieu pensé par les élèves sous la coordination de la conseillère principale d’éducation. Il permet d’accueillir la parole des élèves, de répondre à leurs besoins et de les accompagner dans la recherche de solutions. La prévention des situations de harcèlement et la mise en œuvre de pratiques restauratives – cercle de parole par exemple – sont facilitées notamment par l’existence de cet espace de parole ».
Les espaces scolaires ont aussi été repensés dans le cadre du projet. « En conseil pédagogique, nous avons réfléchi sur la façon de développer l’apprentissage dans le cadre d’interactions entre les élèves et leurs pairs, avec les professeurs, mais également avec l’environnement éducatif et pédagogique au sein de la classe et hors de la classe ». Des classes flexibles, « avoir le choix des surfaces de travail, des types d’assises, des positions corporelles ou encore des zones d’apprentissages facilite le développement des compétences psychosociales dans et hors de la classe », ont ainsi vu le jour dans le collège grâce au financement obtenu dans le cadre de « Notre École faisons-là Ensemble » (avec le soutien de la Cardie, du rectorat et du département). « On peut aussi observer le fait que ces espaces sont porteurs de valeurs telles que la solidarité, l’entraide, le partage, le respect des différences, l’écoute, l’empathie, la fraternité… » ajoute le proviseur adjoint.
Le projet « bien-être pour bien apprendre, bien-être pour bien enseigner » a ainsi permis de faire vivre les devises de l’établissement, « Chaque élève a le droit à la sécurité et la sérénité pour travailler et réussir » et « Dans notre collège, nous prendrons soin de vos enfants comme nous aimerions que l’on prenne soin des nôtres ». « Mettre en œuvre un soutien inconditionnel et répondre aux besoins psychologiques fondamentaux des élèves – autonomie, lien social et compétence – s’expriment quotidiennement dans un environnement sécurisant pour les élèves. Le projet facilite aussi l’émergence d’une culture d’établissement ainsi qu’un sentiment d’appartenance. Une telle perception de l’École permet d’associer plus facilement les parents dans une dynamique de co-éducation. L’École de la confiance prend alors tout son sens ».
Et pour les adeptes d’indicateurs, le projet semble porter ses fruits. « L’enquête révèle que 93,5% des élèves s’estiment satisfaits ou très satisfaits des liens qu’ils entretiennent avec leurs professeurs. Il en est de même pour les professeurs chez lesquels ce taux est de 96,5% » explique le principal adjoint qui note « une nette progression du taux de réussite aux examens, une diminution des exclusions de cours au profit d’une augmentation des pratiques restauratives ».
Lilia Ben Hamouda