Par Antoine Maurice
Etre professeur d’éducation physique et sportive en 2009 – interrogation réalisée en mai juin 2009 auprès de 900 professeurs d’éducation physique et sportive dans les collèges et lycées publics
Etre prof d’EPS en 2009 ? 149 pages sur le métier d’enseignant (e) d’EPS ! Vous allez enfin pouvoir savoir ce que pensent les profs d’EPS ? Plus sérieusement, nous vous proposons ici une synthèse de cette enquête mais aussi notre point de vue !
Le cadre de l’enquête
L’enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 900 collègues d’éducation physique et sportive, enseignant en collège et en lycée en mai et juin 2009. Cette dernière a été réalisée dans le cadre d’un partenariat signé entre la DEPP (direction de l’évaluation de la prospective et de la performance) et la MGEN (intitulé : « la santé et la prévoyance des aléas professionnels des personnels de l’éducation nationale »), dans le but d’améliorer la connaissance des postes et conditions de travail des personnels de l’éducation nationale et de leur état de santé.
Cette première enquête porte donc sur les enseignants d’EPS, leurs conditions de travail, leurs représentations, leurs problèmes de santé et le climat de l’établissement où ils exercent.
Synthèse
Description générale
L’EPS apparaît comme une discipline plus masculine que les autres, puisque 54% des enseignants sont des hommes. 92% des professeurs d’EPS appartiennent au corps des professeurs d’EPS, et ils sont dans leur établissement actuel depuis en moyenne 10 ans, concernant leur mobilité (ou stabilité), les chiffres sont quasiment identiques à ceux qui avaient été observés en 2008 pour l’ensemble des enseignants du second degré.
6% des professeurs d’EPS sont en service partagé, ce taux est plus important parmi les enseignants exerçant depuis moins de 10 ans (12%)
Autre chiffre important, celui de l’AS en effet, 95% des enseignants d’EPS (88% des temps pleins et 7% des temps partiels) ont choisi le forfait de l’association sportive.
Les installations sportives au sein des établissements
40% (nous éviterons le « seulement » placé avant les 40% dans la synthèse) des professeurs d’EPS estiment ne pas disposer d’installations sportives adaptées à leur travail. De plus, 48% des enseignants trouvent que le manque d’installations sportives adaptées représente un point plus négatif du métier. Par contre, 86% des professeurs trouvent que la distance à parcourir pour accéder aux installations sportives est satisfaisante.
Une discipline à risques
Les avis semblent unanimes au regard des 90% de la profession, qui partagent l’idée d’exercer un métier où les risques encourus par les élèves et par eux-mêmes sont plus importants que pour les autres disciplines.
De plus, il semble que l’un des enseignements de cette enquête réside dans la récurrence des ennuis de santé des professeurs d’EPS, et ceci en lien direct avec l’exercice de leur discipline (46% et jusqu’à 70% pour les enseignants de plus de 50ans)
L’image et la satisfaction vis-à-vis du métier
77% des enseignants ont choisi de se qualifier comme des éducateurs plutôt que des entraîneurs (17%), de plus les enseignants n’hésitent pas à souligner la forte valeur éducative de leur métier.
Concernant le rapport aux autres disciplines, ils semblent qu’un manque de considération de leur discipline soit ressentie, cela semble ainsi être l’un des principaux points négatifs.
La satisfaction des professeurs d’EPS
84% des professeurs d’EPS se déclarent satisfaits de leur expérience professionnelle, notamment grâce au rapport privilégié avec les élèves, qui transparaît parmi les avantages perçus du métier. Ainsi, l’un des principaux avantages de la discipline est, à leurs yeux, de profiter de relations pédagogiques privilégiées avec les élèves, relations bénéfiques aussi bien pour les élèves que pour les enseignants.
Cependant, selon 77% des professeurs d’EPS, le volume horaire de leur discipline est trop faible.
Autre point important le moral des enseignants ! En effet, on rencontre 23% des enseignants avec un moral qu’ils qualifient de moyen (16%), médiocre (6%) voire exécrable (1%). Ceci étant surement en corrélation avec les 54% des enseignants qui trouvent que leurs conditions d’exercices s’est dégradées. Ou encore avec les 68% d’entre eux qui sont pessimistes quant à l’avenir de l’EPS, et même 83% quand à celui du système éducatif.
Les attentes
Deux principaux aspects ressortent des propositions. La première concerne la reconnaissance en haut lieu de la spécificité de la discipline est considérée comme une mesure très importante pour 68% des professeurs. La deuxième, précise l’importance de faire évoluer les considérations notamment concernant la reconnaissance du statut de profession à risques pour les enseignants.
Les 6 enseignements majeurs de cette étude
Les professeurs d’EPS sont globalement satisfaits de leur métier et apprécient leur discipline, notamment en la pratiquant et en s’investissant en dehors du cadre scolaire mais également en y voyant de réelles vertus pédagogiques.
Leur métier est un métier à risques, aussi bien pour eux que pour leurs élèves. Ils sont d’ailleurs en attente de la reconnaissance d’un statut de métier à risques.
Ils sont très nombreux à souffrir de problèmes de santé liés à la pratique de leur discipline et ce, relativement tôt dans leur carrière.
Ils perçoivent l’EPS comme une discipline à part, différente des autres disciplines, notamment en raison des relations pédagogiques particulières qu’ils ont avec leurs élèves.
Nombre d’entre eux soulignent la moindre reconnaissance de leur discipline de la part des élèves, des parents mais également des autres enseignants, engendrant un risque de repli.
Enfin, on retiendra, pour une part non négligeable des professeurs d’EPS, une dégradation des conditions d’exercice et/ou du climat dans les établissements ainsi que du moral de certains, traduisant un sentiment qui mérite d’être pris en compte.
Un point de vue
Tout d’abord, nous ne pouvons que souligner la démarche qui a le mérite d’exister, et qui montre une certaine considération envers les enseignants et plus particulièrement les enseignants d’éducation physique et sportive. Maintenant, on peut aussi se questionner sur l’usage qui sera fait de cette enquête…
Ensuite, nous éviterons de revenir sur la méthodologie utilisée lors de cette étude, même si leurs objectivités peut-être logiquement questionnée (si on se réfère aux 7 responsabilités exercées dans le cadre scolaire, l’enquête propose « la responsabilité d’une option lycée » (28% seulement de la corporation), par contre aucune référence aux responsabilités au niveau du conseil d’administration, ou à l’association sportive, ou à la coordination)…
De plus, si l’enquête permet de montrer de nombreuses choses, elle laisse aussi la place à d’autres analyses ou des pistes de réflexion.
Tout d’abord en ce qui concerne l’association sportive, signe fort, s’il en fallait un de plus, l’enquête précise que 95% des enseignants ont choisi d’effectuer leur forfait d’AS, forfait qui n’est pourtant pas obligatoire, ce qu’il montre bien, l’ancrage, et la volonté d’un véritable sport scolaire!
Deuxième point, plusieurs fois l’enquête montre que les enseignants exerçant depuis moins de 10 ans subissent certaines difficultés (service partagé pour 12% d’entre eux, problèmes de santé arrivant rapidement dans la carrière (46% avant 35 ans), etc…) Et ceci, en lien direct avec la santé des enseignants et cette piste qui est lancée « il conviendra de s’interroger sur les solutions à apporter à ces risques spécifiques » ! Il ne nous reste plus qu’à attendre les solutions…
Concernant, les 40% des professeurs d’EPS qui estiment ne pas disposer d’installations sportives adaptées à leur travail, il semble évident de ne pas sous estimés ce chiffre, notamment en lien avec les exigences institutionnelles (savoir nager, différentes groupements, etc.). Le problème est évidemment structurel, toutefois on peut s’inquiéter de l’absence de prise en compte de cette composante, à la base de notre enseignement !
La question de la perception de la discipline ! Il semble en effet, que la discipline s’est toujours interrogée, questionnée, ou peut être même complexée, de sa place dans le système éducatif par rapport aux autres disciplines. Toutefois, il semble que sur ce point, la discipline a énormément évolué ses dernières années. Même si la question a raison d’être, il convient de mettre en avant certaines spécificités propres à l’éducation physique. La première résidant dans le fait que l’éducation physique et sportive est la seule discipline qui a pour objet le corps, et par conséquent, la seule discipline où l’élève s’exprime par ce dernier. Ce même corps qui est soumit à une certaine orthodoxie dans les autres disciplines (posture, et positionnement assis, derrière un bureau).
Enfin, la question de la vision à long terme de l’éducation physique et sportive et plus particulière de l’école, montre également, qu’il existe sans aucun doute un certain malaise au sein des enseignants et pas seulement ceux d’éducation physique, malaise qu’il conviendrait de prendre en compte au plus vite…
L’enquête
http://www.education.gouv.fr/cid50749/etre-professeur-educat[…]