La scolarité obligatoire dès trois ans de tous les enfants n’aura eu aucun effet sur la réussite des élèves mais aura été un beau cadeau pour l’école privé écrit Paul Devin dans un article.
Analysant le rapport de l’Assemblée nationale sur l’évaluation de la loi Blanquer, Pau Devin propose un focus intéressant sur les effets de la scolarisation obligatoire dès trois ans. « L’exposé des motifs de la loi considérait que cette obligation scolaire permettrait une acquisition précoce des savoirs fondamentaux qui garantirait l’égalité notamment par ses effets sur l’acquisition de la langue et plus globalement en déplaçant les apprentissages pour les installer plus précocement dans le parcours scolaire de l’élève » écrit -il.
96,6% des enfants de 3 ans étaient scolarisés avant la loi Blanquer. En 2020, c’est toujours le cas. À Mayotte, où le taux est relativement bas, 72%, il faudrait 1200 salles de classe supplémentaires a affirmé le recteur lors de son audition par la commission. La situation ne s’est pas améliorée malgré la loi. En Guyane, où la encore le taux est plus bas qu’au niveau national, les chiffres restent incertains « mais si une amélioration de la situation pour l’école maternelle peut être constatée, elle s’était engagée avant la loi de 2019 et est due à la croissance du nombre de classes ».
« Le projet de loi voulait combattre « l’assiduité irrégulière des élèves durant la journée ». Mais encore aurait-il fallu distinguer ce qui produisait cette irrégularité » écrit l’ancien secrétaire général du SUI FSU (syndicat des IEN) qui rappelle que ces adaptations étaient souvent le fait des besoins physiologiques des jeunes enfants mais aussi des conditions d’accueil de la sieste dans les écoles. «Là encore on peut douter d’un effet réel sur la réussite des élèves ».
Sur le financement des établissements privés, Paul Devin évoque l’opacité des ces derniers. « Le rapport montre la complexité de son attribution… Un des effets majeurs de la loi Blanquer aura été d’élargir le financement de l’enseignement privé. Le peu de transparence de cette mesure n’a pas permis aux rapporteurs d’en mesurer le coût ».
Il en conclut que « la scolarité obligatoire à 3 ans n’a pas d’effet sur la démocratisation de la réussite scolaire, mais a permis d’augmenter le financement public de l’école privée. Le bilan dressé par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale était parfaitement prévisible et la majorité des analyses syndicales avaient exprimé ce risque dès le projet de loi ».