« L’observation du monde à hauteur d’enfant à partir des dessins qu’ils réalisent est une expérience de recherche passionnante ». Formatrice à l’Inspe de Toulouse, Elsa Filâtre a voulu évaluer les compétences géographiques d’élèves de CM1. Et pour cela elle est passée par leurs dessins de leur univers proche. Un chemin qui fait découvrir les grandes questions géographiques de ces petits…
A la recherche des représentations des élèves
« Je voulais évaluer les apprentissages des jeunes élèves en terme de compétences spatiales », nous a dit Elsa Filâtre. « J’ai pensé que le dessin pouvait dire des choses sur leur conscience d’un espace proche. Quand on passe par des études de cas, par exemple celles des manuels, on ne construit pas un rapport réel à l’espace et le territoire. Ce qui m’a impressionné c’est que les élèves ont des représentation de leur espace vécu. Ils ont découvert leur espace et pour certains agrandi leur espace de vie en découvrant des espaces de jeu ou d’exploration par exemple ».
5 rapports à l’espace
Mais que montrent les dessins de ces élèves de CM1 ? « Ils montrent 5 types de rapport à l’espace », analyse E Filâtre. « Il y a des élèves qui savent faire un plan et dessinent avec une échelle, schématisent, sélectionnent. Ce sont les plus proches des exigences du programme. Il y aussi des élèves qui savent faire des plans mais qui dans leur dessin font plutôt un paysage. Ils mettent en avant ce qui les a marqué. Il y a des « pisteurs » : il dessinent des trajets où tout est bien dans l’ordre mais les rapports entre les éléments sont faux. Et il y a les explorateurs. Ils sélectionnent et inscrivent dans leur plan des éléments que normalement on ne met pas mais qu’ils inscrivent pour signifier leurs affects ».
Comment nait la géographie
Comment passe t-on de ces dessins à des questions géographiques ? « La géographie nait dans le tête des élèves », explique E Filâtre. « Toutes les questions que les élèves se posent sont géographiques. Ils s’intéressent aux localisations, aux acteurs, aux aménagements. Ils vont demander depuis quand l’école est là, qui a décidé de la mettre là. Elucider ces questions permet de les faire entrer dans des questionnements sur les espaces et leurs usages ». Au passage E Filâtre note l’intérêt qu’il y a à leur faire faire des allers retours entre le présent et le passé, ce qui est facile avec des outils numériques. « Remonter le temps les aide à comprendre que leur espace n’est pas figé dans le temps mais qu’il est dynamique. Ca ouvre la porte à une réflexion sur leur place comme citoyen ».
Propos recueillis par François Jarraud