Par Monique Royer
A Rivedoux-Plage, village à l’entrée de l’Ile de Ré, l’école occupe une place particulière tout près de la plage et au cœur de la politique municipale. Car, comme pour beaucoup de communes modestes, l’école est un lieu de vie et de lien social pour les enfants et les familles. Julie Foulquier, adjointe aux affaires scolaires nous a ouvert la porte de la politique scolaire communale.
Le village et son école
La population rivedousaise est en croissance constante avec plus de 2300 habitants aujourd’hui, mêlant rétais de souche et nouveaux arrivants attirés pour la plupart par le cadre de vie prometteur. L’école reflète ce brassage d’où émerge pourtant une certaine homogénéité. Les dernières évaluations de cm2 présentaient un taux de réussite de l’ordre de 87,6%.
Le groupe scolaire accueille 161 enfants répartis dans 3 classes maternelles et quatre de niveau élémentaire. Sa gestion est une affaire transversale : trois adjoints exercent leurs compétences pour les travaux et l’entretien, la gestion des personnels communaux et les affaires scolaires. Le Maire, Patrice Raffarin, enseignant en collège estampillé Zep et en IUFM s’implique aussi fortement pour impulser une dynamique scolaire. Depuis la rentrée, plusieurs initiatives ont vu le jour dans la livraison d’un tableau blanc interactif et la mise en place d’une aide aux leçons. Un accueil périscolaire est proposé, matin et soir, un centre de loisirs accueille les enfants sur certaines périodes de vacances.
Projets partagés ou frontière académique ?
Mais la volonté politique s’estompe là où la pédagogie commence et, pour qu’elle se traduise d’effets, le relais doit être pris par les enseignants. Il s’avère timide pour le TBI et progressif pour l’aide aux leçons. Mise en place dans le cadre de l’accueil périscolaire, l’aide aux leçons est animée par des bénévoles de Ré clé ré, association de lutte contre l’illettrisme. Pour Julie Foulquier, il s’agit de « débloquer là où ça coince », de proposer une autre façon d’apprendre, dans le prolongement de la journée d’école mais dans un autre cadre et avec des méthodes différentes. Deux fois par semaine, des séances de 45 minutes sont ainsi organisées, exemptant parents et enfants de la course aux devoirs en rentrant à la maison. Pour les parents, ces séances permettent aussi de détecter ou de vérifier des difficultés rencontrées. Les enseignants constatent, de leur côté, des évolutions positives et échangent volontiers avec l’équipe de bénévoles.
Les initiatives peuvent aussi émerger de l’équipe pédagogique mais, bémol noté par Julie Foulquier, « rarement pour des projets à long terme ou transversaux ». Elles se traduisent par des demandes ponctuelles, de sorties pédagogiques, de matériel, reportées dans le budget voté en conseil municipal. Parallèlement, des partenariats avec l’école de voile ont été établis et des séjours en classe verte sont organisés chaque année. Les ambitions municipales en matière d’innovation scolaire ne trouvent pas toujours écho dans le rythme des projets pédagogiques, assagis par les contraintes académiques. Là encore, le tableau blanc interactif joue les symboles. Mis à disposition pour développer des pratiques innovantes, ludiques, à destination des enfants peu motivé par les méthodes classiques d’apprentissage, il suscite pour le moment peu d’usages. L’association de parents d’élèves, Récré-Actions, relaie quant à elle la curiosité des parents sur ce nouvel outil.
Lointains débats nationaux
Créée il y a une dizaine d’années, sans affiliation à une fédération, l’association s’est imposée progressivement comme un partenaire à part entière au sein de l’école. Organisatrice de manifestations fédératrices, elle constitue un lieu d’accueil et d’échanges, favorisant l’intégration des nouvelles familles dans la commune et cofinançant des projets pédagogiques. Les questions portées par l’association ou exprimés par les représentants des parents d’élèves au conseil d’école portent peu sur des thèmes pédagogiques ou les réformes en cours. Les débats nationaux rejaillissent à Rivedoux lorsqu’ils percutent l’organisation quotidienne des familles, en cas de grève par exemple pour l’accueil des enfants. Pourtant, ces débats sont en prise directe avec la politique communale en matière d’éducation. Lorsque la semaine des quatre jours a été instituée, il a fallu réorganiser le travail des personnels communaux. La mise en place du soutien scolaire, principalement en début ou en fin de pause méridienne, a eu une incidence sur les services de repas du midi.
Julie Foulquier souhaiterait que la politique éducative se meuve autour d’une question centrale : « est ce que nos enfants bénéficient d’une vraie prise en compte de leurs besoins, de leur développement ? ». La commune est maître d’œuvre pour une partie de la réponse, celle qui touche le périscolaire. Elle peut favoriser, par des choix d’investissement, l’émergence d’une autre partie de la réponse. Au-delà, ses compétences se délitent dans le cadre académique. Elles se nourrissent aussi des différents partenariats. Car, dans une commune où l’école joue un rôle de lien social, l’éducation est l’affaire de tous.