Inflation scolaire : qu’est devenue la génération 2001 ?
En 2004, que sont devenus les jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2001 ? Une étude du Céreq permet de suivre le parcours de ces 368 000 personnes. 74 000 ont un diplôme de grande école ou un 3ème cycle, 73 000 un diplôme du second cycle universitaire, 93 000 un diplôme professionnel bac +2 (BTS par exemple), 43 000 un Deug, 84 000 n’ont pas de diplôme. Trois ans plus tard un sur dix (11% ) est au chômage, soit le double de la génération 1998. 71% sont en CDI.
Mais le taux de chômage varie fortement selon la formation. En tête, les formations courtes de santé (infirmière, assistante sociale) n’affichent que 2% de chômeurs et ont une rémunération équivalente à celle des jeunes sortant d’une école de commerce (13% de chômage) ou de maîtrise (13%). Si pour les formations universitaires le taux de chômage est inversement proportionnel à la durée des études (docteurs 9%, licenciés 11%), il est particulièrement faible pour les formations professionnelles. 9% des détenteurs d’un BTS sont au chômage (7% seulement pour un BTS industriel). Les licences professionnelles s’insèrent correctement sur le marché de l’emploi : 9% contre 12% pour les licences générales avec un salaire supérieur (1400 euros contre 1300). Des données à nuancer selon les formations précisément suivies.
L’accès aux emplois de cadre se referme : en dessous de bac +5, il est difficile d’y accéder : 90% des sortants d’école d’ingénieur sont cadres, 68% des titulaires de DEA et DES, 36% seulement des titulaires d’une maîtrise.
http://www.cereq.fr/pdf/mailingNEF21.pdf
Croissance économique et éducation
Une main d’oeuvre plus éduquée est plus mobile et plus adaptable, elle peut apprendre de nouvelles tâches plus facilement… Elle est plus autonome… Tout ceci permet à une entreprise qui emploi une main d’oeuvre plus instruite de s’organiser différemment, d’être dirigée différemment, d’avoir des équipements différents ». Alors que le scepticisme sur la rentabilité de l’effort éducatif se fait jour, trois économistes de The Brookings Institution, un institut de recherche indépendant situé à Washington, montrent l’intérêt économique de cet investissement pour l’éducation de base. Pour eux, il contribue pour 13 à 30% à la croissance de la productivité durant ces 40 dernières années.
http://www.brookings.edu/views/papers/200604dickenssawhill.htm
Absentéisme et sens de l’Ecole
« La question de l’absentéisme en général, est de plus en plus prégnante dans le système éducatif actuel, un réflexe de banalisation accompagne trop souvent nos comportements : «de toute façon c’est une tendance générale, on n’y peut rien… ». De temps à autre on décide de se saisir vigoureusement et, croit-on, définitivement, de la question, alors un radicalisme se met en place souvent encouragé par la “réaction” des enseignants devant l’inadmissible. On se met alors à exclure à tout va. Le mal disparaît-il ? Si un certain nombre d’absents par laxisme modifie son comportement le noyau dur subsiste car les raisons de l’absentéisme sont liées à la capacité du système à intégrer des jeunes que leurs conditions de vie sur le plan économique ou (et) familial rend réfractaires aux apports de l’école. Un travail d’approche individualisé, de « mise en liens » doit être mis en oeuvre. » Yves Rollin, secrétaire national d’Education et Devenir analyse les motifs de l’absentéisme lourd propose des réponses : relation de confiance avec un adulte, climat d’établissement, suivi individuel, etc. Pour Y. Rollin, « le traitement de l’absentéisme lourd permet non seulement de remettre en route un certain nombre d’élèves, Il impose au système scolaire de s’interroger sur son sens et donc sa légitimité ».
Tribune
http://education.devenir.free.fr/Tribune.htm
Lecture : Et pourtant ils lisent !
« Des méthodes d’apprentissage où l’enfant est chercheur à celles où l’enfant est dressé, le choix idéologique est limpide : lui refuser dès le plus jeune âge de penser, lui ôter le désir de questionner, de comprendre, de connaître, lui imposer une obéissance passive… Au-delà de l’apprentissage de la lecture, il s’agit bien d’une volonté d’agir sur les capacités réflexives… de toute une jeunesse ». Catherine Chabrun ouvre ce numéro 178 du Nouvel éducateur par une accusation grave sur la politique ministérielle. Il est vrai que le ministre a quasiment mis le mouvement Freinet en accusation en associant la « méthode naturelle » et la « détestable » méthode globale.
Elle est reprise par André Ouzoulias qui dénonce, dans les propos de Gilles de Robien, « un discours réactionnaire,… une politique de démontage des politiques de démocratisation antérieures ». Il met en évidence six « simplifications » dans le discours ministériel et demande l’ouverture de 5 chantiers pour lutter contre l’illettrisme : relancer les recherches sur l’apprentissage de la langue en maternelle, favoriser la production d’écrits en GS, améliorer les méthodes d’apprentissage de l’orthographe et la compréhension en lecture. Et avant tout « on n’améliorera pas radicalement la pédagogie de la lecture si on n’allonge pas la formation des maîtres du premier degré à deux ans après le concours ».
Roland Goigoux et Jacques Bernardin contribuent également à ce numéro. Mais il est particulièrement riche des très nombreux témoignages de professeurs, de la maternelle à la formation pour adultes, qui attestent de la vitalité et de la diversité du mouvement Freinet.
http://www.icem-pedagogie-freinet.org/icem-info/publications/pemf/nl-educateur/pub/numero-176/
Lecture : la chronique mensuelle de B. Devanne
« Quels rôles la production très régulière d’écrits joue-t-elle dans cette classe depuis le début de la grande section… ici en continuité avec les moments d’écriture crayon en main mis en place dès la moyenne section ? » Bernard Devanne nous fait suivre la découverte del’écriture et de la lecture par des enfants de grande section de maternelle en Zep. « En produisant des écrits (presque) tous les jours de classe, ces enfants développent… une assurance croissante à l’égard de la « chose écrite », ce qui fait de la page blanche un territoire d’expériences dès le moment de l’accueil (nous l’avons souligné précédemment), alors qu’à l’école élémentaire, elle devient vite « lieu de l’angoisse », si la production d’écrit n’a pas été apprivoisée de bonne heure ».
Journal d’une grande section
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/devanne_i6l.aspx
Dossier Lecture du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/lecture_index.aspx
Lecture : Le trompe l’oeil de la Planète des Alphas
« Nous ne sommes dans une activité d’apprentissage de la lecture que si l’on travaille sur des vrais mots, des phrases, des textes écrits et non sur des gadgets colorés tels que ceux qui sont distribués par une célèbre chaîne de restauration rapide ». Pierre Frackowiak, inspecteur de l’éducation nationale, critique la « planète des Alphas », une méthode commerciale, largement promotionnée par France 2, qui prétend apprendre à lire en une semaine « Ceux qui prétendent résoudre les problèmes d’orthographe grâce à leur méthode miraculeuse, oublient sans états d’âme que le U de Melle U, n’est pas du tout la même chose que le « hue! » qu’elle adresse à son cheval. Le « h », le « e » et le point d’exclamation ne sont pas jetés par-dessus bord de la planète. Je considère que sur cette simple question, la planète trompe les gens ».
http://cafepedagogique.studio-thil.com/dossiers/contribs/frak.php
Mais pourquoi donc la Science n’arrive pas à penser comme nous ?
L’association « Famille-Ecole-Education », acteur très actif dans la polémique pour le retour au B-A-BA pur, partisan d’une retour « à une école où les professeurs enseignent et où les élèves apprennent », comme le précise l’invitation, organisait le 26 avril un « colloque » parisien sur le « fonctionnement cérébral et l’apprentissage ». Comme le Café ne recule devant rien pour informer ses lecteurs, c’était une occasion à ne pas manquer pour aller entendre de près ce courant qui a tant les faveurs de M. le Ministre…
Le reportage du Café
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/Lecture_index.aspx
Rappel : Le dossier du Café sur la lecture
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/lecture_index.aspx
Haine et idéal : un couple à maîtriser pour J. Nimier
J’avais un idéal de ce qu’était l’Enseignement et en particulier l’Enseignement Professionnel : de par mon parcours, de par mes origines modestes… Une fois passées les premières impressions et bien le « mythe » s’effondre. Là je ne parle pas que des collègues, je parle par exemple de l’utopie émancipatrice que me semblait porter l’Enseignement Professionnel, par exemple ». Jacques Nimier part de ce témoignage pour réfléchir au couple idéal – haine. « Plus la distance entre l’idéal et la réalité est grande, plus notre souffrance est grande et plus le risque de « dérapage » est important. Mieux nous comprendre, mieux voir comment nous réagissons à la frustration provoquée par ce conflit permet de mieux analyser les mêmes situations chez nos élèves et chez les jeunes en général. De la compréhension de nous vers la compréhension de l’autre c’est le chemin le plus sûr et le plus efficace pour nous aider et aider les élèves dans la résolution de ce conflit ».
Une réflexion qui s’appuie sur l’analyse de plusieurs ouvrages et de témoignages d’enseignants et d’élèves.
http://perso.wanadoo.fr/jacques.nimier/ideal_haine.htm
Le rapport Rolland appelle à regrouper les enseignements scientifiques au collège
« Des professeurs des écoles sous-formés en science,.des enseignants du secondaire enfermés dans leur discipline », un enseignement des mathématiques trop sélectif : le rapport du député Jean-Marie Rolland, président de la Mission parlementaire d’information sur l’enseignement des sciences, sur « l’enseignement des disciplines scientifiques dans le primaire et le secondaire » tente d’expliquer la crise des disciplines scientifiques dans le système éducatif français. Crise marquée par la baisse du nombre d’étudiants dans les universités scientifiques : -18% de diplômés en maths depuis 1998, deux fois plus pour les sciences physiques.
Pour le rapporteur, la crise tient à trois facteurs principaux. » Tout d’abord les mathématiques et les sciences exactes jouent un rôle d’outil de sélection dans notre système éducatif. Ce champ de connaissances est investi d’une charge émotionnelle importante et regardé, particulièrement par les filles, comme un enseignement d’élite inaccessible si l’on est simplement moyen… En second lieu, les filières scientifiques universitaires pêchent par leur manque absolu de lisibilité. Elles ne peuvent être associées à aucun devenir professionnel perceptible et motivant alors que, de surcroît, elles sont perçues comme arides et sans lien avec les interrogations sur le monde… Enfin, il faut anticiper la pénurie probable d’ici quelques années de candidats aux concours de recrutement d’enseignants du secondaire dans les disciplines scientifiques, cette pénurie découlant directement de la désaffection des jeunes pour les études universitaires en mathématiques et en sciences de la nature ».
La Mission présidée par J.-M. Rolland fait donc une cinquantaine de propositions. A l’école elle souhaite » redonner toute sa place à l’enseignement des sciences en formant et en accompagnant les maîtres,… généraliser les méthodes d’apprentissage par l’expérimentation et l’investigation en liaison avec des scientifiques ». La mission dénonce « une certaine dérive pédagogique trop axée sur les mécanismes intellectuels de l’apprentissage » et propose d’introduire l’apprentissage des techniques opératoires des quatre opérations dès le cours préparatoire. Cette introduction est jugée trop précoce par de nombreux spécialistes.
Au collège, la mission croit dans le regroupement des disciplines scientifiques et l’expérimentation. Il faut » rompre avec le cloisonnement des disciplines scientifiques en les faisant converger selon une approche pluridisciplinaire autour de thèmes communs,… rendre obligatoire les activités d’investigation, d’observation et d’expérimentation dans une approche interdisciplinaire; passer progressivement de la science (en classe de sixième et de cinquième) aux sciences plus diversifiées, en privilégiant la mise en histoire des sciences » et pour ce faire encourager la bivalence des enseignants.
Au lycée, elle demande la création d’une option science en seconde et d’une « véritable filière scientifique en première et terminale en allégeant les programmes dans les matières non scientifiques. »
Le rapport Rolland s’appuie sur les propositions de l’académie des sciences et, sur certains points des rapports Charvet et Blandin – Renard. L’introduction précoce des 4 opérations au primaire, qui de fait accentue la sélection, la spécialisation accrue au lycée semblent devoir soulever de fortes critiques dans les milieux éducatifs. Le retour aux situations antérieures peut-il suffire à remédier aux crises de demain ?
http://www.assemblee-nationale.fr/12/rap-info/i3061.asp
Le rapport Blandin Renard
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lemensuel/lenseignant/sciences/maths/2003/42_accueil.aspx
Les enseignants se méfient des politiques
Selon un sondage réalisé par le Se-Unsa auprès de 3000 enseignants et publié par L’Enseignant, les enseignants sont massivement attachés à une liberté pédagogique raisonnable : 91% sont hostiles à l’imposition d’une méthode d’apprentissage mais 88% estiment que « la liberté pédagogique doit s’exercer dans le cadre du projet d’école ». Mais le sondage révèle surtout le fossé creusé avec les élus. 86% sont hostiles à la participation des élus à l’élaboration des projets d’école. 72% rejettent également l’idée qu’ils doivent être partie prenante dans l’organisation du temps scolaire.
Pour Philippe Niemec, « le discours démagogique du ministre Gilles de Robien sur les méthodes d’apprentissage de la lecture et les implications maladroites de certains élus dans le domaine scolaire ont visiblement laissé des traces… Faut-il s’en étonner ? La méfiance à l’égard des élus ou des parents, le repli sur soi, le cloisonnement disciplinaire se renforcent dès lors que les autorités de l’État remettent en cause les compétences professionnelles des enseignants ». Pour P. Niémec, « de la confiance avant toute chose, c’est la première revendication que les enseignants expriment à travers cette enquête ».
http://www.se-unsa.org/page_enseig.html