Non, il ne s’agit pas de la note de vie scolaire mais de la pétition lancée par le collectif « pas de zéro de conduite » ayant recueilli plus de 189000 signatures.
Le collectif avait faire part de ses vives inquiétudes et de sa forte opposition par rapport au projet de loi de prévention de la délinquance, dont l’examen commence le 13 septembre devant le Sénat: dépistage précoce des « troubles du comportement » et notion de « secret partagé » indignaient ceux qui refusent une médicalisation à outrance et une stigmatisation d’enfants déjà fragilisés.
Si la dernière mouture du projet de loi a abandonné l’idée d’un dépistage précoce et systématique, la question de la levée du secret professionnel reste entière.
Le collectif s’inquiète de savoir qu’un maire, selon le projet de loi, devra être destinataire d’informations privées concernant les personnes présentant de graves « difficultés sociales, éducatives ou matérielles. » Il précise: « Or chacun sait qu’il est essentiel que les citoyens puissent continuer à bénéficier de garanties de protection de l’intimité de leur vie privée, lorsqu’ils ont besoin d’une aide. C’est parce qu’ils savent cette confidentialité protégée que les parents acceptent de faire part de leurs difficultés les plus graves et de recevoir le soutien des professionnels qui sont alors fondés à élaborer avec eux des mesures de prévention ou de soins. » Un modèle de lettre est proposé au téléchargement afin de demander à chaque parlementaire le retrait de l’article 5 du projet de loi, autorisant la levée du secret professionnel.
Modèle de lettre:
http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/article.php3?id_article=80
http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org
Prévention de la délinquance: opinion d’un magistrat
Didier Peyrat, vice-procureur, chargé des mineurs au tribunal de grande instance de Pontoise, répond dans l’édition du Monde du 10-11 septembre au sujet du projet de loi de prévention de la délinquance. Ne niant pas la réalité de la violence des mineurs, il rappelle néanmoins qu’elle concerne une frange minoritaire.
Il note que « la quasi-totalité des dispositifs créés sont réactifs au lieu d’être orientés sur la racine des problèmes ; ils s’adressent à des mineurs déjà à la dérive. Le rappel à l’ordre auquel pourra procéder le maire, ou la nouvelle peine de sanction-réparation, supposent un acte illégal préalable. Par ailleurs, toutes les mesures sont d’ordre répressif. »
Il affirme aussi: « Le projet actuel, fabriqué dans le dos des acteurs de la prévention, donne l’impression de vouloir marquer les éducateurs comme responsables de l’échec. Il ne faut pas nier les difficultés de la prévention : crise des moyens,du recrutement et de la reconnaissance du travail éducatif, absence d’efforts en direction des adultes d’origine immigrée pour leur faire jouer un rôle, absence de lisibilité institutionnelle. A cela s’ajoute une incertitude sur le fond de ce que signifie prévenir. Les éducateurs ont besoin que la société clarifie les valeurs au nom desquelles on prévient. Prévenir, c’est à la fois devancer et avertir. Il est assez facile de dire qu’il n’est pas bien de violer la loi. Le problème, c’est d’avoir une argumentation efficace : expliquer ce que la loi protège. La crise des évidences va jusque-là. Mais il ne peut y avoir de discours éducatif dans la confusion, en s’excusant d’invoquer les valeurs. »
Le vieux débat sur la « crise de l’autorité » lui paraît mal posé. Il dit: « Dans le délit se loge le mépris de l’autre. Notre délinquance est d’abord contre autrui, et secondairement contre l’Etat. Elle renvoie donc à une véritable crise de la capacité à vivre ensemble, que l’on n’arrive pas à rabattre sur une seule cause, économique, sociale ou idéologique. Cela me paraît lié à une fragmentation sans précédent de la société. Les individus s’écartent les uns des autres. Ils sont encouragés à perdre de vue leur dépendance. Je pense, à l’inverse de la thèse foucaldienne d’une société transparente sous surveillance complète, que la société est plus complexe, plus obscure. »
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-811368,0.html