Dans son essai Désirer la violence, Ce(ux) que la pop culture nous apprend à aimer, l’autrice Chloé Thibaud, journaliste indépendante spécialiste des sujets culture et société, chausse des lunettes féministes pour revisionner nombre de séries et films qui l’ont accompagnée durant son adolescence, et en questionner les figures récurrentes et schémas « balisés » sexistes.
Comment en vient-on à adhérer, sans s’en rendre compte, à cette culture télévisuelle et cinématographique qui euphémise les « baisers volés », romantise le harcèlement, banalise les gifles, occulte les féminicides, ou rend désirable une masculinité hégémonique toxique ? Et comment en vient-on, finalement, par « normaliser dans la vie » aussi cette culture de la violence et de la domination ?
S’appuyant sur le décryptage de nombreux exemples, ainsi que sur des analyses de spécialistes et témoignages d’acteurs·trices ou cinéastes – on retiendra, notamment, un échange passionnant avec Cédric Klapish à propos de L’Auberge espagnole – l’autrice avance pas à pas dans la déconstruction de séquences et figures célèbres, parfois même célébrées, et pourtant porteuses d’une violence insidieuse.
De Friends à Gossip girl, Kill Bill à Indiana Jones, en passant, entre autres, par Grease, N’oublie jamais ou encore La Boum, Chloé Thibaud, quitte à passer pour « casseuse d’ambiance », nous invite à nous interroger et à prendre conscience du pouvoir d’images qui ont nourri notre imaginaire. Il ne s’agit pas ici de les effacer, mais plutôt d’apprendre à les « défaire », à porter sur elles un regard renouvelé, moins « flou », afin de « fournir quelques remèdes » aux dégâts qu’elles peuvent produire.
Un essai « percutant et stimulant », riche de ressources à exploiter avec des élèves, notamment dans le cadre de l’éducation à l’image, et à la vie sexuelle et affective.
Claire Berest
Désirer la violence, Ce(ux) que la pop culture nous apprend à aimer, Chloé Thibaud. Editions Hachette. Collection Les Insolentes.
ISBN 2017255807