Par Antonina Bourbier
Les répressions staliniennes, le Goulag, la Lubianka, les charachki et autres lieux institutionnels emblématiques de l’époque soviétique restent incontournables dans l’étude de la civilisation russe. Nombre d’œuvres littéraires et d’archives y sont consacrées.
Ce nouveau numéro est consacré à la terreur de l’époque stalinienne. Le titre de la une est emprunté à l’intitulé du site topos.memo.ru qui pourrait servir en classe de russe de document iconographique en vue d’introduire et de compléter la notion » Lieux et formes du pouvoir « .
Ce mensuel n’a pas la prétention de proposer une liste exhaustive de sites ou d’ouvrages de référence. Vous y trouverez seulement quelques pistes d’exploitation de ce thème avec vos élèves ou vos étudiants.
Topos.memo.ru
Nous associons souvent la terreur stalinienne aux camps soviétiques et surtout au Goulag. Or, c’est à Moscou que les rafles ont débuté, par la suite elles se sont propagées sur le reste du territoire de l’URSS. Le site » Mémorial » (en russe uniquement) en collaboration avec les Archives publiques de la Fédération de Russie nous donne un aperçu terrifiant des lieux institutionnels ou officieux de détention et d’exécution des prévenus et accusés.
Vous pouvez consulter la carte de ces lieux en vous référent aux codes couleur. En vert vous avez les charachki, en orange les camps de concentration des années 20, en rouge des lieux d’exécution de masse, en gris des fosses communes, en violet des lieux de détention.
Afin d’approfondir, vous pouvez aller vers la version » texte » :
http://topos.memo.ru/kategoriya/vse-materialy
Charachka
S’il n’est pas indispensable de faire une présentation particulière des compétences des lieux carcéraux tels que les camps de concentration ou les prisons, le terme » charachka » laisse perplexes les élèves ayant débuté l’étude de la notion.
Il serait probablement judicieux d’expliquer l’origine du mot et sa double orthographe « charachka / charajka ».
Le site http://topos.memo.ru, propose des pistes d’étude et met en chapeau la fameuse citation de Soljenitsyne où il définit la charachka comme un lieu particulier dans l’enfer de Dante.
Si les élèves étudient le sujet via les œuvres littéraires, ils devront comprendre que cette multitude de « bureaux spéciaux de construction » ne sont rien d’autre que des prisons spéciales servant de laboratoires secrets où des scientifiques et chercheurs soviétiques travaillaient sous contrainte et sans aucun droit d’auteur.
Quelques œuvres incontournables pour aborder le sujet :
Alexandre Soljenitsyne » Le premier cercle » :
http://lib.ru/PROZA/SOLZHENICYN/vkp1.txt
Un téléfilm hyponyme a été tourné sur la télévision russe (chaîne Rossiya). Un site y est dédié où vous pouvez consulter quelques photos, vidéos et interviews en accès libre :
Boris Gouber » La charachka » :
http://www.ruthenia.ru/sovlit/c/1019348.html
Lev Kopelev » La lettre ouverte à A. Soljenitsyne « , écrite en 1958 (au format pdf.) :
http://imwerden.de/pdf/syntaxis_37_pismo_kopeleva_solzhenicynu.pdf
Lev Kopelev « Outoli moi petchali » :
http://www.imwerden.info/belousenko/books/kopelev/kopelev_utoli.htm
La Loubianka, un lieu qui fait peur
La place Loubianka de Moscou serait un lieu paisible si elle n’avait pas abrité le quartier-général du NKVD (plus tard le KGB) et n’avait pas fait office d’une prison interne des services de renseignement soviétiques. Par métonymie, l’immeuble de cette institution, aux caves où se sont déroulées un grand nombre d’exécutions et de tortures, est appelé la Loubianka. Ce terme est toujours utilisé dans la presse pour nommer les services du FSB. Vous pouvez utiliser en classe le site de Wikipedia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Loubianka_%28immeuble%29
Ou suivez le lien du site topos.memo.ru qui propose outre l’histoire de l’immeuble et quelques photos d’époque, un témoignage de Soussana Petchouro ainsi qu’une vidéo où Vladimir Kantovskii parle de son arrestation et son arrivée au bâtiment de la Petite Loubianka :
http://topos.memo.ru/tyurma-moskovskogo-oblastnogo-upravleniya-nkvd
L’article 58 du code pénal de la RSFSR
Ce tristement célèbre article du code pénal instaurant la notion d' »ennemi du peuple » a permis de qualifier toute activité suspecte d’activité contre-révolutionnaire et d’arrêter des millions de personnes.
Le journal Novaya Gazeta a publié entre 2011 et 2012 un projet spécial dirigé par Elena Ratcheva intitulé » 58-ya. Neiz’yatoe ». La rubrique en 12 épisodes au total était consacrée aux affaires que les prisonniers ont pu garder et sortir des camps et prisons. Ce ne sont pas de simples articles de presse, ce sont des visages, des objets, l’expérience même de l’époque du Goulag.
http://www.novayagazeta.ru/topics/16.html?p=1
L’auteur de la rubrique en coécriture avec Anna Artem’eva ont publié cette année le livre » 58-ya. Neiz’yatoe. Istorii ludej, kotorye perezhili to, tchego my bol’che vsego boimsia « :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153499867293464&set=a.101535[…]
Le musée du Goulag
La radio Svoboda informe de l’ouverture du musée de l’histoire du Goulag dans un nouveau bâtiment. Même si le musée existe depuis 14 ans à Moscou, les nouveaux locaux proposent plus de 3000 m2 d’archives et d’expositions.
Dans le billet, vous trouverez deux podcasts, celui où Egor Laritchev, directeur adjoint du musée parle de son travail de réorganisation artistique et de design, ainsi que l’interview de l’historien Il’ya Oudovitchenko sur la mission du musée. Les fichiers son sont téléchargeables.
http://www.svoboda.org/content/article/27335700.html
Le site officiel du musée :
Le projet « Apocalypse : Staline » sur France 2
France 2 a diffusé le mardi 3 novembre en soirée le dernier volet du projet Apocalypse d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle consacrés aux deux guerres mondiales, à Hitler et maintenant à Staline. Le volet sur à Staline est en trois parties.
France 2 a mis en ligne le site dédié au volet Staline. Vous y trouverez les épisodes en replay, des photos des évènements et des protagonistes, des affiches de propagande, et même la chronologie de l’ascension du dictateur, la bibliographie.