Le document date de
2001. Mais les évolutions récentes de notre
système éducatif ne lui donnent que plus de sel.
A cette époque, l’OCDE crée le Centre
pour la Recherche et l’Innovation dans
l’Enseignement, qui rend un rapport
décrivant six scénarios possibles pour
l’Education.
“Parents, employeurs
et médias critiquent l’état de
l’école, mais au fond, sont opposés
à un changement radical”. Premier
scénario : le modèle actuel “
bureaucratique et lent à s’adapter ”,
est “sous la
pression des consommateurs d’école”
qui risquent de le faire exploser.
D’où le second
scénario (variante) : si les “syndicats
d’enseignants ne peuvent résister à la
tendance croissante à la privatisation”,
des systèmes de chèque-éducation
pourraient se mettre en place, le marché entrer en force et
participer à la gestion des écoles.
Troisième et quatrième
scénarii : placent au contraire l’école
“au cœur de la collectivité”
et perçue comme un “bien public” ; son
financement est accru, les écoles ont plus de
liberté d’organisation dans un “cadre
général de confiance”, les enseignants
ont un statut élevé, mieux
rémunérés et formés tout au
long de leur carrière, travaillent en équipe, en
liaison avec les acteurs locaux et les parents, assumant toutes ses
responsabilités sociales.
Mais ce scénario,
dit l’OCDE, est “peu
probable” et nécessiterait de
puissants efforts de “répartition
équitable de ressources, une égalité
de statuts, une solidité des objectifs”.
A l’opposé, le cinquième
scénario prévoit le
démantèlement des institutions et
systèmes éducatifs, remplacés par les
“réseaux de formation” basés
sur l’utilisation des nouvelles technologies.
Les “grands
opérateurs du marché” recrutent de
nouveaux “professionnels de
l’enseignement”, démarcheurs
à domicile, assistants téléphoniques
ou consultants de cabinets spécialisés. Ce
scénario entraînerait la “fracture
numérique” et le renforcement des
inégalités.
Variante encore aggravée, le dernier
scénario insiste sur le risque de pénurie d’enseignants
pour renouveler les retraités du baby-boom des
années 60, entraînant déscolarisation
massive, rappel des retraités ou recours aux nouvelles
technologies et à l’enseignement à
distance pour pallier les effectifs trop chargés.
Précisant
qu’il est impératif d’éviter
la “désintégration” de ce
dernier scénario, l’OCDE explique que les
changements à venir imposeront des changements inconfortables pour
la société comme pour les enseignants.
Le rapport ne choisit pas entre les différentes options,
mais conclut sur l’urgence de “trouver de nouveaux
modèles de professionnalisme, de nouveaux rôles
pour renforcer l’attrait de ces professions,
l’investissement des enseignants et
l’efficacité des écoles”.
Sept ans après, on y est.