La démarche du pédagogue
Dans le premier volet de ce dossier consacré à la littérature jeunesse à la maternelle, Anne Letuffe, auteur/illustratrice nous présentait sa façon d’intervenir dans les classes…Mais du côté de l’enseignant, comment ça se passe, comment ça se prépare, et les élèves qu’est ce qu’ils apprennent? Aujourd’hui revenons en classe en suivant Philip Lavis, enseignant en maternelle, également maître formateur. Au début de l’année scolaire 2006-2007, dans le cadre de Lire en fête, sa classe de GS a reçu Anne Letuffe, un projet très abouti est né de cette rencontre.
En octobre dernier, à l’occasion d’un » café pédagogique » (sic) organisé conjointement par les CEMEA 44 (organisateurs de Lire en Fête dans ce département) et l’IUFM des Pays de Loire, Philip Lavis donnait une conférence précisément sur ce thème de la venue d’auteur dans une classe. Il met gracieusement à disposition du Café pédagogique l’exposé de sa démarche, grand merci à lui.
Suivons ses traces, de la préparation de la visite à la réalisation de l’album » Le petit homme et la princesse » observons avec lui ses objectifs en terme d’apprentissage. Philip nous précise que le fait de faire intervenir Anne Letuffe a » démythifié » l’objet livre, il est vrai que de la voir déplier ses planches originales et exposer aux enfants les étapes nécessaires à la fabrication montrent qu’il y a plusieurs » métiers » autour du livre, non non ce n’est pas elle qui colle les pages …. Il a donc s’agit pour les enfants de s’approprier tout le processus de la fabrication d’un album. De la même manière, et afin de » démythifier » l’ordinateur et son utilisation, l’histoire créée sera par la suite » transcrite » sur support cédérom, ce qui induira travail sur la prise de son, la nécessité de s’exprimer intelligiblement à voix haute… Un projet qui aboutit avec une exposition qui donne à voir toutes les étapes.
Voici donc l’histoire d’une rencontre entre les élèves d’une grande section, leur enseignant et une illustratrice…une belle histoire en ces temps de fêtes de fin d’année!
Le petit homme et la princesse
Le cadre dans lequel s’est déroulée la venue de l’illustratrice dans la classe, Lire en Fête :
Une grande fête de la lecture et du livre
Lire en Fête, grand rendez-vous de la convivialité, de la découverte et de la diversité culturelle au traver du livre et de la lecture, a réuni lors de son édition 2006 plus de 2,5 millions de personnes participant à plus de 4000 animations.
Associant auteurs, traducteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, associations, institutions et… tous les lecteurs, Lire en Fête célèbre pendant trois jours le livre, la lecture et la création littéraire à travers des milliers de manifestations proposées gratuitement en France et dans quelque 100 pays. Lire en Fête investit des lieux aussi divers que des cafés, des cinémas, des théâtres, des places publiques, mais aussi des hôpitaux, des maisons d’arrêt et bien sûr, les bibliothèques et les librairies.
Lire en Fête est organisée par le Ministère de la culture et de la communication (Centre national du livre) avec le soutien de nombreux autres ministères qui apportent leur concours à la manifestation : Education nationale, Enseignement supérieur et recherche, Justice, Affaires étrangères, Santé et protection sociale, Outre-mer.
Contact : www.lire-en-fete.culture.fr
La préparation de la visite
Anne Letuffe est illustratrice et auteur. Vendredi 13 octobre, l’après-midi, elle doit rendre visite à la classe (grande section) dans le cadre de » Lire en fête « . Un entretien téléphonique préalable avec Anne permet de caler l’organisation de l’après-midi : dans une première partie, réponse aux questions des enfants, où Anne montrera des originaux de ses illustrations. Des albums qu’elle a illustrés sont présents en classe.
Dans une deuxième partie, il est convenu de collecter toutes sortes de papiers de texture, de grammage, de couleur différents, afin de lancer les enfants dans une réalisation en utilisant la technique du papier déchiré.
En classe, la semaine avant sa visite, après en avoir informé les élèves, deux activités sont proposées :
– faire une liste des questions à poser à Anne,
– commencer, par la technique de la dictée à l’adulte, à produire le début d’une petite histoire, dont les personnages pourraient servir de point de départ aux futures illustrations.
Questions :
· Comment fais-tu pour fabriquer les livres ?
· Comment fais-tu pour faire les illustrations ?
· Pourquoi fais-tu des livres ?
· Comment fais-tu pour coller les papiers sur le livre ?
· Comment fais-tu les dessins ?
· Comment fais-tu pour écrire le livre ?
· Comment fait-on des images avec du papier collé ?
· Comment est faite la couverture ?
· Est-ce que c’est toi qui fabrique le livre ou est-ce que c’est quelqu’un d’autre ?
Début de l’histoire
Il était une fois un petit homme qui aimait beaucoup les livres. Il était très amoureux.
Un jour, en se promenant, il rencontra un bois.
Une princesse y était prisonnière dans un labyrinthe.
Dans ce bois vivaient un loup, un renard et un chat qui gardaient le bois.
Pour pouvoir entrer, il devait passer des épreuves chaque fois plus difficiles.
D’abord, il devait cueillir une tulipe pour la donner à la princesse.
Ensuite, il devait chercher la clé pour entrer dans le labyrinthe.
Et enfin, il devait trouver un diamant pour l’offrir à la princesse…
La visite d’Anne
Anne montre des illustrations originales de ses albums, et répond par la même occasion à certaines questions…
Anne, après lecture du début d’histoire, se lance devant les enfants dans un possible découpage du scénario.
Après avoir décidé ensemble d’une tenue vestimentaire pour le personnage du petit homme et de la princesse, les enfants se mettent au travail…
Les prolongements
La semaine qui a suivi la visite d’Anne, il a été proposé aux enfants de poursuivre l’histoire afin de réaliser un album.
Ils sont un des aspects des productions d’écrits en classe : il s’agit d’initier les enfants à la production collective ou en petits groupes de textes différents : annonces de nouvelles, récits d’événements vécus par tous, rappels de textes entendus antérieurement, modes d’emploi, consignes, recettes, textes documentaires, petites argumentations, correspondances scolaires, mais aussi à la production d’objets écrits associant le texte et l’image (albums, récits illustrés, documentaires).
» L’une des activités les plus efficaces dans ce domaine consiste certainement à demander à un enfant ou à un groupe d’enfants de dicter au maître le texte que l’on souhaite rédiger dans le contexte précis d’un projet d’écriture. Ce n’est que progressivement que l’enfant prend conscience de l’acte d’écriture de l’adulte. Lorsqu’il comprend qu’il doit ralentir son débit, il parvient à gérer cette forme inhabituelle de prise de parole par une structuration plus consciente de ses énoncés. L’adulte interagit en refusant des formulations « qui ne peuvent pas s’écrire » et conduit les enfants à s’inscrire progressivement dans cette nouvelle exigence et à participer à une révision négociée du texte. Peu à peu, l’enfant prend conscience que sa parole a été fixée par l’écriture et qu’il peut donc y revenir, pour terminer une phrase, pour la modifier en demandant à l’adulte de redire ce qui est déjà écrit. Chaque type d’écrit permet d’explorer les contraintes qui le caractérisent. » *
La dictée à l’adulte est une technique : ralentissement du débit, contrôle de la structure syntaxique de l’énoncé, prise de conscience de l’activité de l’adulte, demande de relecture, c’est un excellent moyen de faire produire des textes à des enfants qui ne savent pas encore écrire seuls. Cette technique de la dictée à l’adulte constitue un bon observatoire des différentes compétences orales ou écrites acquises par les élèves ; elle constitue également un moyen pédagogique de produire des écrits, de s’attacher à la mise en texte sans être bloqué par la mise en mots.
* Bulletin officiel (B.O.) hors série n°1 du 14 février 2002, fixant les horaires et programmes d’enseignement de l’école primaire (maternelle et élémentaire).
Le récit
Le récit constitue un excellent support pour l’apprentissage des exigences de l’écriture :
· cohérence thématique (progression dans l’histoire)
· cohérence sémantique (absence de contradictions)
· cohérence syntaxique et temporelle.
La qualité de l’album publié constitue une motivation excellente. Ce travail de production d’albums est indissociable d’une pratique de lecture fréquente de livres-albums aux enfants par l’enseignant.
Non seulement parce qu’ils sont des objets culturels accessibles, parce qu’ils répondent incontestablement à des aspirations réelles des enfants, mais surtout parce qu’ils donnent aux enfants l’expérience de la langue qu’ils retrouveront lorsqu’ils apprendront à lire et dans laquelle ils liront ultérieurement pour accéder au patrimoine littéraire et scientifique de notre société.
Les lectures et relectures fréquentes aident les enfants à s’approprier ces objets culturels. Ils mémorisent du langage écrit avec ses spécificités thématiques, syntaxiques, lexicales et stylistiques.
Comment ?
Les séances d’écriture d’une histoire commencent toutes par le choix du contexte et le choix des personnages principaux : où va se passer notre histoire et avec qui ? L’enseignant est le secrétaire des enfants mais aussi un infatigable » relecteur » de ce qui vient d’être dit. Il s’agit de veiller à ce que l’histoire produite soit cohérente aux niveaux thématique, sémantique, temporel et syntaxique. Tous les enfants sont sollicités, à tour de rôle.
La formule » Il était une fois … » est utilisée, et l’histoire peut se bâtir progressivement, avec les propositions des enfants. Ce lanceur induit une narration aux temps du passé habituels : passé simple et imparfait. Si les enfants utilisent sans grosses difficultés l’imparfait, il n’en est pas de même avec le passé simple !
Ils essaient d’utiliser ce temps pour leur récit, mais ils n’en n’ont qu’une connaissance implicite, liée aux multiples lectures d’albums. La part aidante de l’enseignant consiste, dans ce cas, à donner la forme verbale correcte afin de préserver la cohérence temporelle.
L’enseignant doit relancer et solliciter des explications quant aux propositions faites, tout en veillant à la cohérence du récit. Certains mots sont fournis par le maître, mais des mots sont également proposés par les enfants eux-mêmes. L’élaboration du récit peut aussi être l’occasion d’enrichir de manière naturelle le vocabulaire des enfants, par interactions fréquentes entre les participants.
L’hétérogénéité du groupe est une source de richesse pour chacun.
Lors des premières séances d’élaboration d’albums, le choix du titre reste un problème pour les jeunes enfants. La question » Comment allez-vous appeler votre livre ? Quel titre voulez-vous lui donner ? » n’est pas suffisamment explicite pour eux et l’observation d’albums dans la bibliothèque les aide à comprendre la difficile relation entre le titre et la trame de l’histoire.
Les illustrations :
La réalisation des illustrations suppose un travail préalable de découpage du texte en parties. Cette tâche difficile peut être facilitée par des activités fréquentes autour de la lecture d’images et la reconstitution d’histoires courtes avec des images séquentielles.
L’enseignant doit veiller également à la cohérence de la représentation des personnages tout au long de l’histoire.
Texte définitif :
Il était une fois un petit homme qui était très amoureux. Un jour, en se promenant, il arriva dans un bois. Une princesse y était prisonnière dans un labyrinthe. Il se demandait bien comment il pourrait la libérer. Dans ce bois vivaient un loup, un renard et un chat. Les animaux lui expliquèrent que pour pouvoir libérer la princesse, il devait passer des épreuves chaque fois plus difficiles. Le loup dit au petit homme : » Tu dois d’abord trouver une tulipe rose dans un champ de tulipes rouges, mais attention ! le champ de tulipes est bien caché ! » Alors il partit à la recherche du champ de tulipes et en chemin, il trouva un pétale de tulipe rouge, puis un autre, et encore un autre. Il suivit la piste et arriva devant un champ de tulipes rouges. Il cueillit la seule tulipe rose et retourna voir les trois animaux. Cette fois, le renard lui dit : » Maintenant, tu dois trouver un diamant pour l’offrir à la princesse. Il est caché à la cime d’un chêne. Attention ! il n’y a pas de branches pour y monter ! » Il eut l’idée de se fabriquer une échelle avec des morceaux de bois et de la corde. Ensuite, il partit dans la forêt avec son échelle à la recherche du chêne. Il le trouva, monta à sa cime et, dans un trou, il vit un petit coffre. Dedans, il y avait un magnifique diamant et quelques pièces d’or. Quand il retourna voir les animaux, ce fut le chat qui lui dit : » Il ne te reste plus qu’à trouver la clé du labyrinthe. Elle se trouve dans le puits, mais le seau est tombé et la corde s’est décrochée. » Le petit homme partit aussitôt chercher de la corde sur son cheval et attacha un crochet au bout. Il essaya d’attraper la poignée du seau. A la cinquième fois, il réussit à le remonter. Dedans, il y avait bien la clé du labyrinthe. Mais il y avait autre chose : une bouteille. Il enleva le bouchon et à l’intérieur, il trouva une carte mystérieuse. Il comprit que c’était la carte du labyrinthe. Il avait enfin les quatre objets, il allait pouvoir aller libérer la princesse. Il rentra dans le labyrinthe grâce à la clé. Avec la carte, il trouva vite le chemin pour aller au château. Il entra, il chercha partout et il trouva le cachot où la princesse était enfermée. Mais il ne savait pas comment l’ouvrir. C’est alors qu’il s’aperçut que le diamant brillait de plus en plus en faisant de la lumière. Il le mit sur la serrure et la porte s’ouvrit. Il offrit aussitôt la tulipe à la princesse et elle tomba amoureuse du petit homme qui l’avait libérée. Elle lui raconta alors comment elle avait été capturée : c’était un dragon qui l’avait emprisonnée. Ils rentrèrent tous les deux et décidèrent de se marier. Le petit homme devint prince.
Les illustrations ont été produites au fur et à mesure des besoins, avec la même technique qui avait été montrée par Anne.
Exemples d’illustrations :
Puis s’est posée de manière cruciale, la question du fond. En effet, les illustrations, posées sur papier blanc ou de couleur unie paraissaient fades. Les conseils de Brigitte Auber, professeur d’arts plastiques à l’IUFM de Nantes, ont permis de trouver une solution : l’utilisation de photos d’éléments naturels de l’environnement proche.
La cour de récréation a été photographiée, les arbres, la mousse sur les murs, les murs eux mêmes, les feuilles d’automne, la cabane à vélos…
Exemples de fonds utilisés :
La mise en page de l’album :
C’est une part du maître très importante.
Chaque illustration a été numérisée, puis projetée sur les fonds parfois retouchés (au niveau de la couleur) de manière logicielle.
La publication de l’album :
La maquette du livre est achevée en décembre 2006, et l’album est tiré à 40 exemplaires avec l’imprimante de l’école, sur papier couché, puis relié.
Une souscription ouverte auprès des parents permet l’autofinancement du projet, les exemplaires publiés en plus étant vendus au profit de la coopérative de classe.
Couverture de l’album :
L’album est évidemment envoyé à Anne.
Elle répond aussitôt :
Réalisation d’un cédérom, un outil au service des apprentissages en lecture-écriture
Découverte de l’outil
Dans la classe, grande place était déjà faite à la production d’écrits, écrits individuels mais aussi écrits collectifs d’histoires, et nous venions d’éditer notre album.
Durant l’année scolaire 2000-2001, j’avais découvert un logiciel de présentation multimédia que j’ai ensuite utilisé pour produire des albums animés, ou bien des cédéroms documentaires ou mémoires de classe.
J’ai présenté le travail des élèves de l’année passée, puis j’ai proposé ce travail en prolongement de notre album en version papier.
La méthode de travail a été la suivante : en classe, découverte du livre à l’écran, tous les enfants autour de l’ordinateur (écran perché pour l’occasion) puis discussion pour déterminer les modifications à apporter. Organisation des séances d’enregistrement, en classe, tous les enfants présents également. Les observations des enfants étaient notées et prises en compte, et le soir, j’effectuais les modifications demandées par les enfants. Il est bien évident que des enfants de cycle 2 ne peuvent pas effectuer eux-mêmes les animations du logiciel.
Par contre, il suffit de les laisser l’utiliser, c’est à dire lire le livre à l’écran, pour se rendre compte du bien fondé de certaines animations, qui sont là essentiellement pour être des aides à la lecture, en complément d’information. Le soir, je modifiais la présentation et j’ajoutais les sons. Le lendemain, de nouveau examen collectif, etc En deux semaines, le travail sur l’animation était terminé.
Une autre part importante donnée aux enfants a été la sonorisation des écrits. Il a fallu apprendre à se servir d’un enregistreur (mini disque), à s’enregistrer et à entrer les sons dans l’ordinateur (part du maître !). Les enfants ont pu se rendre compte à quoi pouvait servir la lecture à voix haute et sont devenus très exigeants sur la qualité de leur diction. Un élève, lecteur, s’est entraîné longuement avant de lire les textes au micro et d’autres voulaient toujours refaire les enregistrements pour améliorer la diction. Ils ont compris ce que voulait dire lire à voix haute, articuler, baisser la voix, mettre le ton…
Les conditions d’organisation, la place du multimédia dans la classe
L’idée de faire une présentation multimédia de l’album réalisé par les enfants est venue de moi, j’en ai fait la proposition à la classe. Mais le projet lui-même a ensuite été complètement adopté et pris en charge par les enfants. Il s’agit d’un projet collectif et sa réalisation s’est faite au jour le jour selon une méthode de travail qui favorise l’expression création individuelle et collective et qui suppose évidemment une authentique vie de groupe. La difficulté est donc de faire que le groupe classe fonctionne, c’est à dire qu’il y ait une réelle interactivité entre les enfants, et que chaque enfant apprenne à trouver sa place au sein du groupe.
Cela veut dire que chaque enfant doit développer certaines compétences : savoir faire un travail personnel et savoir le présenter aux autres, savoir écouter la présentation d’un autre, savoir entendre une critique mais aussi savoir donner son avis en argumentant, savoir discuter, savoir travailler avec un autre, savoir partager le travail…
Ces compétences sont mises en œuvre tout au long de la journée, les enfants étant très souvent sollicités à s’exprimer dans toutes les activités : le Quoi de Neuf ?, le conseil, l’organisation de la journée, les débats à thèmes, la formulation de leurs représentations mentales au début de chaque apprentissage disciplinaire… Durant tous ces moments de prise de parole en groupe, l’enfant apprend à tenir compte de l’autre, il peut s’exprimer, donner son avis, il affronte le groupe, il apprend à » être » dans un groupe. Avec une réelle interaction entre les enfants, le groupe devient vrai et efficace, il peut ainsi aider chaque individu à se former et à enrichir ses connaissances. L’enseignant est là comme garant du bon fonctionnement du groupe, la parole circule entre les enfants et non plus seulement entre le maître et la classe.
Les moments de travail collectif sur la présentation multimédia de l’album (critique collective autour de l’ordinateur ou séances d’enregistrement) ont pu être efficaces parce que les enfants avaient déjà pris l’habitude du travail de groupe. Mais elles ont aussi servi à améliorer la qualité de ce travail de groupe. C’est en travaillant ensemble qu’on apprend à travailler ensemble.
Ce que le multimédia a apporté et ce qui paraît possible
Au fur et à mesure de l’avancement du projet, les enfants ont de plus en plus pris en charge la construction, le contenu, le scénario, ce qui les a menés à lire différemment les albums de la classe : ils regardaient les illustrations avec un œil critique, essayaient de comprendre comment l’album était construit…
Lors de la fabrication des dialogues, il a fallu travailler style direct, style indirect, chercher un vocabulaire différent (opposition langage écrit / langage parlé), étudier ce qui pouvait être redondant…
Les jeunes enfants non lecteurs qui lisaient le cédérom prenaient plaisir à retrouver les mots du texte.
Réalisation d’une exposition
Une exposition – et son vernissage – venaient d’avoir lieu dans l’école : Pascal Paillet et ses élèves de CE1 / CE2 avaient travaillé sur le peintre Alain Thomas. L’idée est venue lors d’un conseil de classe, de faire de même, ce qui était grandement facilité par la matériel d’exposition (grilles) déjà présent.
La préparation de l’exposition a mis en œuvre à la fois le tâtonnement expérimental, la coopération, la création et la communication.
Tâtonnement et coopération :
Il s’agissait :
· de classer les illustrations réalisées,
· d’associer les titres des panneaux aux illustrations,
· d’organiser chaque panneau.
Communication :
Une exposition constitue en soi une communication vers les autres, (réalisation d’une invitation) les » autres » – les parents – étant représentés par le livre d’or.
Création, expression :
La mise en valeur et la mise en place des panneaux a permis aux élèves d’opérer des choix esthétiques.