La réforme du lycée est un projet que nombre d’élèves, de parents et de professeurs attendaient avec espoir, comme signe de modernisation de notre enseignement. Le texte final ne sortira qu’en décembre, mais les grandes lignes se dégagent déjà nettement. Or de profondes inquiétudes apparaissent chez les professeurs de Lettres Classiques quant aux chances de survie du latin et du grec dans le futur dispositif… Loin de réfléchir uniquement en termes de « postes », ces enseignants passionnés, de tous bords, souhaitent que les jeunes générations aient accès aux langues et cultures de l’Antiquité dans de bonnes conditions, sans inégalités géographiques et sociales… Voici les principaux problèmes repérés dans le projet de réforme:
1) Les langues anciennes sont soumises à la semestrialisation comme tous les modules d’exploration, ce qui réduirait l’enseignement à cinq mois par année scolaire.
2) Les effectifs sont déjà problématiques actuellement : qu’obtiendra-t-on en les divisant par deux, conséquence première de la semestrialisation ? En cas de choix du module jusqu’en juin, comment envisager dans tous les établissements deux niveaux de langues anciennes, pour le latin comme pour le grec ? Et si l’on regroupe ces deux niveaux (notamment en grec…), comment gérer efficacement des élèves qui, à l’entrée de seconde, ont déjà par définition des niveaux disparates ?
3) Mais voici le plus inquiétant : les deux modules sont « a priori » à choisir chaque semestre dans une même famille (Humanités/ Sciences/ Economie / Technologie). Or la force du latin et du grec était d’être accessibles à toutes les anciennes filières. Seuls les littéraires pourront dorénavant choisir ces enseignements, supprimant ainsi la plus grande partie de l’auditoire actuel. Et si l’objectif est de redorer un enseignement littéraire en chute libre actuellement (moins de 10%), en est-il encore temps ?
Cette réforme générale enterrera-t-elle indirectement le latin et le grec ? Affaire à suivre de très près dans les semaines à venir, sur le Café ou sur les sites des différentes associations de langues anciennes.