Par François Jarraud
Des ressources , des travaux résumés et présentés.
Genre et éducation
« Pendant de nombreuses années, la mise en avant des valeurs d’une école laïque, publique et républicaine a fait obstacle à une vraie reconnaissance des inégalités concrètes dans le système scolaire. La mixité qui s’est progressivement généralisée à partir de l’année 1960 n’a pas immédiatement signifié égalité. La recherche a beaucoup attendu avant de s’intéresser aux inégalités sexuées. Mais désormais, on essaie de comprendre comment et pourquoi les garçons et les filles sont traités différemment. Et de nombreuses recherches scientifiques font état de l’impact du genre en éducation et revisitent l’éducation sous l’angle du genre ». Dans le cadre de la Veille scientifique de l’INRP, Hélène Marguerite propose un dossier très intéressant sur « genre et éducation ».
Il aborde les questions de la remise en cause de la mixité et de la didactique selon les genres. Une mise au point remarquable. En conclusion, H Marguerite estime que » les parcours de formation restent encore fortement différenciés pour les garçons et les filles… Implicitement ou non, la société utilise l’école comme vecteur des représentations et discours dominants. Elle y attribue les places et les espaces de chacun dans le cadre de la formation, esquissant chez les jeunes générations une « ligne de genre » qui risque bien de se perpétuer à l’âge adulte ».
Dossier INRP
http://www.inrp.fr/vst/LettreVST/37_septembre2008.htm
Sur le Café article de JL Auduc
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/130307Fillesetgarc[…]
Sur le Café, un dossier parité
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/schumaines/e[…]
L’administration de l’éducation nationale
« Par delà le constat désormais classique des tensions entre l’ancien modèle managerial, voire le diagnostic de blocage entre un sommet résolument réformiste mais trop peu animateur et une base volontariste mais suradministrée, l’administration scolaire demeure ce qu’elle était pourtant inventive ». L’ouvrage de Hélène Buisson-Fenet va bien au-delà de la description d’un appareil.
Il présente les transformations en cours dans le système en montrant l’impact de la politique de décentralisation et d’une internationalisation des politiques éducatives sur .l’Ecole française.
H. Buisson-Fenet, L’administration de l’Éducation nationale, Paris, Puf, 2008, 128 pages.
Inflation scolaire : La thèse de P. Lemistre
« Il n’est pas du tout certain que l’on ait réellement besoin de 50 % de diplômés de l’enseignement supérieur à l’horizon 2015. En revanche, persiste une proportion importante de jeunes qui sortent du système éducatif sans qualification. En clair, à court terme l’expansion scolaire n’est peut-être pas une urgence, ce qui ne signifie en rien que ce ne soit pas un objectif à poursuivre. Il est peut-être nécessaire néanmoins de réfléchir cette expansion scolaire autrement que quantitativement pour répondre aux injonctions du traité de Lisbonne, mais aussi et surtout qualitativement comme le postule Marie Duru-Bellat ». Philippe Lemistre, Céreq, revient sur la question de l’inflation scolaire. Faut-il vraiment augmenter le niveau de qualification de la population ? N’entraîne-t-on pas automatiquement la déqualification des diplômés, dupés finalement par une « inflation scolaire » ?
La thèse de Marie Duru-Bellat a longuement été commentée dans le Café. P. Lemistre lui-même a participé à notre dossier sur ce sujet. Dans cette étude du Céreq, il confronte la thèse de M. Duru-Bellat à celle d’Eric Maurin pour conclure en faveur de l’inflation scolaire.
Il signale au passage que c’est la recherche de la compétitivité internationale qui est à l’origine des 80% au bac et maintenant de l’objectif européen de 50% de diplômés du supérieur. C’est dire que, derrière cette question, il y a évidemment celle du choix de politique économique. C’est ce qui inquiète le plus dans la position de certains experts gouvernementaux qui estiment que l’effort éducatif est inutile. Il l’est évidemment si on abandonne la compétition et qu’on se satisfait de l’appareil économique existant et du type de société qu’il produit. L’Union européenne, les Etats-Unis, le Japon misent sur un changement de société et d’économie accompagnant la massification scolaire.
Resterait aussi à définir ce qu’on entend par 50% de diplômés du supérieur. On sait qu’en France on atteint les 42% que parce qu’on intègre les BTS et DUT , un niveau de qualification inexistant ailleurs. Si l’on prend les mêmes bases statistiques que nos voisins, on est à un taux bien plus faible.
P. Lemistre souligne par contre des points forts des partisans de l’inflation scolaire : la recherche de l’égalité entre générations (Cf les travaux de Louis Chauvel) et le souci des non diplômes, encore beaucoup trop nombreux.
L’étude
http://www.cereq.fr/pdf/net-doc39.pdf
Sur le Café, article de P. Lemistre sur l’inflation scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007Article_Infl[…]
Sur le Café, le dossier inflation scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007Article_I[…]
L’inflation scolaire confirmée par une étude de l’Insee
« La démocratisation du supérieur est une conclusion incontestable…Toutefois, cela ne signifi e pas qu’elle a été de grande ampleur. D’ailleurs, qu’on raisonne à diplôme donné ou à niveau de sélection constant, la baisse des inégalités sociales devant l’école est faible, alors même qu’il s’agit d’une période où les probabilités d’accès au supérieur de chaque groupe social ont considérablement augmenté. Ainsi, même si pour les enfants d’ouvriers les probabilités d’être diplômé du supérieur ont été multipliées par trois entre les générations 1948-1951 et 1975-1977, elles restent encore trois fois moins élevées que celles des enfants de cadres (77 % contre 25 %). Alors qu’être titulaire d’un diplôme supérieur au baccalauréat est désormais le fait d’une large majorité d’enfants de cadres, ce n’est encore le cas que d’une minorité d’enfants d’ouvriers ». L’Insee publie deux études sur la démocratisation de l’enseignement supérieur.
Si pour V. Albouy et C. Tavan la démocratisation de l’enseignement supérieur est réelle, elle est aussi limitée. Pour C Peugny, « la lente diminution de l’inégalité des chances scolaires ne s’est pas traduite au final par un progrès sensible de l’égalité des chances sociales… Un tel résultat aboutit au paradoxe suivant : les individus nés dans les années 1940 faisaient face à d’importantes inégalités sociales devant l’école, mais la position sociale atteinte était assez étroitement liée à leur niveau de diplôme ; à l’inverse, les individus nés dans les années 1960 bénéficient d’un accès facilité au système scolaire, mais leur investissement scolaire pèse moins lourdement sur leur réussite sociale. La réduction du lien entre niveau de diplôme et position sociale est en grande partie la conséquence d’une inflation des titres scolaires « .
Ces deux études participent au débat sur l’inflation scolaire. S’il s’avère que la société française,marquée par un fort taux de chômage, peine à créer des emplois supérieurs, doit-on pour autant diminuer l’effort éducatif ?
Etude Insee
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/Ecostat410A.pdf
Etude Insee
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/Ecostat410B.pdf
Sur le Café; le dossier Inflation scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032007Article_[…]
Quels remèdes à l’inégalité scolaire ?
L’Observatoire des inégalités fait le point, à l’occasion de la rentrée, sur l’inégalité à l’Ecole. Pour l’Observatoire, » la politique menée est contradictoire. D’un côté, un réel effort est fait dans le domaine du soutien aux élèves en difficulté : au collège et au lycée dans les zones d’éducation prioritaires, et dans toutes les écoles primaires, avec 2 heures hebdomadaires [1]. De l’autre, le gouvernement réduit les moyens humains de l’éducation nationale et poursuit la création de filières précoces au collège ». Il publie des données et des articles de fond sur cette question.
Particulièrement, l’Observatoire donne la parole au sociologue Jean-Pierre Terrail. Pour lui, » le maintien des choses en l’état peut faire l’objet d’un consensus tacite entre les classes dominantes et les classes moyennes, qui tirent plus ou moins leur épingle du jeu ». Les nouvelles pédagogies participent de cette lutte des classes. Et les syndicats, les experts sont considérés comme les principaux acteurs, pour ne pas dire responsables, de ces inégalités.
» L’instauration d’une école commune en France passe d’évidence par un remaniement d’ensemble des contenus et des pratiques d’enseignement. Dans une telle perspective, un recours historiquement inédit à l’action démocratique s’imposerait à deux égards… L’école commune n’est pas concevable, par ailleurs, sans une forte amélioration de l’efficacité démocratique des pratiques enseignantes. C’est là une seconde grande condition de la démocratisation scolaire, qui ne saurait être réalisée sans que les enseignants se réapproprient, dans leur masse, la maîtrise des gestes du métier. Les dispositifs de scolarisation qui pilotent à distance leur activité dans les classes, définissant les pédagogies légitimes, ont toujours été conçus, depuis la loi Guizot de 1833, par des experts extérieurs qui s’embarrassent peu de retours d’expérience. Or l’amélioration du rendement de l’action pédagogique ne peut passer à l’inverse que par une autogestion instruite et collectivement maîtrisée de l’activité enseignante. Seuls en effet des enseignants bien formés et capables de dialoguer sur un pied d’égalité avec les chercheurs, mus par l’intérêt du métier et donc par le désir de la réussite des élèves, sont en position d’expérimenter, d’identifier et d’intégrer en savoir faire professionnels les façons d’apprendre les plus performantes. »
Le point sur les inégalités
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=726
Le texte de Terrail
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=899
Sur le Café, sur JP Terrail
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lesysteme/Pages/2007/tr[…]
Sur le Café, sur les inégalités
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/Guide08_s[…]x
Le RERS 2008 est paru
« Repères et références statistiques (RERS) sur les enseignements, la formation et la recherche » est un peu la bible de tous ceux qui s’intéressent à l’Ecole. Ils y trouvent les statistiques dont ils ont besoin sur le système éducatif, les élèves, les diplômes, les personnels et les budgets.
Rédigée par la DEPP (ministère), l’édition 2008 apporte plusieurs nouveautés : l’accès à la licence des bacheliers, la réussite au bac par série etc.
Télécharger le RERS
http://www.education.gouv.fr/pid316/reperes-references-stati[…]
Le principe d’hospitalité
« Dans un contexte d’accroissement des tensions xénophobes et racistes, l’intégration des élèves nouvellement arrivés engage doublement les enseignants » écrit Marie Raynal, en introduction à ce numéro 153 de VEI Diversité. Le titre : « Le principe d’hospitalité » peut surprendre. Ce vieux mot résume en fait bien la position de cet ouvrage qui nous rappelle un principe de base des peuples civilisés.
Pour autant cet accueil n’est pas aisé. Claude Cortier propose un état des lieux des dispositifs de scolarisation. Plusieurs articles montrent ce qu’il en est dans des pays étrangers : la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique francophone par exemple.
Mais accueillir c’est aussi se pencher sur les difficultés propres à ces élèves. « Ce ne sont pas… des raisons linguistiques qui peuvent expliquer les difficultés scolaires de ces élèves et l’on se tromperait d’objet en négligeant les causes sociales et économiques des difficultés d’apprentissage » nous rappelle Stéphanie Clerc.
Face à ces handicaps linguistiques, culturels,sociaux , VEI Diversité donne à voir de nombreux dispositifs d’établissement qui nous rappellent que l’hospitalité reste une valeur de l’Ecole. Celle-ci est maintenant en première ligne.
VEI Diversité, n°153, juin 2008, CNDP.
Le sommaire et plusieurs articles
http://www.cndp.fr/vei/default.asp?page=/revueVEI/som153.htm
L’établissement scolaire face à son environnement
« Longtemps l’école a été vécue en tant qu’institution…Aujourd’hui cette idée est ébranlée.. Ce fait est lié à la massification scolaire ». Dominique Glasman introduit ainsi une table ronde reproduite dans le n°11 des Cahiers d’Education & Devenir consacré à « L’établissement scolaire face à son environnement ». Ce numéro reprend les grands moments du 23ème colloque d’Education & Devenir à Grenoble les 23-25 mars 2007.
Cra c’est bien l’idée d’un face à face qui sort de ce numéro même si cette table ronde donne la parole aux représentants des entreprises et des collectivités locales. On notera par exemple les attentes des premières : « les attentes des entreprises touchent à la question des savoirs, des savoir-faire et surtout des savoirs-être » un domaine encore peu pris en charge par l’Ecole.
Ce Cahier rend compte également des ateliers tenus le 24 mars 2007 sur la place des parents à l’école, autre sujet important, les rapports école – entreprises (avec par exemple uen évocation des apports de stages d’entreprise pour les stratégies pédagogiques des établissements).
Enfin ce numéro se clôt sur une remarquable intervention de Françoise Clerc qui montre l’évolution de la place de l’Ecole dans la société et invite à préserver des principes éducatifs dans cette relation entrel’Ecole et son environnement. Elle rappelle que « l’école doit permettre non seulement d’acquérir des connaissances mais aussi d’apprendre à les construire ». Pour cela elle invite à développer la capacité d’initiative des EPLE, à favoriser la construction réflexive des compétences professionnelles et à revoir l’organisation du travail pédagogique. « L’aide à l’apprentissage doit s’intégrer à l’enseignement lui-même, ce qui nécessite une prise en charge différenciée des élèves ».
Les Cahiers d’Education & Devenir, n°11, juin 2008, 40 pages.
Education & Devenir
http://education.devenir.free.fr/
Télévision et éducation : liaisons dangereuses
Je suis un facteur d’instruction, de tolérance et d’insertion sociale, je nourris la pensée narrative. Je suis aussi un facteur de comportement agressif, de résultats scolaires en baisse, de pensée pauvre. Je suis la télévision bien sûr, cet objet qui depuis un demi-siècle fascine les éducateurs au point que tout a été écrit pour et contre cet objet.
Il faut donc y voir plus clair et c’est ce que fait Marie Gaussel, dans un remarquable dossier de la Veille scientifique et technologique de l’INRP. « Dans ce dossier, nous allons aborder différentes problématiques rencontrées dans les ouvrages et articles récents sur ce sujet, la relation entre la télévision et l’environnement familial, les processus d’apprentissage, les troubles du comportement et l’influence des enjeux économiques » nous dit-elle. Elle annonce qu’elle privilégie les thèses de Jesus Bermejo Berros.
Particulièrement intéressantes sont ses pages de synthèse sur la télévision et les expériences cognitives :l’influence positive ou pernicieuse de la télé, son impact sur le rapport à la réalité, aux apprentissages; ou encore la partie dédiée à la télévision et les troubles du comportement.
Cette revue exhaustive est passionnante et on ne peut qu’en recommander la lecture. Les études sont loin d’être unanimes. Une seule chose est sûre : la télé règne depuis un demi siècle et 80% des lecteurs de ce dossier sont des enfants de la télé…
Le dossier