« Là ils sont au cœur des débats ». Professeure de lettres- histoire-géographie au lycée Léon Blum de Créteil, Marine Sanz a fait revivre à sa classe de première professionnelle « métiers de la vente » le débat de 1905 sur la loi de séparation. Un passage par le passé pour donner sens à la laïcité aujourd’hui.
Rectifier le tir
« Nos élèves ont une image liberticide et discriminante de la laïcité ». Martine Sanz ajoute tout de suite : « Il est de notre devoir de rectifier le tir ». Pour « rectifier le tir » elle choisit d’aller vers les représentations erronées des élèves pour les déconstruire.
Avec ses collègues d’éco-droit, Mmes Ould Slimane et Loussaief, elle a eu l’opportunité d’emmener ses élèves de première professionnelle mercatique vente sur les traces de la loi de 1905 en les faisant participer à une reconstitution du débat à l’Assemblée nationale.
Après un travail sur l’argumentaire des acteurs de la loi, « on sort de la classe on va entendre le débat ». Assis dans l’hémicycle de l’Assemblée, les élèves découvrent ainsi la variété des points de vue et les différents amendements proposés mors d’une reconstitution jouée par des comédiens.
Par la mise en débat
« Tout de suite ils ont vu que l’islam n’est pas visé par la loi de 1905 », explique M Sanz. Une découverte qui lève déjà de nombreux contresens. Surtout Martine Sanz et ses collègues accueillent la parole de leurs élèves. C’est pour eux une étape nécessaire au travail éducatif et à la déconstruction de leur vision. « Nos élèves sont francs. Ils disent que la laïcité les empêche de pratiquer leur religion. Au lieu d’être une valeur à défendre, pour eux c’est une valeur à combattre. On va tout de suite à l’essentiel avec eux ».
La laïcité se retrouve ainsi mise en débat, à l’Assemblée puis en classe. Les professeurs d’éco droit expliquent la législation. « Mon travail c’est de mettre en contexte , de rendre compréhensibles les arguments des acteurs de la loi », explique M Sanz.
Cela suffit il à changer toutes les représentations ? « J’ai constaté l’ampleur du contresens chez les élèves », dit M Sanz. « Il faut vraiment enseigner la laïcité au lycée pour récupérer cela ». Le débat et l’écoute des élèves permet au moins de les amener à argumenter et à avoir une vision plus savante et plus fine de la laïcité. « Une élève m’a dit : « je comprends et respecte la loi. La laïcité me permet la liberté de conscience. Mais je ne suis pas d’accord sur la loi de 2004 ». Au moins elle a un point de vue nuancé et argumenté. Le débat de 1905 reste très contemporain.
Propos recueillis par F Jarraud