Par François Jarraud
L’école du futur est forcément dans les Hauts-de-Seine ! Mardi 6 mars, le ministre de l’éducation nationale visitait l’école Robert Doisneau de Boulogne-Billancourt, une école élémentaire bilingue qui est la vitrine de la politique des langues du ministère. Mais chaque vitrine a ses reflets…
« Bienvenue à l’école du futur ! » C’est par ces mots que Luc Chatel a introduit la presse dans l’école primaire R. Doisneau de Boulogne-Billancourt. Une école qui pousse au coeur d’un nouveau quartier construit sur les anciens terrains Renault. Une école neuve au milieu d’immeubles neufs, où la cour de récréation est au coeur du bâtiment, comprenez au 3ème étage. L’école compte 200 enfants en maternelle et 190 en élémentaire.
Un projet pédagogique
Pour Luc Chatel, l’école du futur est celle « de l’autonomie et des moyens nouveaux pour le chef d’établissement ». Dans cette école qui utilise l’article 34 de la loi de 2005 (article qui permet l’innovation pédagogique contrôlée), les enfants reçoivent un enseignement renforcé en anglais. Cynthia Davigny, professeure en CM1, nous explique qu’en plus de l’enseignement d’anglais réglementaire (1h30), les enfants bénéficient du soutien de locuteurs natifs. Mais, avec cette maitresse totalement bilingue, l’anglais s’insinue partout. Les enfants bénéficient d’un accueil de 30 minutes le matin qui est en anglais et toutes les consignes durant toute la journée sont données en anglais. « Cela encourage les enfants à parler » note-elle et effectivement les enfants interviennent volontiers dans cette langue. Elle note aussi d’autres effets positifs. « Cela développe leur écoute et leur attention. Ils sont plus concentrés ».
Initiateur et porteur du projet, le directeur, Pierre Gain, a été nommé à la tête de l’école pour le construire. Pour enseigner à Doisneau il faut être bilingue et s’impliquer dans le projet. Toute l’équipe enseignante est recrutée sur postes à profil. « Cette année nous proposons 4 postes et nous avons déjà 35 demandes », nous confie-t-il. L’objectif c’est bien sur d’assurer aux enfants un bon niveau d’anglais. Mais au-delà de favoriser leur spontanéité et d’impliquer les parents dans leurs apprentissages. La sensibilisation à l’anglais commence en moyenne section de maternelle. En grande section les enfants ont deux heures d’anglais par jour « ce qui leur assure un vrai bain linguistique » avec l’aide des assistants linguistiques.
Un partenariat local
Car l’école repose sur un important partenariat avec la ville de Boulogne-Billancourt. Le maire , Pierre-Christophe Baguet, vante les 34 millions d’euros investis par la commune dans l’éducation. Elle emploie 600 agents dans els écoles, alors que l’Etat n’y fait travailler que 400 enseignants. Dans ce projet, la ville paye 10 des 13 assistants de langues et les loge tous.
M. Guéant dans la vitrine
Pourtant l’Etat fait des efforts pour les Hauts-de-Seine. C’est un des très rares départements à compter plus d’ouvertures que de fermetures de classes dans le primaire et c’est celui où l’écart est le plus positif avec 42 ouvertures. Alain Boissinot, recteur de Versailles, nous a confié qu’il a du supprimer une soixantaine de postes d’assistants de langues dans son académie. Mais « cela n’aura pas d’effet » car les postes supprimés « n’étaient pas utilisés ». A Boulogne, comme à Levallois-Perret, la municipalité a de toutes façons largement remplacé l’Etat.
Luc Chatel explique qu’il applique les recommandations du rapport Halimi en faveur d’une sensibilisation précoce aux langues vivantes. Qu’il réduit au seul anglais. « Qu’on le veuille ou non il se trouve que l’anglais est la langue de communication internationale et les enfants auront un jour à l’utiliser », explique-t-il. Le rapport souligne pourtant que la grande majorité des professeurs des écoles ne sont pas capables d’enseigner une langue vivante et que les « locuteurs natifs » ne savent pas enseigner. Deux affirmations reformulées par une assistante de langue qui a regretté de na pas avoir été formée. Elle a remercié les enseignants français pour leur aide au quotidien et salué leurs efforts pour enseigner une langue qu’ils maitrisent si mal… Le ministre a décliné toute question sur le primaire et l’enseignement des langues. Il a remercié Claude Guéant. C’est l’appui personnel du ministre de l’intérieur qui a permis de faire entrer les assistants de langues à qui on refusait un visa. L’école du futur c’est aussi cela.
François Jarraud