Mais qu’en est-il de ce pacte que les enseignants volontaires devront signer pour gagner – en moyenne – 10 % de plus, soit 3650 euros annuellement dont on ne se sait toujours pas s’il s’agit de net ou de brut. Les organisations syndicales ont été reçues hier par le ministère. Thierry Le Goff, secrétaire générale, et Édouard Geffray, DGESCO, ont présenté le document de travail – que le Café pédagogique s’est procuré – sur lequel doivent s’appuyer les discussions. Et autant dire que les syndicats sont loin d’approuver ces propositions…
À la question pourquoi faire évoluer le métier d’enseignant ? Le ministère répond que « les attentes des usagers vis-à-vis du service public de l’éducation nationale ont évolué ». Une évolution qui suppose « d’investir davantage » dans « l’appui à la réussite des élèves, qui passe notamment par un renforcement de la continuité effective et complète des apprentissages, et par des dispositifs d’appui personnalisés ». Une évolution qui passe par « un engagement renforcé dans des actions de coordination, d’expertise ou de pilotage de projets » et par « le développement professionnel continu pour répondre à l’évolution des métiers ». Des affirmations dont on ne peut douter de l’intérêt pour mieux faire réussir les élèves mais difficiles à accepter quand elles viennent d’un gouvernement qui n’a eu de cesse de supprimer des postes dans l’enseignement avec pour conséquence l’incapacité pour l’administration – dont c’est la responsabilité – de remplacer ses agents absents. Une administration qui depuis 2008 a détricoté les Rased – dispositifs qui permettaient une prise en charge personnalisée des élèves dans le premier degré, surtout ceux en difficulté. Et quant au développement professionnel, on rappelle que la formation continue est quasi inexistante. Et dans le premier degré, depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, et Blanquer à la rue de Grenelle, elle a été recentrée quasi-exclusivement sur les fondamentaux.
Un panel de missions
Ainsi, pour faire évoluer le métier, le ministère propose plusieurs pistes de missions. Dans le premier et le second degré, il s’agira de « coordination/intervention dans des projets innovants issus du CNR », de « missions de coordination/référent » et de « tutorat/mentorat des nouveaux professeurs ».
Plus spécifiquement, dans le premier degré, les enseignants volontaires pourront intervenir en 6ème sur les heures de soutien mathématiques/français, participer aux vacances apprenantes ou à l’école ouverte, accompagner des enseignants dans « l’école inclusive » et être mentor d’un élève en situation de handicap sur un cycle.
Dans le second degré, les professeurs volontaires pourront remplacer leurs collègues absents sur de courtes durées, participer à des sessions de consolidation ou d’approfondissement des élèves de 6ème (les mêmes heures que celles des professeurs des écoles ? le document ne le spécifie pas), participer à devoir faits toujours en 6ème, participer aux demi-journées « découverte des métiers » et améliorer les relations lycée-entreprise dans les lycées professionnels.
Lorsqu’un enseignant s’engagera dans un pacte, il pourra signer plusieurs missions. En fonction « des panels de missions plus ou moins importants » une modularité des gains sera introduite afin « de permettre de la flexibilité et une adhésion large ».
Une autorité fonctionnelle pour les directeurs d’école
A la question qui sera chargé de mettre en place ce pacte, le ministère répond les chefs d’établissements et les directeurs dont les fonctions évoluent. Des fonctions qui rappellent la loi Rilhac – dont les les directeurs et les organisations syndicales attendent toujours les décrets d’application.
Chefs d’établissements et directeurs d’école héritent donc des mêmes fonctions, l’autorité fonctionnelle tant voulue par Blanquer devient réel. Ils devront évaluer les besoins à couvrir sur leur école et établissement, appeler à candidature des volontaires, les « recruter », déterminer leurs missions et assurer le suivi de bonne application de celles-ci afin de déclencher le paiement. Aucune information n’est donnée sur une possible rémunération supplémentaire de ces derniers dans le cadre de ces nouvelles missions qui s’ajoutent à des emplois du temps déjà très chargés… Sauf à considérer que cela fait déjà partie de leurs missions…
Du côté des gains pour les enseignants engagés dans le pacte, la rue de grenelle propose plusieurs options. « Créer une indemnité́ « pacte » dédiée, comportant plusieurs paliers correspondant à plusieurs « panels » de missions », « Constituer ab initio des « panels » de missions annuelles à partir des HSE et des IMP dont le champ serait élargi » ou « Créer une part fonctionnelle de l’ISOE/ISAE qui reconnait la réalisation des missions exercées – pour l’ISOE : sans remise en cause de la part variable existante ».
La prochaine réunion aura lieu le 15 février, ce sera l’avant-dernière des réunions techniques en concertation avec les organisations syndicales. Réunions lors desquelles ces dernières sont censées pouvoir faire bouger le projet qui semble tout de même bien arrêté même si l’on s’interroge sur la possibilité de sa mise en pratique…
Lilia Ben Hamouda