« On doit relever la tête. On est en capacité de gagner ». A quelques mois des élections, la ministre de l’Education nationale a dressé un bilan élogieux de la politique éducative du quinquennat Hollande et surtout de son action. Un bilan qu’elle n’a pas manqué, avec fougue, d’opposer à « l’école au rabais » de l’opposition. Au risque de politiser davantage la politique éducative, un défaut qu’elle attribue à ses opposants…
« Certains veulent une école au rabais »
» En cette rentrée 2016, la Refondation n’est plus un texte de loi, des mesures et des réformes annoncées : c’est une réalité. Et comme souvent, avec la réalité, vont s’évanouir des inquiétudes et des fantasmes, quand ce n’était pas de la désinformation volontaire ». Le ton est donné dès les premières phrases du discours de rentrée. N Vallaud-Belkacem contre attaque et tacle avec fougue l’opposition.
Selon elle, la rentrée c’est « une école meilleure, un collège meilleur, résultats d’une politique éducative ambitieuse comme notre pays n’en avait pas connue depuis longtemps ». Voilà pour son action sur laquelle on va revenir.
Sur l’opposition, la ministre multiplie les droites. » Lorsque l’on a fragilisé l’école, en supprimant 80 000 postes et la formation des enseignants, lorsque l’on promet à la fonction publique une purge austéritaire à laquelle l’école n’échappera pas, on essaie au moins de parler de l’école telle qu’elle est en 2016″, lance-t-elle.
» Certains veulent une école au rabais : moins de professeurs, moins de moyens, et le sacrifice délibéré d’une partie de la jeunesse pour ne privilégier que la réussite de quelques-uns… C’est le monde d’hier, monde de l’injustice et de l’indécence que certains veulent réhabiliter. Un monde où une minorité d’élèves bénéficiait, comme c’était le cas jusque dans les années 60, de la chance d’aller au collège, ajoute-elle.
Une politique de gauche
Car la ministre oppose sa politique à celle de l’opposition et particulièrement sur la justice sociale. » Avec toutes les mesures mises en œuvre, nous pouvons regarder un élève dans les yeux, d’où qu’il vienne, et lui dire que oui, la devise inscrite sur le fronton de nos établissements a un sens ! Que oui, l’égalité n’est pas un vain mot ! », affirme -t-elle.
Ces mesures c’est la réforme de l’éducation prioritaire et celle de l’allocation des moyens aux établissements « pour mettre au service de l’égalité une inégalité dans la répartition des moyens ». En effet le ministère a attribué aux académies à cette rentrée un millier de postes sur des critères sociaux, renforçant les moyens dans les académies peu favorisées comme Créteil. Dans cette académie, relève la ministre, avec 3160 élèves supplémentaires, il y a 650 postes supplémentaires. La ministre souligne aussi la hausse des fonds sociaux (+8 millions) et des bourses des lycées (+10%).
Elle défend sa politique de mixité sociale qui « part du territoire ». Dans 25 communes des secteurs multi collège sont en préparation avec l’aides des collectivités locales. Elle relève qu’il y a moins de demandes de départ des établissements d’éducation prioritaire : on serait passé de 92% de demandes à 70%…
Elle oppose des politiques menées par des collectivités locales de droite depuis les dernières élections : suppression des bourses départementales dans le 76 et l’Eure ou de la gratuité des transports scolaires (Pyrénées atlantiques et Cher). » Enfin, je la gardais pour la fin, car c’est la plus savoureuse : que dire quand le département le plus riche de France, Les Hauts de Seine, supprime l’aide aux transports scolaires de plus de 2000 collégiens boursiers ? »
Une réforme du collège « pragmatique »..
La réforme du collège est un autre point central du discours. C’est la réforme que la ministre a porté. « Le collège 2016, c’est, sur deux ans, la création de 4000 postes. Le collège 2016, c’est aussi 3h d’accompagnement personnalisé en 6ème, et 1 à 2h, selon les besoins, en 5ème, en 4ème et en 3ème. Le collège 2016, ce sont des enseignements pratiques interdisciplinaires, qui viennent non pas se substituer aux enseignements disciplinaires, mais les renforcer, en alternant à la fois les enseignements en cours et la pédagogie de projet », explique N Vallaud-Belkacem.
Elle vante une réforme « pragmatique » et « à l’écoute » des enseignants. Elle défend « le maintien des bilangues de continuité » aux dépens des « bilangues de contournement ». Elle annonce défendre les langues anciennes en les offrant à 70% des collégiens au lieu de 18%.
Quant à la grève annoncée par le Snes, elle estime que seuls 5 à 10% des collèges font l’objet de « réticences véritables » par rapport à la réforme. « Il sont levés progressivement par la réalité… Là où les certains enseignants ne sont pas prêts pour les EPI et l’accompagnement personnalisé, on enverra des inspecteurs et des formateurs pour els accompagner »…
La priorité au primaire
Autre point fort du discours, la priorité au primaire. » La réalité de la priorité au primaire, c’est l’arrivée, dans le premier degré, entre 2013 et 2016, d’un poste créé pour cinq élèves supplémentaires. Et sur la même période, dans le second degré, nous avons créé un poste pour 14 élèves supplémentaires !… J’ai fait mettre, dans votre dossier de presse, un tableau rappelant la réalité de la dépense intérieure d’éducation. Voilà des années que l’on savait qu’il fallait la rééquilibrer en faveur du primaire, eh bien vous constaterez que c’est le cas, grâce à ce quinquennat. Nous l’avons augmenté, sur cette période, de 10% dans son ensemble, mais nous avons fait un effort particulier pour l’École Primaire. L’École primaire connaît donc une hausse de 12%, quand elle est de 7% pour le collège et de 4% pour le lycée. »
Son bilan c’est aussi, avec les créations de postes, la revalorisation des enseignants avec l’ISAE (une prime de 1200 € versée aux professeurs des écoles) et l’accord PPCR qui permettra d’avoir « des personnels dorénavant mieux rémunérés que la moyenne de l’OCDE ». Mais ça ce sera à partir de 2017. Si l’effort est maintenu…
François Jarraud