Depuis toujours, les Bohémiens inquiètent, fascinent, interrogent. La Bohème imprègne notre imaginaire collectif. Chantée, filmée, versifiée, exaltée, cent fois déclarée morte et toujours renaissante, la « Bohème » fait partie des mythes modernes. L’exposition du Grand Palais raconte l’histoire de la rencontre entre deux mythes, celui des bohémiens, et celui de la vie de bohème: d’un coté le Gitan, le Tsigane, le vagabond, de l’autre l’artiste, le bohème. Un voyage à travers quatre siècles de représentations artistiques: plus de 200 chefs- d’oeuvre issus de la peinture, de la musique, de la photographie et du cinéma font découvrir la vie de bohème dans une scénographie percutante. De nombreuses animations sont prévues, particulièrement pour le jeune public, très attendu, en famille, ou en visite scolaire. Cette exposition se veut un grand rendez-vous populaire, mêlant la fantaisie et la gravité, le spectacle et la mélancolie, la misère et la gloire.
Bohème au pluriel
L’exposition du Grand Palais a voulu écrire « Bohème » au pluriel pour relier ainsi, toutes les Bohèmes, celle des Bohémiens authentiques, « aux semelles de vent, venus de Dieu sait où, et allant toujours vers l’ailleurs », celle des poètes, peintres, musiciens, et autres « pauvres génies », misérables et fiers, sûrs de leurs talents et méprisants toutes conventions. Le parcours se déroule en deux temps. D’abord la représentation de ce peuple d’errants qui a toujours nourri l’inspiration des peintres, ensuite la façon dont les Bohémiens ont fasciné les artistes, notamment au 19 ème siècle, lorsque les écrivains, les poètes et les musiciens se sont identifiés à cette figure de liberté. Ces deux aspects du » bohémianisme », terme inventé par Baudelaire, sont indissociables.
Une longue route
» Si tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d’où tu viens », ce proverbe rom accueille les visiteurs qui vont parcourir le temps, emprunter la longue route qui les mène du XV ème siècle au XX ème siècle. Les murs, couleurs de poussière brun ocre pour symboliser l’errance, regorgent de chefs-d’oeuvre, « Un homme trompé par les Tsiganes » de Léonard de Vinci en 1493, sorti de « la Royal Collection » de Londres, » La petite Bohémienne » de Broccasino l’Ancien en 1505, venue des Offices de Florence, » La Diseuse de bonne aventure » de Georges de la Tour en 1630, prêtée par le Métropolitan Museum of Art de New-york, et bien d’autres…venus du monde entier. A l’intérieur du parcours, des sections thématiques mettent en lumière des points plus précis: la figure de la Bohémienne, la femme mi-ange mi-démon, le rapport à la nature, le thème de l’errance, le rapport à la musique, l’univers de la fête…le visiteur croise les représentations les plus pittoresques de ce peuple errant.
Un espace théâtral
L’escalier très majestueux du Grand Palais, qui relie les deux parties de l’exposition, est consacré à la musique, au spectacle, à la fiction. Franz Liszt et son traité sur la musique hongroise, Victor Hugo et Esméralda, Mérimé, BIzet et Carmen sont célébrés à travers des manuscrits, partitions, affiches d’époque.
La vie de bohème
La seconde partie du parcours traite du « bohémianisme ». Il s’agit dans cette section d’évoquer, comment en quelques décennies, s’est construit ce mythe moderne de la bohème, comment elle s’incarne dans des lieux emblématiques de Paris, à travers des artistes, et un mode de vie.
Le visiteur pénètre dans une mansarde. Plinthes et bandeaux de cheminée ont été arrachés, sur les murs aux papiers déchirés, des tableaux illustrent le désespoir et la précarité. Plus loin, un atelier où les tableaux sont posés sur des chevalets. Une pièce est consacrée à la représentation musicale et littéraire des « scènes de la vie de bohème »: partitions et aquarelles évoquent l’opéra de Puccini. Une salle est spécialement dédiée à Rimbaud et à Verlaine, les deux personnalités hors du commun qui incarnent la bohème de 1870 à 1896. Et après avoir lu et relu leurs écrits sublimant la vie de bohème, le visiteur est plongé dans l’atmosphère des cabarets et des cafés, où les artistes réinventaient le monde. Il peut s’attabler dans l’un d’eux, laisser son esprit vagabonder, et contempler des tableaux de gitanes et de buveurs d’absinthe, signés Picasso, Toulouse-Lautrec, Degas, Kees van Dongen… et bien d’autres; A la sortie du café, le visiteur, de retour sur une longue route poussiéreuse, est confronté à la tragédie de ce peuple nomade, qui vécut un génocide à l’époque nazie: plus de 600 000 Tsiganes furent exterminés. Photographies et films relatent cette période douloureuse. Le proverbe rom, « Dieu voit tout, mais ne dit rien », clôt le parcours.
Visiter l’exposition en famille
Une visite guidée 360° , accessible gratuitement sur le site du Grand Palais, permet à tous les publics de découvrir l’exposition en compagnie d’une conférencière. Un parcours enfants aborde de manière ludique une vingtaine d’oeuvres majeures de l’exposition, afin de permettre au jeune public de comprendre la profonde transformation du statut de l’artiste dès le milieu du XIX ème siècle ainsi que l’apport fondamental des peuples nomades à la construction de l’identité européenne. Des visites guidées en famille, à partir de 5 ans, sont prévues, sans réservation, les mercredis et samedis à 15 heures. Une visite contée est proposée aux enfants de (à 7ans, et une visite-atelier, « Mon portrait bohèmes » aux 8-11 ans, seuls les enfants participent à ces activités. Des séances supplémentaires sont prévues pendant les vacances scolaires. Un jeu en ligne, « Ma BD Bohèmes », est à la disposition des jeunes, afin qu’ils créent leur bande dessinée à partir d’une sélection d’oeuvres de l’exposition. Inventer une histoire, l’enrichir de dialogues, la mettre en couleur, leur imagination est mise à contribution, tout en s’appropriant des oeuvres de l’artiste.
Pour le public scolaire
Un copieux dossier pédagogique d’une trentaine de pages est à la disposition des enseignants. Il présente l’exposition, et propose des pistes de travail et d’études avant et après la visite. Des visites guidées sont proposées aux élèves, de la grande section de maternelle au lycée, ainsi que des visites « studio » où un conférencier commente, dans le studio de projection, l’exposition et un choix d’oeuvres. Des visites contées sont prévues pour les écoliers. Les visites-ateliers sont programmées en fonction de l’âge des jeunes, « Ma carte bohème » et » Mon portrait Bohème » pour les écoliers, « Paroles et musiques bohèmes » pour les collégiens et les lycéens.
Béatrice Flammang
Le site de l’exposition « Bohèmes »
Le dossier pédagogique de l’exposition « Bohèmes »