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Accompagner la réforme de l’enseignement primaire en Suisse

La volonté politique d’articuler les curricula dans les cantons de Suisse romande a débouché sur un concordat et un plan d’études romand, le PER, avec des répercussions obligatoires sur la formation initiale et continue des enseignants. On demande désormais aux enseignants d’avoir des capacités de communication, de créativité, de collaboration et de les faire naître chez leurs élèves, explique Marcello Giglio, HEP BEJUNE. Le PER, effectif dès cette rentrée, prévoit le regroupement des disciplines en 5 grands secteurs, par exemple mathématiques et sciences de la nature ou langues, l’acquisition d’une formation générale (TIC, projets, éducation citoyenne) et de capacités transversales. Le projet a été soumis à la connaissance des formateurs et de nombreuses discussions ont eu lieu.

Les enseignants se sont déclarés plutôt satisfaits de cette réforme, mais peu d’entre eux ont été soucieux de l’appliquer. Ils doivent apprendre à orienter l’attention de l’élève sur le travail demandé, leur confirmer qu’ils sont bien dans la bonne direction et n’apporter les connaissances qu’au fur et à mesure, de manière à augmenter la collaboration et la créativité chez les élèves. Pour mettre en place les nouvelles activités langues, il a fallu inciter les enseignants à pratiquer les TICE, à utiliser les propositions d’immersion linguistique et à introduire l’interdisciplinarité en classe.

Le projet de recherches de Marcello Giglio porte sur l’adhésion au nouveau programme, la perception des instructions, les changements de pratiques en conséquence, aussi bien chez les formateurs que chez les enseignants. Il se réalise au travers d’enquêtes et d’entretiens. La grande difficulté, pense-t-il sera de dépasser les cloisonnements disciplinaires et d’apprendre à collaborer. On ne sait pas à l’avance comment s’établiront les liens interdisciplinaires. On ne sait pas non plus comment les élèves vont réagir dans ces nouvelles modalités d’enseignement, où l’enseignant sera plutôt « un coach ». La recherche devrait amener à identifier des activités pédagogiques et des séquences professionnelles qui entraînent une véritable modification de l’activité de formation.

 

Débuter en Suisse ou au Québec, la galère ?

 

Bernard Wentzel, HEP BEJUNE (centre de formation multicantonal des enseignants), présente ici les résultats d’une enquête initiée en 2005, réalisée par questionnaires et entretiens et portant sur les stratégies d’insertion et l’accompagnement.  Il précise que le renouvellement massif des enseignants, l’évolution du public élève (hétérogénéité linguistique et culturelle notamment),  les changements de programmes ont rendu la formation professionnelle relativement difficile ces dernières années.

L’insertion professionnelle des enseignants est un processus de transition entre la fin de la formation et un emploi socialement construit. En Suisse, l’entrée dans le métier est régulée par la loi du marché, avec des procédures de sélection opaques et peu standardisées. Les jeunes enseignants passent souvent par une phase de précarité (remplacements, contrats de courte durée, temps partiel) et se sentent bien seuls dans leurs classes. Si certains vivent cette insertion comme une galère, d’autre ont le sentiment d’un parcours plus serein (nominations dans un seul établissement, élèves pas trop difficiles).

Selon l’enquête, le sentiment d(être enseignant n’est pas lié à un sentiment de compétence, mais plutôt à une représentation sociale, qui joue aussi en dehors de la classe.

Les discours des jeunes sont souvent critiques par rapport à la formation reçue, mais ils évoluent avec le temps et, quelques années après leur sortie de l’université, les enseignants admettent que le mémoire professionnel leur a permis de construire une démarche ou de solidifier des connaissances. Ils soulignent néanmoins qu’ils ont d’autres expériences formatives, souvent personnelles.

 

Pour Stéphane Martineau, université du Québec à Trois Rivières, il s’agit de faciliter l’insertion professionnelle des enseignants et de poser les jalons d’un modèle, car le début dans le métier est une phase qui va retentir sur toute la carrière.

Au Québec, l’insertion est un parcours long et chaotique, qui peut prendre jusqu’à 8 ans. Les jeunes doivent effectuer les « queues de tâches »  (les pires élèves dans les pires écoles). Avec 5 filières de formation, ils peuvent avoir à enseigner des matières pour lesquelles ils n’ont pas été formés, de manière à accumuler les heures d’exercice.

D’une enquête, commencée en 2004 auprès de sortants de formation suivis pendant plusieurs années, il ressort qu’ils ont une vision réaliste de ce qui les attend (devoir batailler pour se faire une place au soleil). L’aide de leurs collègues plus chevronnés est assez minimale (introduction auprès des collègues et invitations à des réunions).

Ils s’attendent pour environ 20% à devoir changer de métier dès les 1ères années. Ces abandons inquiètent les politiques en raison du gâchis financier que cela représente et on commence à parler de dispositif d’accompagnement (soutien et ressources). En effet, il n’est pas facile d’enseigner dans 5  niveaux différents et pas toujours dans la même matière.

Les jeunes enseignants ont suivi une formation initiale spécialisée de 4 années avec plusieurs stages, le dernier étant un stage en situation de 12 semaines. Ils sont donc assez préparés à ce qui les attend, mais aimeraient que le système leur donne de bonnes conditions de travail, et c’est là que la confrontation à la réalité est difficile.

 

 

Les travaux des doctorants à l’honneur

De quoi parle-t-on dans les ateliers ce mercredi ? Une journée un peu décevante pour un reporter en quête de pratiques et de recommandations à transmettre à ses lecteurs.

Pourtant les intervenants des 3 ateliers que j’ai suivis, en majorité des doctorants, sont souvent des personnes de terrain, en train de mener des observations. Mais leurs travaux ne sont pas encore aboutis et ils sont légitimement plus préoccupés de les installer dans des courants de recherche que d’analyser les pratiques des observés. Les thématiques abordées n’en sont pas moins intéressantes, comme on le verra dans les 3 exemples ci-dessous.

Géry Marcoux, de l’université de Genève, s’est penché sur l’importance des croyances émotionnelles des élèves dans la résolution en mathématiques de tâches simples ou de problèmes complexes. Dans 8 classes (4 éducation prioritaire, 4 ordinaires) il a proposé la résolution d’un problème complexe, décomposable en tâches simples, accompagne de questionnaires assez détaillés, avant, immédiatement avant et après l’épreuve. Le premier questionnaire visait à définir les attitudes des élèves vis-à-vis des tâches mathématiques (aiment-ils plutôt ceci ou cela), le second leurs représentations sur leurs capacités (avaient-ils peur de l’échec), le troisième sur leur appréciation de l’épreuve (ont-ils aimé ce type d’exercice, ont-ils le sentiment d’avoir bien réussi).

Selon les résultats, près de la moitié des élèves ne se sentent pas a priori très compétents en maths, près de 40% ont peur de l’échec et plus de 70% ont peur de la note. Un tiers ont le sentiment de ne pas contrôler ce qui arrive en mathématiques, 62% affirme aimer le « par cœur », 88% les tâches simples et 82% les problèmes complexes. Reste maintenant à mettre en perspective les performances des élèves et leurs croyances.

 

Joëlle Droux, université de Genève, a présenté les mesures élaborées par l’Organisation internationale et du travail et son bureau, le BIT, pour aider les nations à résoudre le problème du chômage massif des jeunes apparu au début du 20 ème siècle, en raison de la mécanisation des tâches industrielles et de la crise économique. Une recommandation de 1935 donne une nouvelle mission sociale à l’école, dans un cadre international, relayé par de nombreux réseaux, syndicats, partis politiques, associations de jeunes, alors que les gouvernements se trouvaient relativement impuissants à traiter ce phénomène nouveau et portant sur une population qui ne relevait ni du système scolaire, ni de celui du travail.

La recommandation, très largement votée par les nations, comportait 3 points : allongement de la scolarité obligatoire jusqu’à 14 ou 15 ans, réorganisation de l’enseignement technique et professionnel et organisation d’une organisation de l’orientation professionnelle dans le cadre scolaire, établissant pour la 1ère fois une connexion forte et les établissements scolaires et l’orientation professionnelle.

 

Dans l’atelier animé par Patrick Rayou, Paris 8, c’est la notion d’accompagnement, « cette nébuleuse », qui a été discutée, au travers de la bibliographie sur l’accompagnement à la scolarité  par Patrick Rayou et au travers de 2 situations par des doctorants du CNAM et de Paris 12.

L’une de ces interventions porte sur l’accompagnement des managers. Elle met en valeur la communauté de pensée entre accompagnant et accompagné (« on est dans le même bateau » ) et insiste sur le processus d’autoprescription  qui se met en place pour l’accompagné. L’intervention de l’accompagnant finit par porter non sur l’activité de l’accompagné, mais sur la gestion de son activité.

L’autre s’intéresse au hors temps professionnel (personnes à hobbies, réseau des ateliers de pédagogie personnalisée) pour essayer de faire ressortir les modes d’accompagnement et les interactions sociales qui en découlent dans le cas d’un projet personnel  précis.

 

Françoise Solliec

 
Enseignants suisses : travail évalué...
k La charge du travail enseignant...

Youssef Hrizi, Elisabeth Moubarak Nahra et François Ducrey ont analysé la charge de travail de 481 enseignants du secondaire II à Genève. Relativement proches des résultats portant sur les enseignants français publiés ces années dernières, leurs enquêtes font état d'une charge de travail moyenne de plus de 44 heures de travail par semaine, avec un écart-type de plus ou moins huit heures. Comment se répartit la charge ? Pour plus des trois quart, déclarent les enseignants, des tâches pédagogiques d'enseignement, de préparation de cours ou de corrections. Mais un quart du travail concerne les tâches "organisationnelles", les réunions, les rencontres avec les parents, les concertations. Selon eux, ils manquent de temps pour les tâches administratives, qui apparaissent de plus en plus chronophages depuis cinq ans.
Caricature
intro
Ca c'est de la recherche...
La suppression de la formation des enseignants, la réforme des ZEP, les sous-entendus de l'expression "les quartiers",  le foulard islamique, l'éthnicisation de la société, la réforme des programmes d'histoire, la territorialisation des inégalités, la politique du gouvernement,  l'évitement de la carte scolaire, autant de thématiques abordées en une seule intervention de vingt minutes pour parler de la relation des familles et de l'Ecole...
Le rapport ? Un peu lointain, assurément. Sans oublier un ton docte, une démarche professorale, des guillemets partout et des airs entendus. Et trois minutes avant la fin du temps imparti, toujours aucun élément qui ressemblent à un résultat de recherche. Ah si, il y arrive : il va parler de l'accompagnement à la scolarité. Et à la méthode : quelques entretiens et un questionnaire, qui permettent de dire que l'Ecole est mieux jugée que le quartier, que les relations avec les parents sont informelles.
J'ai regretté la pause.


Les TIC dans l’éducation : 3 éclairages

Dans les nombreux ateliers proposés, se mêlent des présentations de travaux de types très différents : enquête informative commanditée  par tel ou tel organisme, étude sociologique qualitative ou quantitative en appui à une thématique donnée, point de vue de chercheur sur un objet ou une démarche particulière, etc. L’atelier sur les TICE de lundi après-midi ne faisait pas exception à la règle.

L’étude menée récemment dans le Tessin faisait apparaître le manque d’appétence de la plupart d’entre eux pour utiliser les TIC en classe. Alors que les établissements commencent à être dotés d’équipements en quantité non négligeable, les enseignants restent réticents à utiliser les TIC en classe, affirmant ne pas en voir l’intérêt et estimant qu’ils ne sont pas assez compétents. Si les élèves sont plus à l’aise dans la prise en main de l’outil, l’étude relève qu’ils ont une faible connaissance du software et que leur utilisation en est limitée.

Une chercheuse de l’université de Toulouse faisait part de ses travaux récents en didactique de l’informatique, en décrivant l’apprentissage d’étudiants d’IUT de la notion de boucle en algorithmique.

 

 

Une autre étude, menée par une doctorante de l’université d’Aix-Marseille, portait sur une population effectuant des téléchargements illégaux, dans le but d’établir si cette pratique de l’internet pouvait conduire à des situations d’apprentissage. On constate que la plupart de ces internautes ont des connaissances de base sur les téléchargements mais ne savent en général pas effectuer des opérations plus sophistiquées telles la mise en ligne ou le décryptage d’objets protégés. Cependant la minorité de ceux qui savent sont tout prêts  à aider et de nombreuses questions et réponses sont échangées sur les forums associés.

 

De cinq à sept ans, déjà...
intro Atelier "Apprentissage à l’école enfantine/maternelle et premier cycle primaire"

dolz
Les apprentissages en grande section ont-ils des effets différés sur les apprentissages en fin de cycle II ?
C’est la question que se posent Youssef Tazouti et Annette Jarlegan (université Nancy 2), qui ont suivi 129 enfants dans sept écoles maternelles. S’ils confirment (ce qui n’est pas un scoop !) l’importance de la catégorie sociale d’appartenance sur les résultats des enfants, ils constatent des liens entre certaines acquisitions en GS et en CE1 : les compétences les plus prédictives de la réussite ou de l’échec semblent être la construction de la compétence à faire la correspondance entre l'oral et l'écrit, la capacité de raisonnement logique (par exemple organiser des suites logiques) ou être capable de dénombrer. Par contre, leurs résultats semblent accorder peu de poids aux compétences en graphisme telle qu'ils l'ont mesurée dans l'épreuve, ou à l'organisation spatiale.
« Mais nous ne savons rien des élèves présents en GS et qui ne sont plus dans notre échantillon au CE1, qui peuvent avoir des profils sociaux spécifiques et seraient susceptibles de modifier nos données », concède le chercheur. « Nous ne savons rien non plus de l’impact des pratiques d’enseignement des enseignantes au cycle II, ce qui ne nous permet pas d'en dire quelque chose..."

dolzAnnie Charron, de l’université du Québec, s’intéresse aux préoccupations des élèves en situation de production de mots par « orthographe associée » (qu’on appelle aussi parfois« écritures inventées » ou « orthographe approchée). Plusieurs recherches ont déjà montré que lorsqu’on invite les enfants à écrire des mots « comme ils le pensent », ils développent la confiance qu’ils ont dans leur capacité à écrire. Bien sûr, ils s’intéressent à la mise en relation entre l’oral et l’écrit : celui qui cherche à écrire « cadeau » va tenter KDO. Ils s’intéressent à l’ordre des phonèmes, n’utilisent pas de lettres qu’ils n’entendent pas. Mais développent-ils réellement leur conscience phonologique ? Parviennent-ils mieux à extraire des phonèmes ? Résultat à l’appui, elle montre que les résultats sont significatifs : presque deux fois plus de phonèmes identifiés par ceux qui ont été régulièrement invités à produire des écritures inventées. Aux enfants de quelle catégorie sociale profite le plus cette intervention ? Les résultats sont en cours de traitement...

dolz
L'écriture est  aussi au coeur du travail de J.-Y. Levesque et Natalie Lavoie, eux aussi québéquois.
Ils sont persuadés que dans le contexte de la réforme québéquoise de s programmes  d'enseignement, l'importance de l'échange et de la collaboration entre élèves n'est pas assez valorisée par les enseignants qui privilégient le magistral.  Mettant dans leur panier Vygotski et Bruner,  ils veulent savoir si des enfants de sept ans travaillant en équipe sous la tutelle de l'enseignant réalisent de meilleurs productions que leurs pairs travaillant seuls. Sans surprise, les résultats prouvent que lorsque l'enseignant est formé à organiser une tutelle attentive de l'activité des ses élèves, qu'ils les soutient et leur apprend à travailler ensemble, leurs résultats en production d'écrit sont meilleurs, et ce d'autant plus que l'intervention magistrale se poursuit dans le cycle de scolarité. Bonne nouvelle, l'enseignement a de l'avenir.