« Dans mon métier d’enseignant, les élèves m’ont donné plus de leçons que je ne leur en ai donné ». Professeur d’histoire-géographie au collège Rep+ Jean Vigo d’Epinay-sur-Seine (93), Alexandre Schon a préparé ses élèves à préparer des propositions pour la trêve olympique. Deux d’entre eux iront jusqu’à New York porter leur proposition de résolution auprès des Nations Unies. Un beau projet qui forme les élèves à la coopération, au dépassement et à la solidarité.
Quand les collégiens défendent une résolution ONU
Ce n’est pas par hasard qu’Alexandre Schon entraine ses élèves à préparer des résolutions pour les Nations Unies. Depuis 7 ans, dans son collège Rep+, il organise une simulation de parlement européen dans le cadre d’un projet porté par le CESE et les Jeunes européens. Les collégiens d’Epinay ont reçu le Prix Charlemagne pour leur contribution à ce projet.
Le projet de trêve olympique engage les académies de Paris et Créteil. Une vingtaine de classes ont imaginé des résolutions qui seront portées à New York. Pour le collège Jean Vigo, 8 élèves, à parité filles et garçons, ont été sélectionnés par les collégiens pour représenter l’établissement. « Il y a eu des surprises« , nous dit A Schon. Les élèves ont décelé chez certains de leurs camarades des capacités orales ou à gérer le stress que leur enseignant n’avait pas vu.
Comment préparer des collégiens de Rep+ à concevoir une résolution dans le style ONU et à une joute oratoire avec des élèves de collèges parisiens nettement plus favorisés ? Dans ce projet, les élèves de J Vigo portaient les couleurs du Kenya et de l’Australie. Il y a donc eu d’abord un gros travail de découverte de ces pays. « Ils ont donné de leur temps personnel« , dit A Schon.
Surtout il souligne l’intérêt de ce jeu de rôle où les élèves doivent littéralement se dépayser. « Ils doivent s’oublier eux-mêmes, incarner une posture et être capables d’entendre une pluralité d’opinions pour chercher un consensus« .
Affronter les autres à l’oral
Au terme de ce travail les élèves ont dégagé deux propositions renvoyant à des particularités nationales. Pour le Kenya, la création d’un fond bleu pour permettre l’accès à l’eau potable. Ils ont découvert qu’au Kenya l’eau potable est rare et dans la main de mafias. En Australie ils ont découvert l’ouverture du pays à l’inclusion des LGBTQ+. Ils ont préparé une résolution pour lier les jeux olympiques aux Gay Games. Les deux élèves porteurs de cette résolution traverseront l’Atlantique et passeront une semaine à New York.
Cela fait restait un autre défi : que les élèves soient capables de s’exprimer et de convaincre devant l’assemblée de tous les collèges. « Il a fallu qu’ils apprennent à sortir de la lecture pour incarner leur texte en temps très limité« , nous dit A Schon. Cela a pris du temps. Plus timides que les autres collégiens, les élèves de Jean Vigo se sont longuement entrainés.
Développer des compétences politiques en Rep+
Alexandre Schon n’est pas un fanatique de la ludification des apprentissages. Mais il trouve que ces jeux de rôle sont formateurs. « Les élèves doivent se forcer à adopter une opinion différente. Ils doivent sortir de leur vécu pour comprendre un jeu qui se joue à l’échelle mondiale avec des acteurs internationaux comme les lobbys. Pour cela ils doivent coopérer et mutualiser, des compétences qui sont prioritaires dans mon collège« .
» Dans mon métier d’enseignant, les élèves m’ont donné plus de leçons que je ne leur en ai donné« , ajoute-il. « Mes élèves ont une capacité politique importante. Ils peuvent se transcender et vaincre leur timidité. Ils ont une grande capacité à repousser leur zone de confort car ils savent que la vie ne leur sera pas facile du fait de leur nom de famille ou de leur couleur de peau. Ils ont conscience qu’ils doivent grandir plus vite que les autres« . Pour lui , son collège « endosse aussi le fardeau d’amener les élèves à repousser leurs limites« .
« Les élèves ressentent l’idéal des Nations Unies. Ils croient à l’importance de la solidarité internationale« , explique A Schon. « Quand ils rencontrent des responsables d’ONG ils voient des gens qui ne se sont pas résignés. Du coup ils s’imbibent de cette énergie. Travailler cette conscience citoyenne au collège en fait des acteurs du débat politique« .
Propos recueillis par François Jarraud
Le projet sur le site de Créteil