Par François Jarraud
Dans son « discours des vœux aux personnels de l’éducation nationale »,le 12 janvier 2009, N. Sarkozy annonce qu’il nomme Richard Descoings pour mener la réforme du lycée et crée un haut-commissariat à la jeunesse donné à Martin Hisrch.
« Renoncer à réformer ce serait se résigner à l’inacceptable… Je suis plus déterminé que jamais à mener l’action engagée. Nous n’avons pas le droit de reculer ». A Saint-Lô, le président de la République présentait ses vœux aux enseignants. Il a insisté sur sa volonté de réformer le lycée d’ici 2010. Il a fustigé tous les ministres précédents qui « ont échoué ». C’est Richard Descoings, directeur de Sciences Po, qui est chargé de mener ce dossier « sous l’autorité de Xavier Darcos ».
Une réforme concertée. Le président a fixé les principes de cette réforme. « Nous allons conduire cette réforme en prenant le temps de la concertation et de l’écoute » a-t-il promis. » On fera cette réforme sans enlever un centime et supprimer un poste au niveau du lycée ».
La revalorisation liée à la réforme. « Vous faites un métier passionnant, capital pour l’avenir de la société. Il faut qu’on prenne en compte votre angoisse » Mais le président lie cette reconnaissance à l’acceptation de la réforme. « Il faut aussi que vous acceptiez l’idée que l’amélioration n’est possible qu’au fur et à mesure que la réforme s’appliquera ».
C’est finalement à propos de la jeunesse que N Sarkozy a tenu des propos plus nouveaux. « Il faut que l’école puisse s’adapter aux différents publics » a-t-il précisé à propos du lycée. Mais c’est surtout en annonçant la nomination de Martin Hisrch à un Haut-Commissariat de la jeunesse que N. Sarkozy a ouvert des horizons. » Toute la politique de la jeunesse du gouvernement doit être conduite autour de l’idée de renforcer l’autonomie des jeunes…. Il faut qu’on arrive à engager la concertation avec les lycéens, que dans chaque lycée ils puissent donner leur avis, participer ».
Les réactions syndicales. Pour le Snes, « le président de la République a développé une vision libérale de l’égalité des chances, affirmant que chacun peut « inventer son destin » pourvu qu’il saisisse la chance que la société lui donne et qu’il travaille. En renvoyant au seul individu la responsabilité de son échec il minimise de fait le rôle que doit jouer la société et particulièrement le système éducatif dans la réussite de chacun… D’autre part, la poursuite de la politique de la réduction massive de l’emploi public – y compris dans l’éducation nationale – réaffirmée par le président de la République est contradictoire avec sa volonté affichée de mener la « bataille de l’intelligence » ». Le Se-Unsa relève que « nombre de questions concrètes à l’origine des tensions en cours dans l’Education nationale n’auront même pas été évoquées. Quid, par exemple, de la formation des maîtres ou de la revalorisation de la profession, pourtant promise dans une lettre du même Président aux Educateurs il y a à peine plus d’un an ? Quant au maintien des moyens alloués au lycée, il risque de se faire au détriment des écoles et des collèges, pourtant en phase d’augmentation démographique. Le Président n’a en effet pas remis en cause les réductions budgétaires drastiques qui frappent l’Education nationale ». Tous deux appellent les enseignants à manifester le 29 janvier.
Ce sont finalement les lycéens qui ont répondu de la façon la plus négative au président de la République. La Fidl déclare que « faute d’écoute et d’avancées sur la question des suppressions de postes, la FIDL appelle les lycéens de toute la France à se mobiliser les jeudi 15 et 29 janvier ». L’UNL également.
Le discours
Communiqué
http://www.snes.edu/spip.php?article16290
Communiqué
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1380
Communiqué
http://www.fidl.org/les_news/national/reaction_de_la_fidl_aux_voe[…]
Les vœux de Xavier Darcos
« En 2009, nous continuerons à réformer en profondeur le système éducatif, qui en a besoin. Nous prendrons aussi le temps de la discussion et de la concertation, comme sur les lycées où nous avons encore besoin de travailler pour parvenir à nous accorder sur les évolutions nécessaires ». Présentant ses vœux 2009, Xavier Darcos n’a pas manqué de manifester son intention de reprendre le chantier de la réforme du lycée… mais en se gardant de fixer tout calendrier.
« En 2009, je veux aller plus loin dans la revalorisation de leur condition et l’accroissement de leur pouvoir d’achat » promet-il aux enseignants. « Ils seront un peu moins nombreux, certes, mais mieux payés ». Il n’y aura pas d’embellie sur les suppressions de postes.
Les vœux du ministre
http://www.education.gouv.fr/cid23304/le-ministre-presente-ses-[…]
Les vœux des syndicats
Alors que N. Sarkozy présentait ses vœux à Saint-Lô, le Sgen, le Snes, le Snuipp, l’Unsa Education, le Se –Unsa présentaient les leurs à la presse. En fait 5 vœux : la réussite pour les élèves; que l’Ecole ait les moyens de se transformer, que l’Etat exerce ses responsabilités d’employeur en temps de crise en développant l’emploi; que le professionnalisme des enseignants soit reconnu; que le dialogue social se développe.
Interrogé par le Café, Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp relève l’absence du collège et du primaire, si ce n’est l’hommage à la réforme de Darcos, dans ces vœux. Il souhhaite la reprise du dialogue.
P. Gonthier, secrétaire général de l’Unsa education, estime que « dans ce discours il n’y a rien de nouveau. C’est un dossier dans lequel le président rentre à reculons… C’est aussi un désavoeu pour Darcos ».
Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen , souligne des points positifs dans le discours présidentiel. « La réforme du lycée dessinée par N. Sarkozy sera basée sur une culture d’évaluation ce qui nous semble une bonne chose, surle dialogue , ce qui est aussi positif, sur le développement de l’autonomie des jeunes, un autre point d’accord. » « Mais », ajoute T Cadart, « ce sont des mots pas des actes… Le fait que le président reprenne à con compte la réforme du lycée est une bonne chose. Globalement le discours de Saint-Lô montre que le président veut reprendre la main. On ne peut pas faire comme si cela n’existait pas .Mais dans le contexte actuel on jugera surtout aux actes ».
Le Sgen peu convaincu par Sarkozy
« Le Président a beaucoup insisté sur la culture d’évaluation. Que ne s’applique-t-il pas cette volonté : a-t-on évalué les programmes de 2002 avant de leur en substituer de nouveau sans aucune concertation, est-ce la culture de l’évaluation que de supprimer les RASED sans bilan ou censurer la DEP sans débat ? Et quelle image de l’évaluation donne-t-on avec les épreuves à faire passer dans quelques jours aux élèves de CM2, pour partie sur des questions qu’ils n’ont pas encore étudiées ? » Peu convaincu par le discours du 12 janvier, le Sgen « jugera aux actes ».
Communiqué
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1885.html
Le discours du président
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/01/1301200[…]