Dans sa dernière note, la DEPP – Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, revient sur les signalements d’incidents graves dans les écoles, collèges et lycées publics et privés sous contrat. « Au cours de l’année scolaire 2022-2023, les chefs d’établissement du second degré des secteurs public et privé sous contrat ont déclaré en moyenne 13,7 incidents graves pour 1 000 élèves (15,8 pour 1000 en collège et 5,1 dans tous les lycées confondus) » indique-t-elle. « Dans les écoles publiques, les incidents sont moins fréquents (…) Aucun incident grave n’est déclaré pour huit écoles publiques sur dix et dans un établissement du second degré sur trois. La violence en milieu scolaire se manifeste principalement par des atteintes verbales aux personnes.
Dans les écoles publiques, les écoliers sont impliqués comme auteurs dans 61 % des incidents graves déclarés par les IEN et les familles dans 30 % des cas. Dans le second degré, les collégiens et lycéens sont impliqués dans 93 % des incidents graves déclarés par les chefs d’établissement ».
Dans le second degré, les déclarations d’incidents sont plus élevées que dans le premier. 13,7 pour 1000 contre 4,6 en école primaire. « Aucun incident grave n’est déclaré pour huit écoles publiques sur dix et dans un établissement du second degré sur trois ».
Outre le type d’établissement, l’absence d’incident grave dépend également du profil social du collège ou du lycée. « De fait, à type d’établissement donné, l’absence d’incident grave est plus répandue dans les établissements socialement favorisés. Ainsi 56 % des établissements socialement favorisés ne déclarent pas d’incident grave contre 11 % parmi les établissements socialement défavorisés », indique le service statistique du ministère.
Les types d’incidents
En premier lieu, les incidents déclarés par les IEN et les chefs d’établissements sont des atteintes aux personnes, impliquant donc un auteur et une victime. « Au cours de l’année scolaire 2022- 2023, les atteintes aux personnes représentent 89 % des incidents graves dans les écoles publiques et 77 % dans le second degré ».
Dans le second degré public et privé sous contrat et dans les écoles publiques, les violences verbales comptent pour environ la moitié des atteintes aux personnes. Quant aux violences physiques, elles représentent 40 % du total dans les écoles, et 24% dans les collèges et lycées. « Dans les écoles publiques, la part des atteintes aux personnes augmente de 2 points de pourcentage, passant de 87 % en 2021-2022 à 89 % en 2022-2023, une augmentation essentiellement liée à celle des violences physiques. En revanche, dans les collèges et les lycées, la part des atteintes aux personnes est stable, violences verbales comme violences physiques ».
Avec 5 % de l’ensemble des incidents graves dans le second degré et 3 % de ceux commis dans les écoles, les atteintes aux biens tels que les vols, les dommages aux biens personnels, aux locaux ou au matériel sont nettement moins fréquentes que les atteintes aux personnes.
« 18 % des incidents graves en milieu scolaire déclarés par les principaux de collège et proviseurs de lycée et 8 % de ceux déclarés par les IEN dans les écoles publiques sont relatifs à des atteintes à la sécurité autour de conduites à risque ou d’agissements illégaux n’engageant pas de victime », explique la DEPP.
Les atteintes à la laïcité représentent 3 % des incidents graves dans le premier degré comme dans le second degré. « 8 % de l’ensemble des incidents graves commis dans les collèges et les lycées et 3 % de ceux commis dans les écoles publiques sont motivés par le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie ou l’homophobie ».
Les auteurs, majoritairement des élèves
« Pour 100 incidents graves, 93 sont commis par des élèves ou groupes d’élèves dans les collèges et lycées et 61 dans les écoles ». Spécificité des écoles publiques, la place des violences commises par les familles d’élèves, elle représente 30 incidents sur 100 selon les IEN, pour « seulement » 3 incidents sur 100 concernent les familles dans les collèges et les lycées.
Dans le premier degré, les victimes des violences sont en premier lieu les personnels enseignants. 52 % des incidents sont commis envers des personnels enseignants et 27 % envers des élèves ou des groupes d’élèves. Au collège et au lycée, les élèves ou groupes d’élèves sont impliqués en tant que victimes dans 43 % des incidents graves, et les personnels enseignants dans 27 % des cas. « La part importante de personnels victimes de violence tient en partie au mode de collecte de l’enquête Sivis » tempère le service statistique. « En particulier, une insulte non caractérisée sera considérée comme grave si elle est proférée envers un membre du personnel alors qu’elle ne le sera pas si elle concerne uniquement des élèves ».
Lilia Ben Hamouda