Que de datas collectés ! Pour la 8ème année consécutive, 810 000 élèves ont passé 2h devant un écran pour les évaluations nationales en français et en maths dès le mois de septembre. Les écarts entre les plus forts et les plus faibles se sont creusés depuis 2017 ainsi qu’entre le public et le privé sous contrat. De même que l’écart de score entre les enfants des parents ayant les IPS (indice de position sociale) les plus faibles et les plus forts a augmenté et passe de 42 à 48 depuis 2017. L’écart de performance grandissant entre les filles et les garçons est aussi notable.
Pour les mathématiques, les domaines testés restent les nombres et calculs, l’espace et la géométrie ainsi que les grandeurs. Des items sur la résolution de problème sont aussi prévus. « Ce test permet d’évaluer les capacités de résolution de problèmes travaillées au cours moyen », notent les 20 auteurs du rapport.
Le test de 2023 est identique à 2024
Le problème vient bien de la comparabilité et de la préparation possible aux tests par les enseignants. Les auteurs expliquent eux-mêmes : « Afin de pouvoir comparer les résultats des évaluations réalisées à plusieurs années d’intervalle, des items de l’évaluation initiale sont repris à l’identique dans la nouvelle évaluation. En 2024, l’évaluation de mathématiques a repris à l’identique les 62 items qui composaient le test de 2023 ».
Dans un long paragraphe, la DEPP explique sa méthodologie suivie pour établir des seuils censés faciliter la lecture des résultats. « La mise au point de tels indicateurs impose d’établir des scores seuils permettant de distinguer les trois groupes d’élèves ».
Les scores sont-ils comparables ?
« Lorsque les résultats sont présentés par discipline, les scores sont calculés à partir de modèles psychométriques. Une fois ces derniers calculés, ils sont transformés afin d’être adaptés à une échelle centrée en 250 et d’écart type 50, puis convertis sur l’échelle de la première évaluation nationale des élèves de sixième, réalisée en 2017. Les scores par discipline en sixième sont alors comparables », prévient la DEPP. En fait, les compétences sont notées…
Cependant « depuis 2022, afin de se rapprocher des standards internationaux (PISA, TIMSS) ainsi que de la méthodologie mobilisée lors des évaluations sur échantillon » via CEDRE : « il a été décidé de présenter la distribution des élèves dans six groupes selon les compétences maîtrisées ».
Des écarts qui se creusent
En maths, une stabilité est remarquée d’après les résultats. « Cette stabilité se traduit par des proportions d’élèves dans les groupes de performance inchangées : en 2024 comme en 2023, 32,2 % des élèves appartiennent aux groupes les moins performants (groupes 1 et 2) et 32,0 % aux groupes les plus performants (groupes 5 et 6) ».
Les écarts se creusent entre les plus forts et les plus faibles depuis 2017. « Sur la période 2017-2024, le score moyen en mathématiques augmente de 4 points. Cette hausse se répercute sur la proportion d’élèves dans les groupes les plus performants qui augmente de 3,8 points entre ces deux années. Entre 2017 et 2024, la part des élèves dans les groupes les moins performants augmente néanmoins également, passant de 30,8 % à 32,2 % (+ 1,4 point) ».
Si l’on se fie aux résultats, une hausse de 2 points est notable en REP+ ces deux dernières années soit un score de 220. Mais la différence est énorme avec le privé sous contrat qui culmine à un score de 270. « Les élèves accueillis dans les établissements appartenant à un REP+ ont des difficultés particulièrement marquées : 60,0 % appartiennent aux groupes les moins performants, soit 28,9 points de plus que ceux scolarisés dans le secteur public hors éducation prioritaire ».
Les auteurs remarquent aussi que « la hausse est cependant plus marquée dans les établissements du secteur privé sous contrat (+ 6 points) ».
« Des disparités de maîtrise sont très marquées selon le profil social »
La DEPP rappelle d’ailleurs que « les résultats doivent être mis en regard de la structure sociale des publics accueillis ». On retiendra la tendance générale. En effet, l’écart de score entre les enfants des parents ayant les IPS (indice de position sociale) les plus faibles et les plus forts a augmenté et passe de 42 à 48 depuis 2017.
« Comme observé en français, mais de façon plus prononcée, les disparités de maîtrise sont très marquées selon le profil social de l’établissement. Ce sont les établissements les plus favorisés qui connaissent la plus forte hausse des performances depuis 2017 : + 9 points pour les collèges ».
Des écarts sont aussi notables entre les sexes. « Sur la période 2017-2024, alors que le score moyen des filles reste stable, celui des garçons augmente de 7 points. Les écarts se creusent donc entre ces deux temps de mesure ». A ce sujet, on pourra relire les observations faites lors de cette conférence sur la place des filles en maths. « Ce n’est pas une histoire de cerveau mais une histoire de représentation ! », expliquait alors Véronique Chauveau. D’ailleurs, une question subsidiaire aux évaluations indique que « les filles montrent une confiance moins importante que les garçons ». Enfin, « les élèves scolarisés dans le secteur privé sous contrat se déclarent plus confiants que ceux des autres secteurs », indiquent les auteurs.
Enfin, l’enquête révèle que seul « un tiers des enseignants déclare que ces évaluations sont susceptibles d’avoir une influence sur leurs pratiques dans l’accompagnement des élèves ».
Julien Cabioch
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Français : stabilité dans les inégalités pour les évaluations nationales du 2nd degré
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