« L’ICEM tient à réagir aux propos tenus sur C. Freinet par un membre du conseil scientifique de l’Éducation nationale, Franck Ramus, dans sa conférence Lire au CP adressée aux Inspecteurs de l’Éducation nationale du premier degré en séminaire du 12 au 14 septembre 2018 », fait savoir l’Icem Freinet qui publie une « lettre ouverte » à F Ramus. Franck Ramus vient de nous communiquer sa réponse…
L’ICEM reproche à F Ramus un raccourci sur la pédagogie Freinet. « Pour Freinet, l’enfant apprend à parler de manière spontanée par simple exposition… On en conclut que l’enfant apprend à lire de façon spontanée par simple exposition », aurait dit F Ramus. « Ce n’est sûrement pas la conclusion que font les pédagogues de l’ICEM-Pédagogie Freinet qui, eux, ont lu entièrement les principaux ouvrages de Freinet », tient à répondre le mouvement Freinet. « Résumer ainsi la Méthode naturelle d’écrit-lecture –théorie initiée par Freinet et approfondie par les praticiens-chercheurs de l’ICEM – n’est pas juste. Notre théorie est que le tâtonnement expérimental dans un milieu coopératif exigeant, tel qu’il est explicité dans nos écrits, permettra à l’enfant cette acquisition. Notre méthode n’abandonne pas les entrainements et exercices nécessaires à l’automatisation de la lecture et de l’écriture. Elle renvoie à des savoir-faire pédagogiques et éducatifs très élaborés et très rigoureux, suite à des décennies de travail créatif des anciens de notre mouvement et des nombreux militants qui ont suivi, des techniques qui ont depuis fait leur preuve quand elles sont véritablement appliquées ».
Le mouvement rappelle les excellents résultats des élèves de l’école Hélène Boucher de Mons en Baroeul évalués par le Laboratoire Théodile de l’Université de Lille 3.
Sur ce point, F Ramus marque son désaccord. « J’ai bien connaissance des travaux de l’équipe d’Yves Reuter à Mons en Baroeul, publiés dans un livre sans expertise par les pairs, mais je considère que le niveau de preuve apporté est très faible, en raison de la méthodologie non expérimentale et des nombreux facteurs confondus qui n’ont pu être contrôlés. Par conséquent, on ne sait malheureusement toujours rien sur l’efficacité de la méthode naturelle d’écriture-lecture ». Un point qui devrait susciter une nouvelle polémique s’agissant du travail d’un laboratoire universitaire.
Sur le fond, Franck Ramus nie avoir attaqué Freinet. « Il me semble que votre plainte est tout à fait infondée. Dans le passage incriminé, je donne deux citations précises de la Méthode naturelle de lecture de Célestin Freinet (1961), et je les critique, car elles reflètent une position que je juge aberrante, au moins au regard des connaissances actuelles, sinon de celles de 1961. J’en donne une justification rapide à la diapo suivante. Je vous accorde que la phrase « On en conclut que l’enfant apprend à lire de façon spontanée par simple exposition » est un raccourci qui ne rend pas justice à la pensée et aux préconisations de Freinet. Il n’en reste pas moins que l’idée selon laquelle l’enfant peut apprendre à lire et écrire de la même manière qu’il apprend à parler, soutenue sans aucun doute possible par Freinet, est fausse, archi-fausse. C’était là mon propos. En revanche, je n’ai rien dit sur la personne de Freinet (j’ai au contraire indiqué qu’il avait dit des choses très intéressantes), mes propos ne sont donc aucunement « calomnieux ». Je n’ai rien dit sur les pédagogies inspirées de Freinet. Je n’ai même rien dit sur l’efficacité des méthodes d’écriture-lecture actuelles inspirées de Freinet ».