Par François Jarraud
« Je suis très choquée par les propos méprisants que vous avez tenus lors de l’audition de la commission publique des finances au Sénat, le trois juillet dernier, vis-à-vis du travail des enseignants de petite section d’école maternelle ». La lettre ouverte de Muriel Quoniam publiée sur le Café pédagogique manifeste la fracture survenue entre Darcos et les enseignants. D’autant que cette école tant vantée est maintenant menacée par le restrictions budgétaires.
« Je suis très choquée par les propos méprisants que vous avez tenus lors de l’audition de la commission publique des finances au Sénat, le trois juillet dernier, vis-à-vis du travail des enseignants de petite section d’école maternelle, dont la fonction serait essentiellement de « faire faire des siestes à des enfants ou leur changer les couches ». Pour Muriel Quoniam, par ailleurs présidente de l’ICEM, « cette réflexion prouve votre ignorance totale de l’école maternelle, des enfants qui la fréquentent et du personnel qui y travaille. Elle n’a pour but que d’amuser la galerie sur le dos d’une institution publique (et de son personnel) dont votre souci essentiel est de convaincre l’élu et l’électeur qu’elle doit disparaître car trop coûteuse ».
Elle réagit à l’intervention de X. Darcos au Sénat. Dans le film de cette audition on entend le ministre dire : « »Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l’Etat, que nous fassions passer des concours à bac+5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? Je me pose la question, ces personnes ayant la même compétence que si elles étaient par exemple institutrice en CM2. Donc la question du préélémentaire me paraît devoir être posée ».
La Lettre ouverte de M. Quoniam
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/LettreouverteA[…]
Xavier Darcos parle de la maternelle (entre autres)
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Le rapport Tabarot va-t-il achever la scolarisation à deux ans ?
« A l’heure où les travaux internationaux sur l’éveil et l’éducation des jeunes enfants montrent que le développement des structures qui associent garde et éducation est une nécessité, car il permet de lutter contre l’exclusion et d’enrichir la formation de capital humain dès le plus jeune âge, il me semble nécessaire de maintenir la possibilité pour les enfants âgés de deux ans d’entrer à l’école maternelle, si tel est leur intérêt, en fonction de leur capacités et si des places sont disponibles ». Au moment où le gouvernement envisage d’instaurer un droit de garde, de cette phrase, tirée du rapport » sur le développement de l’offre d’accueil de la petite enfance » remis par la députée UMP Michèle Tabarot au premier ministre, il y a lieu sans doute de retenir d’abord les restrictions finales.
Car le rapport est d’abord écrit à charge contre l’école maternelle. Certes » le développement de tout autre mode d’accueil du jeune enfant, compte tenu des normes d’encadrement sera plus coûteux pour les finances publiques que le maintien de l’accueil à l’école maternelle » : l’école maternelle « coûte » 791 millions mais est le plus économique mode de garde avec une dépense de 4 660 euros par an par enfant, à comparer aux 25 488 euros d’une garde à domicile (dont plus de la moitié sont pris en charge par l’Etat et la CNAF). Au total l’école maternelle ne représente que 5% des dépenses de l’Etat, des collectivités locales et de la sécurité sociale pour l’accueil du jeune enfant.
Par contre, relève M. Tabarot, « la scolarisation précoce ne convient pas à tous les enfants de moins de 3 ans et ne peut être développée dans les écoles que lorsque les conditions d’accueil, les locaux, l’encadrement, la pédagogie sont adaptés ». Or « si l’école propose davantage d’activités pédagogiques (graphisme, les activités logiques, le langage, les explications, les repères spatio-temporels), elle sait moins bien gérer les temps d’attente » et les enfants s’y ennuient.
Il est surtout reproché à l’école maternelle son inadaptation à la vie des parents et des entreprises. « L’école maternelle n’est pas une panacée pour les parents actifs » estime M. Tabarot qui signale que les parents doivent dans ce cas l’accompagner d’autres modes de garde, par exemple le mercredi. « La scolarisation des enfants âgés de deux ans est un mode de garde qui, en ce qui concerne l’organisation, n’a pas les mêmes caractéristiques que les modes de garde habituels: nombre de jours dans la semaine, nombre de semaines (36, soit 140 jours) largement inférieur à la moyenne des modes d’accueil (224 jours en moyenne), taux d’encadrement sans commune mesure avec la crèche au même âge, fermeture à 17h. » Enfin, « les taux d’absence des enfants scolarisés à 2 ans varient de 30% le matin à 70% l’après midi, allant jusqu’à 90 % le samedi matin. Seuls 14% des enfants sont présents toute la journée ».
Le rapport confirme le déclin et le dévoiement de la scolarisation à deux ans, une réalité que le Café avait déjà soulignée. De 2000 à 2007 le taux de scolarisation à 2 ans est passé de 35% à 20% des enfants (-8% l’année dernière). Et ce sont les ZEP qui sont les moins bien couvertes alors que l’on connaît les effets bénéfiques de la maternelle pour les enfants de milieu défavorisé.
C’est finalement une école maternelle sans maîtres que propose M. Tabarot. « Je propose de développer sur l’ensemble du territoire l’offre de garde destinée prioritairement aux enfants âgés de 2 à 3 ans, en créant des jardins d’éveil dans les structures existantes et les écoles maternelles… Le jardin d’éveil aura pour principale mission de préparer leur pré-scolarisation à l’école maternelle. Outre la stimulation des capacités linguistiques, les jardins d’éveil faciliteront la socialisation des enfants et la découverte de nouvelles expériences (mouvement, créativité, environnement, nombres, espaces, formes, etc).. Les professionnels de la petite enfance seront chargés de le faire fonctionner. Le matin, auront lieu les activités d’apprentissage et d’éveil. L’Education nationale sera chargée d’assurer la coordination entre enseignants de maternelle et éducateurs des jardins d’éveil quant aux objectifs et méthodes pédagogiques ». Il sera ouvert de 7 heures à 19 heures et lors des congés scolaires. Sa mise en place impose de modifier la loi sur les taux d’encadrement puisque le taux prévu par M. Tabarot est de 12 enfants par adulte, c’est-à-dire sensiblement le même qu’à l’école maternelle (1 pour 15). Ce sont les communes qui auraient à assumer la responsabilité de ce service qui serait payant,à la différence de l’école maternelle. Elle estime nécessaire la création de 300 000 à 500 000 places (ce dernier chiffre est envisagé en cas de suppression de la scolarisation à deux ans).
Le rapport contient d’autres propositions comme le développement de crèches d’entreprise et de maisons d’assistantes maternelles ou la création d’un nouveau congé parental raccourci. Il contient une analyse intéressante des différentes situations européennes. Alors que de nombreux pays européens se sont dotés d’une législation assurant des droits aux salariés parents de jeunes enfants, le rapport écarte toute contrainte vers les entreprises, si ce n’est celle d’un entretien obligatoire du salarié avec le chef d’entreprise. A lui de convaincre le patron !
Alors que la tendance universelle est la scolarisation des gardes d’enfants (voir en Europe la Suède et la Norvège), le rapport tranche en sens inverse. Il n’aborde même pas le débat sur la scolarisation à deux ans. On sait que se sont dressés contre elle des associations conservatrices, certains milieux psychiatriques, plus récemment le rapport Bentolila, des ministres (X. Darcos en 2003, F Fillon en 2004). Dans l’autre camp, plusieurs rapports montrent l’intérêt de la scolarisation au moins pour les enfants de milieu défavorisé. Ce sont ces enfants qui font les frais de la réduction de la scolarisation à deux ans.
Longtemps réputée et protégée, avec le rapport Tabarot, l’école maternelle entre dans une nouvelle ère. Sans oser attaquer ses principes, au nom de l’intérêt de certains parents, le rapport appelle à sa disparition.
Le rapport
http://www.premier-ministre.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Tabarot.pdf
Dans le Café, le débat sur la maternelle
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Dans le Café, le débat continue
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Dans le Café, de hauts fonctionnaires contre la scolarisation à 2 ans
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Dans le Café, le débat
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Dans le Café, Meirieu, maternelle l’école première
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De l’école maternelle à « l’école première »
« La ligne de fracture idéologique majeure aujourd’hui est là : en face de nous, nous avons des « intellectuels » et des décideurs pour lesquels le dressage est un préalable à l’éducation ». S’exprimant lors du congrès de l’Ageem (association des enseignants de l’école maternelle), Philippe Meirieu a défini ce que sont, pour lui, les enjeux de l’école pré-élémentaire et en quoi ils sont contrariés par les nouveaux programmes.
« Les programmes de l’école primaire de 2008 », estime P. Meirieu, sont « un ensemble d’objectifs d’apprentissages techniques séparés les uns des autres, identifiables et évaluables indépendamment de tout projet de développement global que l’on pourrait avoir pour l’enfant… Ce qui se profile, c’est un enseignement réduit à un ensemble de savoir-faire mesurés par des tests « en temps réel » dont les résultats permettront aux usagers de développer des stratégies de consommation en examinant le meilleur rapport qualité / prix. Les parents eux-mêmes seront aspirés – beaucoup le sont déjà – par une logique purement comptable : on les rendra insensibles, voire réfractaires, à la dimension éducative de l’école, n’exigeant que des résultats immédiats en « espèces sonnantes et trébuchantes »….
Cette conception, P. Meirieu souligne qu’elle est « parfaitement en cohérence avec la montée plus globale du paradigme de « l’homme machine » et du « corps médicalisé ». Ce qui se profile à terme, c’est la disparition de toute « prévention éducative » au profit d’activités linéaires qui, en cas de dysfonctionnements ponctuels, font appel systématiquement à des remédiations tout aussi ponctuelles ».
Mais P. Meirieu insiste sur le rôle fondamental de l’école maternelle, qu’ilpréfère pour cette raison appeler « école première ». C’est l’école qui « fait rupture avec la communauté familiale ou sociale… C’est pourquoi l’école maternelle reconnaît l’élève comme « un enfant de la famille », mais le traite comme « un enfant de la société ». Et, surtout, elle gère ce passage, construit cette transition et fait en sorte que chaque élève la vive au mieux ».
Ce point de vue est appuyé par une Note de veille du Centre d’analyse stratégique qui insiste sur l’importance des 6 premières années de la vie pour le développement cérébral de l’enfant.
Article de P. Meirieu
http://www.meirieu.com/ARTICLES/ecole_maternelle_ecole_premiere.htm
Sur le Café, l’Ageem demande un moratoire sur les programmes
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Note du CAS
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/NoteVeille107.pdf?IdTis=X[…]
L’Ageem en congrès
« Il sont « tous différents » non pas parce que nos statistiques les mettent – eux ou leurs familles – dans des catégories rigides dont la plus terrible est peut-être celle que nous avons-nous même construite en différenciant non pas notre action mais ceux sur qui elle porte (ZEP ou non ZEP, REP ou non REP, RAR ou non RAR…). Ils sont « tous différents » parce que chacun d’entre eux est le sujet de son éducation et non son objet ou le résultat de celle-ci ». Sur le thème « Tous différents, tous ensemble, réussir tous », l’AGEEM, association qui regroupe les enseignants de maternelle, ouvre aujourd’hui son congrès.
Du 3 au 5 juillet, à Tarbes, conférences et ateliers réuniront plusieurs centaines d’enseignants avec le projet de reconnaître la personne dans l’élève. « La reconnaissance de la « personne » dans l’élève n’est pas due à ceux-là seuls qui sont différents, elle est le droit imprescriptible de l’être humain et de l’enfant que nous nous devons de respecter dans l’élève ».
Sur le blog de l’Ageem
Sur le Café, la rubrique maternelle
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Lire et écrire en maternelle : le bilan de Bernard Devanne
« J’ai vu pendant 2 ans des enfants découvrir de multiples albums, se montrer de plus en plus intéressés, se familiariser avec la production d’écrit en même temps qu’avec l’écriture, imaginer des comptines collectives, les voir écrites, passer de l’oral à l’écrit… et de l’écrit à l’oral. J’ai vu des enfants devenir, très naturellement, sensibles aux composantes phoniques de l’oral, aux composantes graphiques de l’écrit (et bien souvent s’appuyer sur les secondes pour mieux entendre les premières). J’ai vu des enfants construire leurs compétences dans de véritables dynamiques d’apprentissages, où la qualité des médiations évitait sans doute de devoir glisser dès l’année suivante sur la pente souvent fatale de la remédiation. Pourquoi, avant l’effondrement des ambitions des programmes de 2008, les pratiques de l’école ne sont-elles pas parvenues à mettre en œuvre de tels dispositifs d’apprentissage ? » Bernard Devanne conclue aujourd’hui deux ans de chroniques dans Le Café.
« En termes d’apprentissages, la question fondamentale est celle de la continuité de l’accompagnement de chaque enfant. Puisque, on le voit bien, rien ne commence au début du CP, l’imposition d’un manuel d’enseignement, accompagné de ses fichiers d’exercices, peut poser problème à chacun ».
La chronique de B. Devanne
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/devann[…]
Maternelle : Un cahier journal en ligne
Que fait-on à l’école maternelle ? Est-ce une école ? Ou une garderie ? Le cahier journal mis en ligne « tente simplement de témoigner de ce que peut être une classe de petite et moyenne sections. C’est aussi un outil militant qui montre au quotidien comment les spécificités de la petite enfance peuvent être intégrées aux parcours d’apprentissages, comment épanouissement de l’enfant et acquisitions de compétences peuvent aller de pair. » Un joli projet, a suivre tout au long de l’année.
Le cahier journal
http://maternailes.net/dotclear/index.php?2008/09/07/42-cahier-[…]
A.M. Gioux défend « ses » maternelles
« Pour mieux assurer l’identité et la pérennité de l’école maternelle, mieux vaut la laisser travailler en paix, et pour cela, éviter d’en faire un objet de polémique et de propositions hasardeuses ». Spécialiste de la maternelle, Anne-Marie Gioux s’oppose assez violemment aux propositions du rapport Bentolila.
Article d’AM Gioux
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