Alors que JM Blanquer annonce la mise en place rapide du dispositif « devoirs faits », qui devrait accueillir au collège les élèves dans des études du soir, l’OCDE publie une intéressante étude sur le temps de travail des collégiens. Si l’on en croit l’OCDE, il n’y a pas de lien mathématique entre le temps passé au travail scolaire et le niveau obtenu. Et cela dépend en grande partie du temps consacré aux travaux d’après la classe. Pour l’OCDE ce n’est pas hors de la classe que l’on peut améliorer les résultats scolaires…
La solution « Devoirs faits »
« Oui, les devoirs, c’est important. On a besoin de faire des exercices, d’apprendre des choses par cœur… Bref, d’avoir un travail individuel autonome ». Sur RTL, le 30 mai, JM Blanquer, nouveau ministre de l’éducation nationale, annonce le dispositif « Devoirs faits ». L’année prochaine les collèges proposeront aux élèves volontaires un temps d’étude pour faire les devoirs présentés parle ministre comme « importants ».
Mais est-ce si sur ? Le 7 juin, le Café pédagogique citait P Rayou. » Il ne semble pas que les devoirs soient utiles aux élèves qui ont le plus besoin de compléter des apprentissages qui n’ont pas été convenablement mis en place pendant les séquences de cours », écrivait-il. « Beaucoup des élèves que nous avons vus, notamment dans des aides aux devoirs, s’acquittent très scrupuleusement de leur tâche, mais si leurs difficultés d’apprentissage au cœur de la classe, au milieu de leurs pairs, persistent, ils peuvent finir par penser qu’ils sont « nuls ». Ils se débarrassent alors de ce qui ne constitue plus qu’un pensum, voire ne font plus leur travail. Ce qui ne fait en effet que creuser les inégalités d’apprentissage ».
De forts écarts de temps scolaire selon les pays
Dans un nouveau numéro de Pisa à la loupe, l’OCDE apporte un nouvel éclairage sur cette question. L’organisation a demandé aux collégiens ou parfois jeunes lycéens (élèves âgés de 15 ans) quel était leur temps de cours et quel était leur temps de travail hebdomadaire après les cours.
Le tout cumulé se chiffre à environ 44 heures de travail scolaire hebdomadaire en moyenne. Mais cela va de 36 (Finlande) à 58h (Emirats arabes unis) , en grande partie en raison de la durée variable des travaux scolaires à la maison.
Dans les Emirats arabes unis, en Chine, en Tunisie, en Thaïlande, en Corée, les jeunes passent presque tout leur temps disponible à étudier. A l’autre extrémité, les Finlandais, les Allemands, les Suisses , les Uruguayens passent peu de temps au travail scolaire, en grande partie parce que le travail à la maison est beaucoup moins long. La France est dans une position un peu inférieure à la moyenne Ocde.
Pas de lien entre temps scolaire et niveau
Quels pays obtiennent les meilleurs résultats ? D’après l’OCDE il n’y a pas de lien entre le temps de travail scolaire global et le niveau atteint.
Ainsi dans les pays ayant le plus fort niveau on va trouver Singapour, où les élèves consacrent plus de 50 heures par semaine au travail scolaire, ou le Canada mais aussi tout le bloc des dilettantes, Finlande en tête, où on retrouve l’Allemagne, le Japon, les Pays Bas, la Nouvelle Zélande…
Travailler après les cours est peu efficace
Comment expliquer cela ? L’OCDE s’est attaché à calculer l’efficacité du travail scolaire après les cours. Pour l’organisation, elle n’a rien d’évident. L’organisation calcule même que plus il est long moins il est efficace. Pour chaque heure de devoirs en plus le score baisse de 20%.
La conclusion de l’Ocde ne surprendra pas les enseignants, mais peut-être les ministres… « Etudier et apprendre après l’école peut être inéquitable .. Ca peut aussi être la façon la moins efficace d’atteindre le niveau attendu. Pour aider les élèves, il faut redoubler d’efforts pour que le temps scolaire soit productif ». C’est dans la salle de classe qu’il faut améliorer les conditions d’enseignement. Mais c’est plus couteux que des retraités ou des jeunes du service civique après l’école…
François Jarraud