Le nouveau bilan de la procédure Affelnet lycée, mise en place depuis deux ans dans l’académie de Paris, montre de nets progrès en matière de mixité sociale et scolaire. Pour autant les quartiers les plus bourgeois restent à l’abri de ce mouvement. Et le rectorat continue à entretenir la fuite des plus favorisés par le jeu des options…
Un réel progrès moyen…
« La nouvelle sectorisation des lycées et l’instauration d’un bonus tenant compte de l’indice de position sociale du collège d’origine ont permis de faire progresser très significativement la mixité sociale et scolaire dans les lycées généraux et technologiques publics de la capitale« , écrivent Pauline Charousset et Julien Grenet dans un nouveau bilan de la réforme d’Affelnet-lycée à Paris. En deux ans la ségrégation sociale et scolaire a reculé nettement dans la capitale. Pour autant elle est loin d’avoir disparu.
Les quartiers bourgeois à l’abri…
« Si des établissements réputés comme Chaptal, Charlemagne ou Condorcet ont vu leur composition sociale et scolaire se rapprocher sensiblement de la moyenne, tandis qu’à l’inverse, des lycées historiquement moins cotés comme Henri Bergson, Edgard Quinet ou Voltaire ont connu une augmentation spectaculaire de leur IPS moyen et du niveau scolaire des admis, les évolutions sont restées plus timides dans d’autres lycées. C’est le cas notamment de la plupart des établissements socialement favorisés de l’Ouest parisien, dont la composition sociale n’a que peu bougé. Pour que la mixité sociale progresse dans ces établissements, il semble nécessaire que leurs secteurs de recrutement soient modifiés pour y associer des collèges plus divers socialement », écrivent P Charousset et J Grenet.
L’évitement scolaire préservé pour les plus privilégiés
« Un second frein à la mixité provient du fait qu’un nombre non négligeable de formations proposées dans les lycées publics (sections internationales, orientales et binationales, parcours artistiques, sections sportives, etc.) continuent de recruter leurs élèves selon des critères propres qui ne font pas intervenir d’objectif explicite de mixité sociale et géographique« . Enfin, « le fait que les lycées privés ne soient pas intégrés à la procédure Affelnet constitue sans doute l’obstacle le plus sérieux au renforcement de la mixité sociale et scolaire dans les lycées de la capitale. Alors que les lycées publics accueillaient en moyenne 50% d’élèves de catégories sociales très favorisées à la rentrée 2022, cette proportion atteignait 78% dans les lycées privés (qui scolarisent 41% des élèves de seconde GT)« . Pour les auteurs, « bien que la réforme d’Affelnet ait permis de réduire de 30 à 40% les niveaux de ségrégation sociale et scolaire dans les lycées publics, cette réduction n’a été que de 15 à 20% à l’échelle de l’ensemble des lycées parisiens, qui restent les plus ségrégués de France« . On retrouve dans ce nouveau bilan les mêmes limites que dans le bilan de l’année dernière. La déségragation touche les établissements populaires et des classes moyennes. Les bastions les plus bourgeois de Paris restent à l’abri (16ème et 7ème par exemple). Enfin le rectorat ne produit pas les efforts nécessaires pour limiter la fuite des familles via les options ou le privé.
François Jarraud