Le dernier CSE – Conseil supérieur de l’éducation, instance consultative appelée à émettre des avis sur les objectifs et le fonctionnement du service public de l’éducation à laquelle siègent syndicats d’enseignants, association de parents, Medef…- a permis aux organisations syndicales de signifier leur désaccord quant à la suppression de l’heure de technologie et de marquer leurs inquiétudes concernant les annonces sur le collège.
Lors du dernier Conseil Supérieur de l’Éducation, les organisations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU, SE-UNSA, SNFOLC, SGEN-CFDT, FEP-CFDT, CGT Educ’action, SNALC, SUD Education, CFTC et SNEC-CFTC et la fédération de parents d’élèves FCPE se sont fermement opposés « à la suppression de la technologie en Sixième ». Ils contestent « à fois la forme et le fond de cette décision » indiquent-ils dans un communiqué. « Cette décision n’a été ni présentée, ni discutée dans aucune instance de dialogue social avec les organisations représentatives. La technologie est une discipline d’avenir qui permet aux élèves d’acquérir des connaissances et de développer des compétences indispensables pour comprendre le monde qui les entoure. La suppression de la technologie en Sixième retirerait aux élèves la possibilité de découvrir une nouvelle dimension de la technologie ancrée dans les sciences et techniques. Cette décision confirme que ce sont bien des logiques budgétaires et de ressources humaines (suppressions d’emplois et pénurie de professeurs de technologie) qui ont guidé cet arbitrage avant même toute considération pédagogique. Cette décision va mettre en danger les postes des professeurs de technologie qui pourraient se retrouver en complément de service dans un autre établissement à la rentrée voire être victimes d’une mesure de carte scolaire ».
Suppression de l’heure de technologie dans un « objectif de revalorisation »
Interpellé, Edouard Geffray, DEGESCO a tenté d’expliquer le choix du ministère. « Des élèves sont en difficulté sur des compétences-clé en rentrant en 6ème. Il est nécessaire de permettre à tous les élèves d’avoir une heure soit de consolidation construite autour des compétences-clé, soit d’approfondissement ». « C’est important en termes d’égalité des chances et des parcours » a poursuivi le DGESCO. « L’évolution de l’enseignement technologique est dans une logique de reconsidération des cycles 3 et 4 qui s’inscrit dans une revalorisation de la technologie au cycle 4 ». Edouard Geffray reconnait « une petite baisse de volume » mais qui s’inscrit « dans une revalorisation ». Selon lui, « il n’y pas de logique budgétaire sous-jacente, la mesure ne permet pas de faire d’économie ».
Souhaitant apaiser les tensions, le DEGESCO sera attentif aux difficultés individuelles « le ministère demandera aux recteurs d’avoir la plus grande attention aux situations individuelles. Les mesures ne doivent pas préjudicier individuellement les collègues. Sur la classe de 6ème, la modification de l’arrêté collège arrivera en CSE en mars ».
Des réponses qui n’ont pas convaincus les membres du CSE, 61 ont voté pour le vœu présenté par les syndicats et la FCPE, 1 contre, 4 se sont abstenus.
Rappelons – malgré l’affirmation d’Edouard Geffray qui affirme que la suppression de l’heure de technologie en sixième n’est pas dans une logique budgétaire, qu’il manque depuis longtemps des enseignants de technologie au collège. Plusieurs éléments expliquent cette pénurie. Depuis de nombreuses années, il n’y a pas de Capes de technologie, les enseignements SNT (sciences numériques et technologiques) et NSI (numérique et sciences informatiques) ont accéléré l’asséchement du vivier de professeurs en collège.
Les professeurs de technologie, outre leur mission d’enseignement, sont souvent impliqués dans des projets pluridisciplinaires – ils maîtrisent généralement l’utilisation de matériel nécessaire à la mise en œuvre de ces projets – dans le cadre des EPI ou des parcours au collège. Bien souvent référents numériques, c’est à eux que l’on s’adresse pour assurer les missions numériques au sein des établissements : certifications PIX collège et lycée, passages des tests lors des évaluations nationales, mise en place de réseau… Leur rôle est donc prépondérant, tout particulièrement au moment où Pap Ndiaye annonce une nouvelle stratégie numérique.
Des professeurs des écoles au collège « dans une logique de cycle »
Lors d’une déclaration préalable du SNES-FSU sur les dernières annonces du ministre sur le collège et le report des épreuves de spécialité, Édouard Geffray a là aussi justifié les choix de ce dernier. « L’enjeu de cette heure maths/français est de la consolidation ou d’approfondissement des compétences clés à maîtriser avant la fin du cycle 3 ». « Il y aura des dispositifs complémentaires comme rendre obligatoire devoirs faits » a-t-il poursuivi. « L’heure de consolidation permettra de travailler les compétences clé comme l’écriture, la compréhension, les fractions, les décimaux pas que fondamentaux. Dans le parcours d’un élève, si ces compétences clé ne sont pas maîtrisées en fin d’année de sixième, le cycle 4 est très compliqué. On ne peut pas achever le cycle 3 sans que les compétences clés ne soient maîtrisées. C’est un coup de boost ». Le syndicat FO a aussi interpellé le DEGESCO pour le respect des statuts et des qualifications et contre l’affectation des professeurs des écoles dans le dispositif en 6ème. Selon le syndicat, « des postes de professeurs des écoles sont déjà non pourvus dans le premier degré, il n’est pas pertinent de leur demander d’intervenir en 6ème».
Suite à ces déclarations, Édouard Geffray a tenu à préciser que « le ministre souhaite que les PE interviennent en 6ème. Il s’agit là d’un partage des compétences entre les uns et les autres autour des compétences clé. Les logiques de cycle sont appréciées. On peut imaginer des échanges de service notamment».
Là encore, les réponses du DEGSCO n’ont pas convaincues. Les déclarations préalables ont été approuvées par la grande majorité des membres du CSE – 42 pour, 10 contre et 16 abstentions.
La rue de Grenelle ne peut donc ignorer la grogne des personnels de l’éducation. Manifestations, courses devant le ministère, déclarations aux CSE… il s’agit là de « messages clairs » – « technique très simple de résolution des conflits et de gestion des comportements dérangeants, facilement utilisable en classe dès le CP » comme les définit Maîtresse Aurel sur son blog…
Lilia Ben Hamouda