Bibliographie
Les mutations de l’Ecole, editions Sciences Humaines
Dans un exercice désormais assez rôdé, le magazine Sciences Humaines mixte archives et nouvelles contributions dans un ouvrage sur « les mutations de l’Ecole ». Il alterne les articles de chercheurs et les synthèses de Martine Fournier, journaliste, et Vincent Troger, professeur d’IUFM et récent co-signataire du Que-Sais-Je sur l’histoir edu système éducatif avec JC Ruano-Borbalan.
La première partie de l’ouvrage brosse un panorama synthétique des évolutions des trente dernières années : après un bref (mais structurant) rappel de la brève histoire de la sociologie de l’éducation (Vincent Troger), Marcel Crahay rappelle sa typologie des systèmes éducatifs européens, montrant pourquoi les systèmes nordiques sont plus « justes et efficaces » que d’autres.
La « montée en puissance des acteurs » fait ensuite la part belle aux élèves et aux enseignants. Agnès VanZanten décode les nouvelles façons d’être des jeunes enseignants, tentant de se faufiler dans les interstices du système, et plus convaincus, en ce qui concerne les élèves, de la Différence que de l’Egalité. François De Singly, observateur avisé des évolutions de la société française, revient sur ce couple infernal que forment l’Egalité et la Liberté, entre le Collectif et l’Individu, source de bien des tension entre la Famille et l’Ecole.
Presque en parallèle, Pascal Huguet rappelle comment la psychologie sociale montre combien la réussite ou l’échec dépend du contexte social offert aux élèves en classe, après que Patrick Rayou ait montré combien les «nouvelles sociabilités lycéennes » posaient de nouveaux problèmes aux enseignants en difficulté pour les faire « s’engager ».
Dans le chapitre consacré aux « savoirs » et aux « valeurs », François Dubet réinterroge avec sa verve habituelle la tarte à la crème de la « citoyenneté », appelant à quitter définitivement le mythe de l’Ecole sanctuaire pour demander à l’école républicaine et laïque de devenir enfin démocratique pour entendre enfin la « révolte des vaincus » du système. Bernard Charlot et Jean-François Derouet rappelle que le sens du savoir scolaire n’est toujours pas le même pour les élèves des classes populaires, et que ce qui est implicite pour certains est à conquérir pour les autres. Ils introduisent, en quelque sorte, le débat sur le « socle commun de connaissance » que l’école devrait garantir à chacun.
Le chapitre suivant, « Enjeux et débats », poursuit le propos : Marie Duru-Bellat décrit les mécanismes cachés de sélection sociale encore en oeuvre dans l’école, et Stéphane Beaud décrit sans concession le gâchis de l’échec de nombre des « nouveaux étudiants » des milieux populaires abandonnés à leur sort dans les premiers cycles universitaires, nourrissant amertume et ressentiment contre un miroir aux alouettes auquel on les a laissés d’éblouir…
Chaque partie se conclut par une série de « repères » en chiffres ou en graphiques, qui remettront en mémoire l’essentiel à savoir pour comprendre les différents aspects du système.
Du consistant, du solide, bref, de l’utile… A mettre dans la hotte du Père Noël.