Victime collatérale des attentats parisiens, la campagne de recrutement des enseignants financée par le ministère de l’éducation nationale semble morte. S’il est trop tôt pour savoir quel impact cela aura sur les inscriptions aux concours, on peut au moins tirer des enseignements pour l’institution de cet événement sans précédent.
Nul ne connait le coût de la campagne lancée par le ministère de l’éducation nationale pour aider au recrutement de 25 000 enseignants en 2015. Mais tout le monde se souviendra de sa date de lancement. A partir du 7 janvier les spots devaient défiler sur 24 chaînes de télévision, dont les 6 chaines herziennes, jusqu’au 27 janvier. Le site « L’école change avec vous » appuie la campagne en donnant un tableau du métier enseignant tout droit sorti de la psychologie positive. L’Education nationale, le récent rapport de l’OCDE sur les réformes éducatives le confirme, s’inspirait d’exemples réussis de pays ayant misé sur une campagne publicitaire pour attirer de meilleurs étudiants vers les métiers de l’enseignement.
Tout cela s’est abimé suite aux attentas parisiens. La vague médiatique a enfoui les spots. Et les médias ont interpellé l’Ecole sur ses responsabilités dans la crise vécue par le pays. Au joli message des publicitaires, le « On a besoin de toi » susurré par des enfants aux boucles blondes, s’est surimposée l’image des banlieues en rébellion contre la République. Rarement discours publicitaire aura reçu un démenti aussi cinglant par les faits.
Pourtant c’est bien en banlieue que les nouveaux enseignants vont se retrouver. Et c’est bien en banlieue plus qu’ailleurs « qu’on a besoin de toi » ! Boucles blondes en moins, le discours publicitaires retrouve là de la crédibilité pour peu qu’on ose l’assumer. Il y a donc une vérité qui se dégage de cette campagne publicitaire. C’est qu’il faut aller au bout de la démarche vocationnelle pour recruter des enseignants. Oui il ya des étudiants qui vont trouver un sens à leur vie en entrant dans ce beau métier. Encore faut-il en montrer la réalité. Encore faut -il aussi reconnaitre les compétences nécessaires à ce métier dans les concours et ne pas écarter les candidats porteurs des qualités nécessaires dans des concours qui restent largement académiques.
François Jarraud