Pourquoi une « Une » sur l’armée des ombres, film de Jean-Pierre Melville, tourné en 1969? Et bien parce que ce chef-d’oeuvre fait partie de la nouvelle programmation 2006-2007 de « lycéens au cinéma » et qu’il s’adapte parfaitement aux programmes de première (générale et technologique).
– Le synopsis
Réalisé en 1969, entre Le Samouraï et Le Cercle rouge, L’Armée des ombres, onzième long-métrage de Jean-Pierre Melville, est l’adaptation d’un roman de Joseph Kessel, écrit « à chaud » en 1943. Melville, qui s’était fait une spécialité d’auteur de film noir « à la française », s’attaquait à une période de l’histoire et à une aventure, celle de la Résistance, à laquelle il participa dans sa jeunesse.
– La mise en scène
Le film s’attache plus particulièrement aux membres d’un réseau de résistance et se découpe en longues séquences, où la motivation principale des individus s’efface derrière l’action pure, laconique, apparemment détachée de toute causalité et justification idéologique. Après avoir été détenu dans un camp de concentration l’ingénieur Philippe Gerbier (Lino Ventura impérial) s’évade de l’hôtel où il devait être interrogé par la Gestapo. Il rejoint ses camarades, organise l’exécution du traître qui l’a vendu, effectue une mission à Londres, revient, tente de faire évader l’un de ses camarades, est capturé puis sauvé avant d’avoir à faire un choix douloureux.
Appliquant aux soldats de l’ombre, le même traitement qu’à ses flics et truands, Melville ne détruit pas le mythe politique de la Résistance (une séquence montre furtivement de Gaulle en apparition divine) mais décompose celle-ci en une suite de comportements fascinants et létaux.
L’Armée des ombres s’inspire d’événements réels (l’arrestation et la mort de Jean Moulin par exemple) auxquels il fait subir le traitement d’une transposition ultrastylisée. Loin de tout triomphalisme et de tous pathos, le maniérisme de Melville atteint ici un degré extrême de pure incandescence poétique où l’attente, le mouvement, la mort ou la mise à mort, le sacrifice se juxtaposent. Et ce qui frappe tout spectateur du film c’est l’incroyable tristesse qui s’en dégage et qui atteint son sommet lors du carton final, énumérant le sort que connurent les protagonistes du récit.
Jean-François Rauger / Le Monde 27 mai 2005
http://crac.lbn.fr/image/fichefilm.php?id=278
– Le café propose une série de liens commentés pour se lancer dans l’exploitation pédagogique de ce film.
http://crac.lbn.fr/image/fichefilm.php?id=278
http://www.cinehig.clionautes.org/article.php3?id_article=102
http://www.cinehig.clionautes.org/article.php3?id_article=143
http://fr.wikipedia.org/wiki/L’Arm%C3%A9e_des_ombres
http://www.ecranlarge.com/test-dvd-562.php
http://www.filmdeculte.com/coupdeprojo/melville.php
http://www.dvdclassik.com/Critiques/armee-des-ombres-dvd.htm