Selon une récente étude de la Depp – Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, les élèves se différencient non seulement par leur niveau d’acquis, mais aussi par leur gestion du temps de travail en dehors de la classe. Les résultats montrent que les élèves aux acquis les plus élevés se distinguent principalement par un investissement plus important pendant le week-end et le mercredi après-midi.
L’étude révèle que la proportion d’élèves de collège travaillant régulièrement pendant le week-end passe de 67 % parmi les élèves les moins performants à 92 % parmi les meilleurs élèves. De même, pour les élèves qui travaillent le mercredi, la proportion augmente de 60 % à 84 % en fonction du niveau d’acquis. Ces différences de temps de travail ne sont pas nécessairement liées à la disponibilité des jeunes en dehors du collège. Au contraire, les élèves qui travaillent le plus sont souvent ceux qui participent le plus aux activités de loisir, qu’elles soient sportives ou culturelles.
Par ailleurs, les meilleurs élèves ont tendance à planifier leur temps de travail de manière plus rigoureuse. Les résultats indiquent que 93 % d’entre eux travaillent régulièrement à des moments fixes de la journée, tandis que cette proportion s’élève à 79 % parmi les élèves les moins performants.
En ce qui concerne les méthodes de travail, la consultation de sites internet pour s’informer est la pratique la plus discriminante. Elle est nettement plus fréquente chez les élèves appartenant au premier décile et diminue à mesure que le niveau d’acquis augmente. En revanche, la méthode consistant à apprendre les cours par cœur est plus fréquente chez les élèves ayant un meilleur niveau d’acquis.
L’autonomie des élèves semble également liée à leur niveau scolaire, notamment lorsque les jeunes font partie des 50 % meilleurs élèves. La proportion d’élèves ne recevant aucune aide régulière de leur entourage augmente avec leur niveau d’acquis, passant de 28 % parmi les élèves du cinquième décile à 41 % parmi les élèves du dernier décile. De même, le recours aux cours payants est deux fois moins fréquent chez les meilleurs élèves, ce qui suggère une motivation principalement axée sur le rattrapage scolaire. Les meilleurs élèves ont tendance à s’engager plus souvent dans leur travail de leur propre initiative (86 % contre 55 % parmi les moins performants).
Origine sociale et temps de travail à la maison
L’origine sociale des collégien a peu d’influence sur leur temps de travail ou leur autonomie, à niveau scolaire équivalent note la Depp. Cependant, le temps consacré au travail scolaire en dehors de la classe est lié à l’origine sociale, notamment pour les enfants d’ouvriers ou d’inactifs. En effet, seuls 9 % des enfants de cadres et de chefs d’entreprise et 10 % des enfants de professions intermédiaires consacrent moins de 2 heures par semaine à leurs devoirs, contre respectivement 16 % et 21 % chez les enfants d’ouvriers ou d’inactifs. Les enfants d’agriculteurs et de professions intermédiaires sont ceux qui consacrent le plus de temps à leur travail.
Par ailleurs, le niveau de diplôme des parents joue un rôle dans le temps de travail des jeunes. La fréquence d’un temps consacré au travail scolaire entre 5 et 6 heures par semaine augmente avec le niveau de diplôme des parents.
Les différences selon l’origine sociale sont plus marquées lorsqu’il s’agit de l’aide régulière reçue par les élèves pour travailler en dehors de la classe. L’aide provenant des pères est nettement plus fréquente chez les enfants de cadres et de chefs d’entreprise que chez les enfants d’ouvriers ou d’inactifs. En revanche, l’écart est moins significatif en ce qui concerne l’aide des mères, bien que les mères qui continuent à aider soient généralement plus diplômées. Même en tenant compte du niveau de diplôme des parents, les différences d’origine sociale ont toujours un impact sur l’aide fournie par les pères, contrairement à l’aide des mères.
Le service statistique du ministère relève aussi que les enfants d’origine sociale moins favorisée trouvent plus souvent de l’aide auprès de leurs frères et sœurs ou d’autres personnes que les enfants issus de milieux plus favorisés. Cependant, ces résultats s’expliquent en grande partie par d’autres caractéristiques, telles que le nombre de frères et sœurs ou le fait de vivre dans une famille recomposée.
Le recours aux cours payants ou aux dispositifs de Devoirs Faits est fortement lié à l’origine sociale souligne la Depp. « Les enfants de cadres et de chefs d’entreprise sont deux fois plus nombreux à bénéficier de cours payants que les enfants d’ouvriers non qualifiés qui bénéficient quant le plus du dispositif Devoirs Faits (33% contre 13 pour les enfants de cadres).
Lilia Ben Hamouda