Jérome Decuq est professeur d’anglais au Lycée Marcel Cachin de Saint Ouen, en Seine-Saint-Denis. Samedi en début d’après-midi, sans doute comme beaucoup d’enseignants, il s’interrogeait sur ce qu’il allait pouvoir dire aux élèves en les retrouvant en début de semaine.
« Je suis prof d’anglais. Je ne suis donc pas le premier concerné. Mais je sais qu’il faudra en parler avec les élèves.
Comment je vais m’y prendre ? J’y réfléchis. Après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et contre l’Hyper Cacher, j’avais choisi d’inscrire une citation au tableau pour lancer la discussion. Je vais essayer de trouver une autre citation parlante de Martin Luther King ou de Gandhi par exemple.
De toute façon, en janvier, vue ma mine, les conversations avaient souvent commencé par : « How are you feeling today ? ». Elles avaient dérivé à partir de là, puisque j’ai également pu leur retourner la question.
J’estime que je ne suis pas là pour imposer mon point de vue, plutôt pour guider et recadrer la conversation. Je laisse d’abord réagir les élèves. Si je me réfère à ce qui s’est passé la dernière fois, les élèves ont eu des paroles très fortes et pertinentes.
Clairement, cette fois encore, je ne vais pas tenir un discours. Je vais donner la parole aux élèves, partir des émotions, puis je vais voir ce qui vient. On va essayer d’avancer intelligemment autour de ça.
On sait encore peu de choses sur les coupables. Même si dans les discours officiels, on va éviter les amalgames, derrière, il y en aura inévitablement. Et il y aura les regards que les gens peuvent jeter… Il faudra sans doute évoquer ce sujet en classe.
Pour moi, ça doit être un moment d’échange. On va être ensemble. En janvier dernier, cela avait abouti à des moments intenses et des discours très sensés.
Mais il y avait déjà une grosse ambiance de tristesse. Cette fois, ça va être encore pesant, même plus pesant, pour les élèves comme pour moi. »
Propos recueillis par Véronique Soulé