Pour Nicole Mosconi,
l’école contribue aux inégalités entre
filles et garçons Féminin,
masculin : derrière les deux adjectifs, Nicole Mosconi
refuse de
voir le sens commun. « La mixité est un fait, mais
l’Education ne
contribue-t-elle pas à reproduire les
inégalités
entre les sexes ? ». Pour elle, la réponse ne fait pas de
doute :
c’est le social qui fonde le masculin et le féminin,
même
si tout le monde croit au caractère naturel de la division
sexuée du travail et des tâches.
Lorsqu’elle observe, depuis des années, les pratiques
éducatives, elle constate qu’on ne traite pas de
la
même manière les garçons et les filles,
même
dans une profession très largement
féminiée :
deux tiers des interactions concernent les
garçons, un
tiers les filles. Et quand on sollicite les filles pour rappeler la
séance précédente, c’est
plutôt aux
garçons qu’on demande d’expliciter les enjeux de la
séance présente… Lorsqu’un
élève prend
spontanément la parole, il y a plus de chance que
l’enseignant-e
reprenne celle d’un garçon, dont par ailleurs on a tendance
à davantage tolérer l’indiscipline, quand celles
des
filles sont vécues comme plus « agressives ».
Quoi qu’on en pense, les enseignants, hommes ou femmes,
perçoivent, agissent, évaluent
différemment selon
que leur interlocuteur est une fille ou un garçon.
Conséquence logique, pour elle : ce qu’on apprend
à
l’Ecole est lié à son genre. Pire, à
résultats identiques, les filles ont moins confiance en
elles,
elles apprennent inconsciemment à prendre moins de
place,
à se soumettre aux garçons, à avoir un
rôle
et une place différents.
Que faire ?
A
partir des pistes concrètes rassemblés dans une
publication (50 activités pour l’Egalité
filles-garçons à l’Ecole, publié par
le CRDP de
Midi Pyrénées) ou par un travail avec les albums
de
l’éditeur « Talents Hauts », Nicole Mosconi propose des gestes
concrets à mettre en œuvre au quotidien :
– avoir une attitude volontariste en alternant les interactions
« garçon-fille » dans la classe, faire attention à
la
mixité des groupes
– chasser dans les manuels les « messages sexistes », mais aussi dans les
moyens de communication (journaux, publicités, mettre en
place
des échanges organisés sur ces questions…
–
recenser à la
bibliothèque les ouvrages dont les héros sont des
héroïnes, et comparer la hauteur des piles des deux
catégories…
– travailler spécifiquement sur la place des femmes dans les
séances d’histoire
– regarder de près l’utilisation des espaces de jeux dans
l’Ecole, dans la cour de récréation : « dans
combien de cours les garçons occupent le centre de la cour
avec
le ballon, pendant que les filles sont reléguées
aux
marges ? »