Par Robert Delord
Langues et Culture de l’Antiquité…
…Consultation pour les nouveaux programmes du collège.
Les nouveaux programmes de « Langues et Culture de l’Antiquité » au collège viennent d’être publiés pour consultation sur le site Eduscol :
http://eduscol.education.fr/D0013/consult_LCA_college_2009.htm
– Une consultation nationale est organisée et un courrier officiel devrait parvenir à tous les collèges à la rentrée des vacances de pâques.
– Les enseignants de langues anciennes devront faire remonter leurs observations à la direction générale de l’enseignement scolaire selon un bref questionnaire qui sera joint à la lettre adressée aux chefs d’établissement (échéance 15 mai maximum).
Que faut-il retenir de ces nouveaux programmes ?
Préambule
– Les nouveaux programmes insistent tout d’abord sur le lien fort de ce nouvel intitulé « langues et cultures de l’Antiquité » au pilier « culture humaniste » du socle commun de connaissances et de compétences. Ils évoquent ensuite la dimension transdisciplinaire de l’enseignement des langues anciennes qui « rayonne […] vers les autres disciplines, scientifiques, historiques, linguistiques, artistiques ». Enfin, ils rappellent à de nombreuses reprises tout au long du document, le rôle que doit jouer l’apprentissage des langues anciennes dans la connaissance de la langue française et des langues étrangères et notamment européennes.
Langues et littératures de l’Antiquité
– Le texte recommande l’exploitation de tous types de médias dans la mesure où ils permettent de « remonter jusqu’aux textes anciens. »
– Il est toujours conseillé d’aborder les faits de langue et le lexique à partir des textes et en tenant compte de leur fréquence, mais on ajoute qu’ « un temps spécifique est […] réservé à l’apprentissage de la langue ». L’objectif étant certainement d’éviter l’écueil du cours de langues anciennes dénaturé en cours de civilisation antique seulement ponctué d’éléments de langue disparates. Un retour amorcé vers la leçon de grammaire ??? (cf. II. L’étude de la langue)
Cultures de l’Antiquité et histoire des arts
– Le cours de langues et cultures de l’Antiquité doit désormais intégrer « l’enseignement de l’histoire des arts, B.O. n°32 du 28 août 2008 » auquel il faudra accorder « une place privilégiée du cours de latin et de grec ».
– L’enseignant veillera à utiliser et faire utiliser des supports variés et notamment tous les outils et ressources TICE disponibles.
I. Lire, comprendre, traduire et commenter les textes
A. Lire et comprendre
– Piqûre de rappel : « la lecture des textes est un objectif majeur de l’enseignement du français »
– Nouveauté des instructions officielles, ces nouveaux programmes proposent des exemples de modes de présentation (texte décomposé en unités de sens simplifiées, texte appareillé avec groupes fonctionnels mis en évidence…, texte en alternance latin ou grec / français, textes bilingues avec présentation juxta/para-linéaire) pour lesquels on aura recours aux TICE, et de modes de lecture des textes (lecture orale, lecture collective et lecture silencieuse).
B. Traduire
– La traduction est présentée comme « une activité fondamentale du cours de latin et de grec ».
– On préconise « un usage judicieux du mot à mot » ainsi que la pratique des « comparaisons de traductions » aussi pertinentes pour la maîtrise de « la langue de départ » que de « la langue cible », le français. Des « ateliers de traduction » réguliers doivent, d’après les nouveaux programmes, permettre à la fois de produire des traductions personnelles de textes accessibles, mais aussi de manier les dictionnaires de latin, de grec et de français.
C. Commenter
– Le commentaire, initié par une problématique, doit accompagner la lecture et la traduction du texte et favoriser « la mise en écho des textes et des documents » notamment « en relation avec l’histoire des arts ».
II. L’étude de la langue
– Les nouveaux programmes rappellent que « les connaissances lexicales et grammaticales » ne sont pas une fin en soi mais « avant tout des outils de lecture ».
– La démarche adoptée doit être « réflexive » et conduire « de l’observation des faits de langue à leur compréhension, à leur mémorisation, puis à leur réinvestissement » indispensable.
– Plus grande liberté accordée aux professeurs dans ces nouveaux programmes qui admettent qu’ « en relation avec les textes étudiés et selon la nécessité pédagogique, le professeur peut privilégier dans une séance les apprentissages linguistiques systématiques et les exercices d’entraînement ou de manipulation lexicale ou grammaticale. »
– La proximité des langues anciennes avec les langues romanes et européennes est une nouvelle fois mise en avant.
A. Le lexique
– La « logique fréquentielle » du fond de vocabulaire nécessaire est bien sûr conservée de même que son apprentissage en contexte et / ou de manière thématique. La part belle est faite à la fois aux mots-outils structurant, mais aussi à l’étymologie et à la formation du vocabulaire (en latin ou grec comme en français) à l’aide des affixes ajoutés aux radicaux.
B. La grammaire
– Son apprentissage doit se faire lui aussi de manière fréquentielle et progressive, l’identification des groupes et des formes jouant dès le début de l’apprentissage un rôle majeur.
– L’attention des élèves doit être attirée sur la cohérence du système morphologique et syntaxique.
– Pour ce qui concerne la syntaxe, le professeur doit s’assurer « que les savoirs grammaticaux nécessaires sont maîtrisés en français » et y pourvoir le cas échéant.
III. Les thèmes et les textes
– Les nouveaux programmes recommandent l’élaboration d’ « au moins cinq séquences se complétant » et abordant « chacun des trois grands domaines (Histoire et vie de la cité, Vie privée, vie publique, Représentations du monde »).
– Cette répartition en trois grands domaines que l’on retrouve de la cinquième à la troisième a le mérite d’éviter l’écueil fréquent qui consiste à se concentrer essentiellement en cinquième et en quatrième sur la sphère privée et à n’aborder en troisième que ce qui relève de la vie publique ou politique, engendrant par là-même la lassitude des élèves de ce niveau.
– Plus grande liberté également dans le cadre du programme : « le professeur ne s’interdira pas de sortir du cadre du programme pour bâtir quelques séances en prenant appui sur l’actualité culturelle et le contexte local. », mais aussi dans le choix des textes « dont la liste n’est pas limitative », et dont le critère principal est la « facilité d’accès ». Le corpus ne se limite plus au latin dit classique, mais s’ouvre très largement à l’Antiquité dite « tardive » et même au latin qu’on appellera « moderne », notamment grâce à la nouvelle rubrique proposée par les programmes intitulée : « le latin après le latin : d’Erasme à Astérix » qui ouvre certainement la voie à des travaux très fructueux.
– Ces nouvelles instructions proposent enfin de nouveaux tableaux synthétiques très complets, et fort bien conçus présentant :
1°- les grands domaines et leurs thèmes d’étude et les textes à aborder de la cinquième à la troisième
2°- des propositions d’ouverture vers l’histoire des arts adaptées à ces domaines et thématiques
3°- une programmation pour l’étude de la langue distinguant les phases d’observation et de compréhension de celles de mémorisation et de réinvestissement.
4°- une liste des compétences attendues
5°- pour chaque niveau, une liste de textes (avec propositions d’extraits précisément référencés : chapitre, paragraphe, vers ou lignes…) pour chaque ensemble thématique, ainsi qu’une programmation grammaticale.